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Bombardements sur Gaza

Israël a multiplié vendredi les frappes et les tirs d’artillerie sur la bande de Gaza, notamment sur la ville surpeuplée de Rafah où les opérations militaires contre le Hamas ont déjà poussé 110.000 personnes à fuir, selon l’ONU, et paralysent l’entrée de l’aide humanitaire. Joe Biden, avait pour la première fois la veille menacé de cesser des livraisons d’armes à Israël, si Benjamin Netanyahu mettait à exécution sa menace d’offensive sur Rafah Jeudi, une session de pourparlers indirects visant à arracher une trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien, après sept mois de guerre, s’est achevée sans accord au Caire.

Le président américain, Joe Biden, avait pour la première fois la veille menacé de cesser des livraisons d’armes à Israël, dont les Etats-Unis sont le principal soutien militaire, si le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, mettait à exécution sa menace d’offensive sur Rafah.
« Si nous devons tenir seuls, nous tiendrons seuls. Je l’ai déjà dit, s’il le faut, on se battra bec et ongles », a répondu jeudi Benjamin Netanyahu.

Tôt vendredi, des correspondants de l’AFP ont signalé des tirs d’artillerie sur Rafah, dernière ville du sud de Gaza avant la frontière égyptienne, qui abrite près de 1,4 million de Palestiniens.
Selon l’ONU, environ 110.000 personnes ont fui Rafah depuis qu’Israël a appelé lundi la population de l’est de la ville à évacuer.

« Quelque 30.000 personnes fuient la ville chaque jour », a indiqué à Genève le responsable du bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) pour Gaza, Georgios Petropoulos, dont la plupart « ont déjà dû se déplacer à cinq ou six reprises » depuis le début de la guerre.

Certains ont pris le chemin de Khan Younès, une ville en ruines à quelques kilomètres au nord, tandis que d’autres se demandaient où aller dans le territoire palestinien surpeuplé.
« Les chars, l’artillerie et le bruit des bombardements sont incessants. Les gens ont peur et veulent chercher un endroit sûr », a raconté à l’AFP un déplacé, Abdel Rahman.
Des témoins ont aussi fait état vendredi de frappes aériennes et de combats dans la ville de Gaza, dans le nord.

Depuis des mois, Benjamin Netanyahu brandit la menace d’une offensive d’ampleur sur Rafah pour vaincre les derniers bataillons du Hamas qui y sont selon lui regroupés, faisant redouter un bain de sang et une aggravation de la crise humanitaire dans la bande de Gaza assiégée.

Défiant les mises en garde internationales, l’armée mène depuis mardi des incursions dans l’est de la ville et a pris le contrôle du passage frontalier avec l’Egypte, verrouillant une porte d’entrée névralgique pour les convois d’aide humanitaire, notamment pour le carburant.
L’armée a indiqué vendredi poursuivre son opération militaire dans certains secteurs de l’est de Rafah, et avoir « éliminé des cellules lors de combats rapprochés et de frappes aériennes du côté gazaoui du passage frontalier ».

Malgré la réouverture mercredi du passage de Kerem Shalom, voisin de Rafah, fermé par Israël pendant trois jours après des tirs de roquettes revendiqués par le Hamas, l’acheminement de l’aide reste « extrêmement difficile », a affirmé à l’AFP Andrea De Domenico, le chef du bureau de l’agence humanitaire des Nations unies (Ocha) dans les territoires palestiniens.

« C’est fou », les Israéliens « ont des chars partout, des troupes sur le terrain, ils bombardent la zone à l’est de Rafah et ils veulent que nous allions chercher du carburant ou des produits de base » dans ces zones de guerre, alors qu' »ils savent que nous ne pouvons tout simplement pas y aller », a-t-il ajouté.

Si le carburant n’est pas autorisé à entrer, « les conséquences se feront sentir presque immédiatement », a averti jeudi la directrice exécutive de l’Unicef, Catherine Russell.
« Les couveuses pour les bébés prématurés ne seront plus alimentées, des enfants et des familles seront déshydratés ou boiront de l’eau non potable, les égouts déborderont en propageant des maladies », a-t-elle prévenu.

La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent contre Israël, qui a fait plus de 1.170 morts, majoritairement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 128 restent captives à Gaza, dont 36 seraient mortes, selon l’armée.
En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 34.904 morts, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

L’Egypte a exhorté vendredi le Hamas et Israël à faire preuve de « flexibilité », afin de parvenir rapidement à un accord pour « mettre fin à la tragédie humanitaire » dans la bande de Gaza.
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, s’est entretenu avec son homologue égyptien, Sameh Choukri, pour réitérer l’opposition des Etats-Unis à « une opération militaire majeure à Rafah ».

Mais après les menaces de Joe Biden, le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, a affirmé jeudi que celle-ci avait suffisamment d’armement pour « accomplir sa mission à Rafah ».

Après le départ jeudi du Caire des délégations des deux camps, les efforts des pays médiateurs (Egypte, Qatar, Etats-Unis) « se poursuivent » en vue d’une trêve, selon le média Al-Qahera News, proche du renseignement égyptien.

Le Hamas a de son côté envoyé un message aux autres factions palestiniennes affirmant que « la balle était désormais entièrement dans le camp » d’Israël.

Le mouvement islamiste avait donné son feu vert lundi à une proposition de trêve en trois phases de 42 jours chacune, selon lui, incluant un retrait israélien de Gaza ainsi qu’un échange d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens, en vue d’un « cessez-le-feu permanent ».

Mais Israël s’oppose à un cessez-le-feu définitif tant que le Hamas ne sera pas vaincu.
La situation à Gaza a été au programme vendredi d’une session spéciale de l’Assemblée générale à l’ONU.