Elle a collaboré avec Michael Cimino, Sydney Pollack, Clint Eastwood, Steven Spielberg, Steven Soderbergh …
« J’ai tout ce dont je pouvais rêver », reconnaissait-elle en 2011 après son 3e Oscar. « Laissons-en un peu aux autres ! Franchement, je comprends qu’on en ait assez de Streep. Même moi, ça me choque! »
Qualifiée de meilleure actrice au monde – titre que cette femme discrète rejetait catégoriquement -, elle s’est longtemps présentée comme une mère de quatre enfants, mariée au même homme pendant 45 ans et qui, accessoirement faisait du cinéma.
« Elle est la personne la plus dépourvue de mystère que je connaisse. Elle est très simplement une jeune Américaine, charmante, saine, attirante, intelligente », affirmait Alan J.Pakula en 1982. « Mais dès qu’elle joue, elle est la femme la plus mystérieuse qui soit ».
D’une beauté atypique, cette blonde au front haut et au nez légèrement dévié ne correspond pas aux canons hollywoodiens. A ses débuts en 1976, le producteur Dino de Laurentiis la juge même « trop laide » pour le remake de « King Kong ».
Née le 22 juin 1949 dans le New Jersey, Mary Louise Streep grandit dans une famille heureuse de la classe moyenne et découvre les joies de la scène au lycée.
Dotée d’une excellente mémoire et d’un don pour les accents, elle suit le master de théâtre de Yale.
A Broadway, elle jongle entre les rôles et se fait repérer par Hollywood. C’est Robert de Niro dans « Taxi Driver » qui l’a convainc de tenter le cinéma : « Je me suis dit que j’aimerais être une actrice de sa trempe quand je serai grande ! ».
« Consternée » par ses débuts à l’écran dans « Julia » (1977), elle s’entête et décroche sa première nomination aux Oscars dès son deuxième film dans « Voyage au bout de l’enfer » (1978), où elle contrebalance le récit masculin sur la guerre du Vietnam.
Elle contraste avec d’autres actrices en incarnant des femmes ordinaires, voire antipathiques, qui racontent une autre histoire du XXe siècle.
Dans « Kramer contre Kramer » – son premier Oscar (1979) – elle joue une mère qui quitte sa famille avant d’exiger la garde de son fils. Elle témoigne ainsi de la vie de millions d’Occidentales, déchirées entre leur foyer et leur besoin d’indépendance. J’ai tout ce dont je pouvais rêver. Laissons-en un peu aux autres ! Franchement, je comprends qu’on en ait assez de Streep. Même moi, ça me choque! Aussi à l’aise dans le mélo – « La maîtresse du lieutenant français » (1981) – elle est inoubliable en rescapée de la Shoah dans « Le Choix de Sophie » (2e Oscar) et en Karen Blixen dans « Out of Africa » (1985)
A la quarantaine, voyant les propositions diminuer, elle ose la comédie « La mort vous va si bien » (1992). Trois ans plus tard, Clint Eastwood lui offre un de ses plus beaux rôles dans « Sur la route de Madison ».
Même coup de maître en 2006 avec la comédie « Le Diable s’habille en Prada » qui lui permet, aux portes de la soixantaine, d’insuffler un élan extraordinaire à sa carrière. Totalement décomplexée, elle renoue avec la comédie musicale « Mamma Mia! » (2008) et décroche son troisième Oscar pour « La Dame de Fer ».
« Loin de disparaître dans la traditionnelle obsolescence post-cinquantaine, elle a défié les conventions hollywoodiennes et atteint de nouveaux sommets », a écrit son biographe Michael Schulman. « Aucune actrice née avant 1960 n’obtient un rôle à Hollywood sans qu’il ait d’abord été refusé par Meryl ».
Doyenne de l’élite progressiste hollywoodienne, ardente opposante de Trump, « Sainte Meryl » est poussée de son piédestal lorsqu’éclate #MeToo en 2017. « VOTRE SILENCE est LE problème », lui assène Rose McGowan, l’une des premières actrices à dénoncer Harvey Weinstein. Meryl Streep assure tout ignorer du comportement du producteur qu’elle qualifiait de « Dieu ».
L’actrice a reversé ses cachets de « La Dame de Fer » à son projet de musée national de l’Histoire des femmes et levé 15 millions de dollars avec George Clooney pour soutenir la grève des acteurs et scénaristes en 2023.