M. Adghoghi, qui a prononcé une conférence à l’occasion de la célébration de la Journée de l’Afrique au siège du ministère brésilien des Affaires étrangères, a salué cette initiative du président brésilien ainsi que la priorité accordée à ce sujet par la présidence brésilienne du G20, ce qui ouvre la voie à «un partenariat pionnier et ambitieux» entre l’Afrique et le Brésil dans les domaines de la sécurité alimentaire, de la lutte contre la faim, de l’agriculture durable et de l’économie solidaire.
«L’initiative du président Lula, a poursuivi l’ambassadeur du Maroc, converge parfaitement, dans sa philosophie et ses objectifs, avec la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dont la politique africaine a toujours fait de la sécurité alimentaire une priorité stratégique».
«Dans son approche pragmatique, elle converge avec la priorité du développement humain, qui guide et oriente toutes les actions et initiatives entreprises par Sa Majesté le Roi en Afrique», a expliqué le diplomate marocain.
M. Adghoghi a évoqué, dans ce contexte, les défis de l’agriculture africaine qui permettent d’identifier objectivement les scénarios que l’Afrique et le Brésil pourraient mettre conjointement en œuvre, afin de garantir la sécurité alimentaire du continent.
L’ambassadeur du Maroc s’est attardé sur les données démographiques de l’Afrique et les besoins croissants de sa population qui dénotent «l’énorme défi que la sécurité alimentaire représentera pour l’Afrique d’ici 2050».
Il a déploré que 85% de la nourriture en Afrique continue d’être importée et que l’agriculture africaine demeure la moins productive du monde, en plus des problèmes de la sous-alimentation et des conséquences du changement climatique.
La combinaison des données démographiques et du faible rendement de l’agriculture fait que «le déficit commercial de l’Afrique pour les principaux produits alimentaires devrait augmenter au cours de la prochaine décennie».
Toutefois, a fait observer M. Adghoghi, « face à cette situation très difficile, l’Afrique ne reste pas immobile (…) elle prend de plus en plus conscience que le moment est venu de penser à nourrir l’Afrique et d’adopter une politique garantissant la sécurité alimentaire de sa population ».
Il rappelle dans ce contexte la tenue à Rabat (18-20 avril 2024) de la 33ème Conférence régionale de la FAO pour l’Afrique (ARC33), qui a examiné les stratégies d’adaptation de l’agriculture africaine et les défis à relever face aux changements climatiques et au stress hydrique.
Plus récemment, Nairobi a abrité le Sommet africain sur les engrais et la santé des sols (7-9 mai), qui a mis l’accent sur «le rôle crucial des engrais dans la croissance durable de l’agriculture africaine» et adopté un plan d’action pour les engrais et la santé des sols en Afrique.
A cette occasion, a rappelé l’ambassadeur, «le Royaume du Maroc a réitéré son engagement à partager son expérience et ses connaissances dans le domaine des engrais et de la santé des sols avec les pays africains, en proposant la réalisation de quatre projets structurants», à savoir la création d’un Consortium africain pour l’innovation en agriculture, la mise en place d’un programme panafricain de formation à la gestion des terres, d’une initiative de financement des infrastructures agricoles vertes et d’un Observatoire africain de données et d’analyses des sols.
Revenant sur deux initiatives majeures lancées par le Maroc en marge de la COP 22 à Marrakech (novembre 2016), M. Adghoghi a précisé que l’initiative AAA, qui rassemble notamment 33 Etats africains et 10 des principaux donateurs multilatéraux et bilatéraux, a abouti à la conclusion de 7 accords avec la Banque mondiale pour développer des projets agricoles résilients dans 7 pays africains.
Quant à l’initiative «3S», lancée en 2016, elle vise à soutenir la durabilité, la stabilité et la sécurité en Afrique et à favoriser les programmes d’alerte précoce, la cartographie des points critiques de dégradation des sols, les mouvements de population et migratoires et la localisation de nouvelles routes de transhumance.
De même, le Maroc a commencé en 2016 à partager son expérience et ses bonnes pratiques avec les pays africains.
Dans ce contexte, l’Office chérifien des phosphates (OCP) a consolidé sa présence en Afrique, en ouvrant 12 représentations à travers le continent et en renforçant la production et la distribution d’engrais, à travers le lancement de 8 projets industriels en Afrique, dont 3 plateformes de stockage et de mélange.
Dans la foulée, l’OCP est devenu le principal fournisseur d’engrais en Afrique, mais aussi le principal fournisseur de savoir-faire agricole en Afrique, notamment à travers des laboratoires mobiles déployés dans plusieurs pays du continent, a noté l’ambassadeur du Maroc.
De plus, en octobre 2023, le Groupe OCP et la Banque mondiale ont annoncé un partenariat qui devrait changer la donne pour les agriculteurs d’Afrique de l’Ouest et du Sahel.
Ce partenariat comprend des programmes destinés à aider 5 millions d’agriculteurs au Bénin, en Guinée, au Mali et au Togo, couvrant une superficie de 10 millions d’hectares. Il vise à accélérer les investissements pour rendre les engrais plus accessibles et plus économiques pour les agriculteurs.
M. Adghoghi a, par ailleurs, salué le «modèle de réussite» brésilien en matière de développement de l’agro-industrie depuis les années 70, qui a permis à ce pays de passer d’un «importateur net de produits alimentaires, à l’un des plus grands exportateurs mondiaux de céréales, de viande et de produits forestiers».
Grâce à la technologie, a poursuivi le diplomate marocain «le Brésil a réussi à augmenter sa production céréalière de 400% au cours des 40 dernières années, tandis que la superficie cultivée a augmenté d’un peu plus de 40%».
En ce qui concerne l’Afrique, le Brésil a réalisé, au cours des 20 dernières années, plus de 700 projets de coopération technique avec plusieurs pays africains, dans différents domaines, principalement dans le secteur de l’agriculture et de la sécurité alimentaire.
En somme, les perspectives de coopération entre les Africains et les Brésiliens s’annoncent prometteuses et devraient promouvoir un partenariat solide et concret en matière de sécurité alimentaire, a conclu l’ambassadeur du Maroc.