Le président russe Vladimir Poutine a justifié vendredi cette offensive en affirmant répliquer aux frappes ukrainiennes des derniers mois en territoire russe. Selon lui, ses forces avancent « comme prévu ».
Mais l’Ukraine a encore lancé, selon Moscou, une centaine de drones d’attaques contre plusieurs régions russes et la péninsule ukrainienne occupée de Crimée, faisant deux morts et entraînant des coupures de courant et des incendies d’infrastructures énergétiques russes.
Le gouverneur de la région de Kharkiv, Oleg Synegoubov a indiqué lors d’un briefing que les forces ukrainiennes n’étaient pas parvenues jusqu’ici à arrêter l’adversaire.
« L’ennemi a commencé à détruire Vovtchansk, en utilisant chars et artillerie. Ce n’est pas juste dangereux d’être là-bas, c’est pratiquement impossible », a-t-il dit.
Quelque 200 civils restent sur place, d’après la même source, alors que la ville, située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale régionale Kharkiv, comptait quelque 18.000 habitants avant-guerre.
L’armée russe a souvent fini par détruire les villes ukrainiennes pour les conquérir, à l’instar de Bakhmout l’an passé ou Avdiïvka en février, en recourant à des bombardements massifs pour en chasser les défenseurs.
Un peu plus l’ouest, les forces russes ont progressé sur leur deuxième axe d’assaut dans la région. Elles visent le village de Loukiantsi, pour ouvrir la voie vers Lyptsi, autre localité sur la route de Kharkiv.
« Les hostilités continuent à Loukiantsi. Oui, il y a une avancée de l’ennemi dans cette localité. Mais nos soldats essayent d’encore tenir cette localité et de détruire les forces de l’occupant », a-t-il dit.
Le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky, a lui indiqué sur Telegram que les forces russes avaient « étendu la zone active de combats de 70 kilomètres ».
« Nous devons empêcher toute avancée supplémentaire », a-t-il insisté, jurant d’user de « frappes aériennes, de missiles, d’artillerie, de chars pour infliger le maximum de pertes ».
La Russie a lancé le 10 mai une offensive surprise par le nord de l’Ukraine, étendant le front au moment même où l’Ukraine était sur la défensive dans l’Est et le Sud, sur fond de pénurie d’hommes et de munitions.
Au total, quelque 9.300 civils ont été évacués. Kiev accuse cependant Moscou d’utiliser des civils comme « boucliers humains » à Vovtchansk et d’avoir commis, au moins, une exécution sommaire.
Moscou a engrangé ses plus importants gains territoriaux depuis fin 2022, avec quelque 257 km2 conquis dans la seule région de Kharkiv, selon une analyse jeudi de l’AFP à partir de données fournies par l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW).
Le président Poutine a justifié vendredi l’attaque par la nécessité de créer une zone tampon pour empêcher les forces ukrainiennes de frapper la région voisine russe de Belgorod, alors même que Kiev a commencé à bombarder le territoire russe en réponse aux multiples attaques qui endeuillent quotidiennement villes et villages ukrainiens depuis plus de deux ans.
« J’avais dit publiquement que si cela continuait, nous serions contraints de créer une zone de sécurité, une zone sanitaire. C’est ce que nous faisons », a-t-il déclaré, lors d’une conférence de presse depuis Harbin, en Chine, où il est en visite.
Il a démenti viser la prise de Kharkiv, deuxième ville du pays que l’armée russe avait échoué à conquérir en 2022. « En ce qui concerne (la conquête, NDLR) de Kharkiv, nous n’avons pas ce projet à l’heure actuelle », a déclaré celui qui avait également nié prévoir une invasion de l’Ukraine.
Enfin, il a affirmé que ses troupes progressaient « chaque jour » et « comme prévu ».
Par ailleurs, les autorités russes ont dit avoir fait face à une attaque d’une centaine de drones depuis l’Ukraine dans la nuit de jeudi à vendredi.
Le gouverneur de la région de Belgorod, frontalière de l’Ukraine, a annoncé pendant la nuit la mort d’une mère et de son enfant de quatre ans lors d’une attaque ayant touché le village d’Oktiabrski.
Dans la région de Krasnodar (sud-ouest), les autorités locales ont affirmé sur Telegram que deux drones ukrainiens avaient frappé et incendié une raffinerie à Touapsé, au bord de la mer Noire, sans faire de victimes. Dans cette même région, des « infrastructures civiles » ont été touchées et pris feu à Novorossiïsk, grand port sur la mer Noire, selon le gouverneur.
En Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014 par la Russie, la ville de Sébastopol, quartier général de la flotte russe en mer Noire, a été en partie privée de courant car une sous-station électrique a été endommagée, selon les autorités locales.
Une source au sein de la Défense ukrainienne a confirmé à l’AFP que ces frappes avaient été menées par le SBU et le GUR, deux services de renseignements.