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Gaza: bombardements à Rafah, après la prise de contrôle par Israël d’une zone tampon

Gaza: bombardements à Rafah, après la prise de contrôle par Israël d’une zone tampon

Des habitants de Rafah ont fait état de bombardements à l’artillerie et de tirs intenses jeudi dans cette ville du sud de la bande de Gaza où l’armée israélienne a annoncé contrôler une zone tampon stratégique entre le territoire palestinien et l’Egypte.

Le conseiller israélien à la sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, a affirmé mercredi que la guerre entre son pays et le Hamas pourrait se poursuivre « encore sept mois », afin d’atteindre l’objectif de détruire le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et auteur le 7 octobre d’une attaque sans précédent en Israël.

En dépit de l’indignation internationale soulevée par un bombardement meurtrier dimanche d’un camp de déplacés à Rafah, l’armée israélienne poursuit ses frappes et son offensive terrestre dans la ville surpeuplée du sud de la bande de Gaza, lancée le 7 mai pour éliminer les derniers bataillons du Hamas, selon elle.

Après avoir débuté des opérations dans l’est de la ville, elle a progressé vers l’ouest, entraînant l’exode en trois semaines d’environ un million de personnes, selon l’ONU, pour la plupart des déplacés à nouveau sur les routes vers des zones déjà surpeuplées du territoire assiégé.

L’armée israélienne a dit jeudi avoir visé 50 cibles à travers la bande de Gaza ces derniers jours.

Des tirs d’artillerie ont eu lieu à Zeitoun, dans le sud-est de Gaza-ville (nord), selon des journalistes de l’AFP. Et les forces israéliennes ont visé Beit Layia et le camp de Jabalia, selon des témoins. L’armée a dit que ses hommes avaient essuyé une attaque à Jabalia, précisant qu’un avion avait frappé des combattants, en tuant deux.

Dans le centre de la bande de Gaza, des Palestiniens enterraient des proches tués dans une frappe nocturne à Nousseirat, selon un journaliste de l’AFP. Et des enfants regardaient des amas de gravats d’un bâtiment desquels certains tentaient de récupérer quelques objets.

A Rafah, des témoins ont fait état de bombardements intenses par l’artillerie et de tirs dans le centre et l’ouest. Des frappes ont aussi touché le secteur de Tel Zareb (ouest). Un journaliste de l’AFP a fait état de la fuite de nombreuses personnes du secteur ouest, où au moins quatre corps ont été emmenés à l’hôpital Nasser après un bombardement, selon cet établissement.

L’armée a annoncé mercredi soir avoir pris le contrôle « ces derniers jours » du couloir de Philadelphie, une zone tampon de 14 kilomètres de long qui borde la frontière égyptienne le long du sud de la bande de Gaza, près de Rafah.

« Le couloir de Philadelphie servait de tuyau d’oxygène au Hamas, par lequel il faisait transiter régulièrement des armes vers la bande de Gaza », a déclaré le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari.

Il a ajouté que l’armée avait « découvert une infrastructure terroriste souterraine sophistiquée à l’est de Rafah d’une longueur d’un kilomètre et demi à une centaine de mètres du passage » entre l’Egypte et la bande de Gaza.

L’Egypte a démenti l’existence de tunnels sous la frontière, affirmant qu’Israël cherchait ainsi à justifier son offensive à Rafah.

Le Caire et Israël se renvoient par ailleurs la responsabilité du blocage de l’acheminement de l’aide humanitaire par le poste-frontière de Rafah, seul point de passage entre le territoire palestinien et l’Egypte, depuis que l’armée israélienne en a pris le contrôle, côté palestinien, début mai.

Ce point de passage est crucial pour l’entrée de l’aide dont la population de la bande de Gaza, dévastée par bientôt huit mois de guerre, a désespérément besoin, alors que l’ONU et des ONG mettent régulièrement en garde contre un risque de famine dans le territoire, où des produits entrent au compte-goutte via d’autres passages.

Le ministère de la Santé de Gaza a en outre appelé jeudi à l’ouverture de tous les points de passage, notamment pour « faciliter l’évacuation des malades et blessés ».

L’attaque du 7 octobre en Israël a entraîné la mort de plus de 1.189 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte réalisé par l’AFP à partir des dernières données officielles disponibles.

Sur les 252 personnes emmenées comme otages pendant l’attaque, 121 sont toujours retenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l’armée.

En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l’Union européenne, et a lancé une offensive qui a fait jusqu’ici 36.224 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé de l’administration du Hamas.

La guerre a déplacé la majorité des quelque 2,4 millions d’habitants de Gaza et provoqué une catastrophe humanitaire majeure.

A Pékin pour un forum réunissant la Chine et des pays arabes, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a appelé jeudi à empêcher tout déplacement de Gazaouis « par la force ». Le président chinois, Xi Jinping, a plaidé pour l’organisation d’une « conférence de paix élargie » pour mettre fin au conflit, affirmant que la justice ne devait « pas être absente pour toujours ».