Ce musicien de 42 ans, qui a collaboré aussi bien avec Juliette Armanet qu’avec Justice, a composé « Parade », thème musical officiel des JO de Paris, dévoilé mercredi à l’arrivée de la flamme olympique dans le port de Marseille à bord du trois-mâts Belem. Victor Le Masne a cette capacité à être dans un stylisme musical de haute couture et, en même temps, à faire en sorte que cette haute couture puisse être facilement du prêt-à-porter Il est aussi le directeur musical des cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux olympiques (26 juillet-11 août) et des Jeux paralympiques (28 août-8 septembre).
Sur un événement sportif comme celui-là, « il y a mille choses à dire »: « La puissance, la fièvre », « la liesse des spectateurs », « la tension, le stress avant de rentrer dans le stade », « le moment de célébration, parfois aussi le désarroi », raconte-t-il en faisant écouter quelques minutes de « Parade » à des journalistes, dont l’AFP, dans un studio du 18e arrondissement de Paris.
Ce thème démarre par un air léger, pop, avec violons, puis monte en puissance avec orchestre symphonique, passe au registre épique avec des choeurs, pour devenir une boucle électro typique de la French Touch, avec une coloration festive.
Un thème musical, décliné en « variations » avec sonorités et rythmes différents, que les organisateurs envisagent de faire résonner à différents moments, lors d’une cérémonie ou pendant la compétition. Il ne faut pas le confondre avec l’hymne olympique, créé lors des premiers Jeux modernes et qui accompagne l’allumage de la flamme, par exemple.
Le musicien (piano et percussions), également arrangeur et producteur, s’est retrouvé dans l’aventure olympique par le biais de Thomas Jolly, le directeur artistique des cérémonies des JO, avec lequel il a travaillé sur l’opéra-rock « Starmania », en modernisant la partition musicale.
« Victor a la capacité de traduire toutes les émotions, dans tous les registres musicaux. C’est ça qui m’a fasciné dans sa carrière personnelle ». « Il était la personne idéale pour m’accompagner », témoigne ce dernier.
Lors de la cérémonie de clôture des JO de Tokyo en 2021, Victor Le Masne a aussi « dépoussiéré La Marseillaise, en enlevant son côté martial et en amenant ce lyrisme français qu’on trouve dans la musique électronique », ajoute Didier Varrod, directeur musical des antennes de Radio France.
Issu d’une famille de musiciens – « mon père, mes oncles, mes grands-parents, mon frère, mes cousins, tout le monde est dans la musique » -, formé dans un conservatoire de la région parisienne, Victor Le Masne prend ensuite le chemin de l’électro-pop en co-fondant, à la fin des année 2000, le duo Housse de Racket, qui donnera naissance à trois albums et fera une tournée de Tokyo au Festival de Coachella (Etats-Unis).
Sa patte? « Faire se rencontrer ces deux mondes-là ». « Je peux autant m’amuser à écrire pour un quatuor à cordes qu’à programmer une batterie électronique pour quelque chose issu de la techno. J’ai aucun snobisme ni pour l’un ni pour l’autre », confie l’artiste aux yeux noirs et cheveux bruns ébouriffés. Mon père, mes oncles, mes grands-parents, mon frère, mes cousins, tout le monde est dans la musique « Sens incisif de la rythmique », « culture du dancefloor », Victor Le Masne a « cette capacité à être dans un stylisme musical de haute couture et, en même temps, à faire en sorte que cette haute couture puisse être facilement du prêt-à-porter. C’est un talent phénoménal », estime Didier Varrod.
Au travail depuis début 2023 sur le projet olympique, il a confié avoir d’abord regardé d’anciennes ouvertures de JO mais s’en est vite détaché. Pour se concentrer sur la composition devant son piano, avec parfois sous les yeux une image d’athlètes ou de film pour s’inspirer.
Puis il a enregistré en studio, avec batteur et bassiste, et enfin avec plusieurs ensembles (Orchestre national de France, Orchestre philharmonique, Maîtrise et Choeur de Radio France, etc.).
« C’est assez incroyable, plus de 500 personnes ont joué sur l’ensemble des musiques ! », s’enthousiasme-t-il.
Lors des cérémonies, ses bandes originales mêleront ses propres compositions et des morceaux de répertoire français réarrangés et pour lesquels il est tenu au secret. Il y aura « des relectures et beaucoup de créations », promet-il.
Et de confier : « On retrouvera des touches, des couleurs » de « Parade ». « C’est un peu comme une grande bande originale de film », même si « les récits et les émotions sont différents » d’une cérémonie à l’autre.