La 12è édition du Festival international d’équitation Mata s’est ouverte, vendredi au village Zniyed dans la commune de Larbaa de Ayacha (province de Larache), sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI.
Organisée par l’association Alamia Laaroussia pour l’action sociale et culturelle, cette édition, qui se poursuivra jusqu’au 19 mai, rassemble près de 300 cavaliers répartis en 30 équipes, qui s’affronteront lors de compétitions éliminatoires puis finales pour remporter la célèbre poupée “Mata”.
La cérémonie d’ouverture a été marquée par la présence d’une pléiade de personnalités éminentes, notamment la ministre de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille, Aawatif Hayar, le Wali de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, Younes Tazi, le gouverneur de la province de Larache, Bouassam El Alamine, ainsi que des représentants de délégations diplomatiques à Rabat.
Elle a été marquée par la présentation de performances de l’art populaire traditionnel Taktouka Jabalia et de la danse Hassada, un ballet célébrant la fin des moissons, ainsi que l’inauguration d’une exposition des produits de l’artisanat et du terroir, en plus d’un défilé des équipes participant à la compétition.
Intervenant à cette occasion, le président du festival, Nabil Baraka, a indiqué que cette nouvelle édition s’inscrit dans le cadre de l’intégration du patrimoine immatériel Mata dans la liste de l’ICESCO au nom du Royaume du Maroc, soulignant que cette “consécration s’est réalisée grâce au Haut Patronage de SM le Roi de toutes les éditions du festival, et que la sauvegarde du patrimoine immatériel du Maroc, y compris le festival MATA, s’est concrétisée sous l’égide de SM le Roi”.
“C’est également une consécration méritée des cavaliers MATA et des régions JEBALA qui ont fait rayonné cet héritage ancestral culturel riche et varié”, a-t-il noté, relevant que le programme de cette édition inclut des événements qui mettent en exergue l’attachement à la tradition spirituelle que le festival perpétue pour les Chorfas Alamiyines et les adeptes de la Tarika Machichiya Chadiliya.
Le président du festival a, dans ce sens, incité les hommes de pensée, de religion, de culture, d’art et de politique, présents lors de cet événement, à répandre les valeurs léguées par le grand Quotb Moulay Abdeslam Ibn Machich dans le monde.
De son côté, le directeur du festival, Omar El Haji, a noté que cette édition connait la participation de délégations représentant plusieurs pays, tels que l’Espagne, la France, la Belgique, la Chine, ainsi que certains pays africains qui prendront part à l’événement “Tente Mata pour le dialogue des cultures et des civilisations”.
“Le patrimoine Mata est devenu un catalyseur du dialogue interculturel et intercivilisationnel, qui offre une plateforme pour le renforcement des liens et des échanges entre les différentes régions du monde, favorisant ainsi la communication entre l’Afrique et l’Europe”, a-t-il relevé.
Selon les organisateurs, les paysans autour du Jbel Allam accueillaient le printemps en pratiquant un jeu particulièrement original qui fait appel au courage, à l’adresse, à la souplesse, à la délicatesse, à l’intelligence et à la finesse de ceux qui s’y adonnent, notant qu’il s’agit d’un jeu où cheval et cavalier, en parfaite symbiose, célèbrent une complicité légendaire et surtout la culture ancestrale d’une région extraordinaire.
“Ce jeu, les Jbalas l’ont baptisé du nom de MATA”, fait savoir la même source, relevant que la tradition est, aujourd’hui encore, jalousement préservée par les tribus de Bni Arous et les règles du jeu scrupuleusement respectées.
Après le criblage des champs de blé, initialement à Aznid puis dans d’autres villages par la suite, des jeunes filles et des femmes de la tribu sont chargées de cette tâche. Elles l’accompagnent de chants, de youyous et de la célèbre danse “a’iyou”, au rythme des ghaitas et des tambours typiques de la région.
Ce sont ces mêmes femmes qui fabriquent, à l’aide de roseaux et de tissus, la poupée que vont se disputer les cavaliers de Jebala, région où l’art de monter les chevaux, de les élever et de les dresser est une forte spécificité culturelle.
Les cavaliers qui participent au jeu “Mata” doivent monter à cru, habillés des jellabas et amamas ancestraux.
Selon la tradition orale, le vainqueur du jeu “Mata” est celui qui, usant de son adresse et de sa hardiesse, saura arracher la poupée aux autres cavaliers et l’emporter au loin. Une suprême récompense lui est alors attribuée : On le marie à la plus belle fille de la tribu.
Le jeu “Mata” est probablement inspiré du Bouzkachi, un jeu similaire mais plus violent, importé, selon la légende, par Moulay Abdeslam lbn Mashich lors de sa visite à Ibn Boukhari. Le bouzkachi pratiqué en Afghanistan a pour enjeu le cadavre d’une chèvre que se disputent les cavaliers dans des joutes brutales qui font de nombreux blessés.