a
a
HomeActualités du NetLes dix manquements de l’Exécutif

Les dix manquements de l’Exécutif

Les dix manquements de l’Exécutif
Le Groupe socialiste-Opposition ittihadie à la Chambre des représentants n’y est pas allé par quatre
chemins lors des débats sur le bilan d’étape du gouvernement, mercredi à la première Chambre du Parlement en énumérant les dix manquements de l’action gouvernementale.

Si le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a affirmé, devant les parlementaires, que l’Exécutif a réussi à honorer la plupart de ses engagements avant son mi-mandat, l’intervention d’Abderrahim Cha-
hid, au nom du Groupe socialiste-Opposition ittihadie, s’est inscrie en faux, point par point, contre les assertions de l’Exécutif.

«La réalité est différente, on ne peut pas cacher le soleil avec un tamis», a martelé le président du Groupe socialiste. Et de préciser : «La vérité est que vous avez abordé toutes les questions, sauf les dix engagements sur la base desquels vous avez obtenu la confiance du Parlement et conclu un contrat avec le peuple marocain».

Selon lui, le gouvernement a promis aux Marocains d’augmenter le taux de croissance à 4% au cours de son mandat, mais la réalité est que ce taux est passé de 8% en 2021 à 1,3% en 2022, et il n’a réalisé qu’un taux de 3,2% en 2023, avec une prévision de 3,7% en 2024. «En conséquence, le taux de croissance n’a pas dépassé 2,5%, contrairement à vos promesses, alors que l’économie nationale enregistrait depuis l’an 2000 une croissance moyenne annuelle de 4,1%. Cela s’est répercuté négativement sur la relance économique, la création d’emplois et la réduction du chômage », a-t-il rappelé.

Le gouvernement a également promis de créer au moins un million de postes d’emploi, mais la réalité est que leur nombre total a diminué de 24.000 en 2022 et de 80.000 en 2023, avec un taux de chômage atteignant 13,7%. «Votre gouvernement est l’Exécutif qui a créé le moins de postes d’emploi réels
et enregistré le taux le plus élevé de chômage ces dernières années. On ne peut pas dissimuler cette réalité amère en manipulant les chiffres, comme le fait l’un de vos ministres», a asséné Abderrahim Chahid.

Le gouvernement n’a pas tenu sa promesse d’élever le taux d’activité des femmes de 20% à plus de 30%. «Vous évitez maintenant de parler de cet engagement en raison de la dégradation de la situation des femmes.

Nous nous attendions à ce que vous, qui prétendez être des libéraux, accélériez la mise en œuvre de la Constitution en mettant en place l’Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination, mais vous avez plutôt créé la Commission nationale pour l’égalité des genres et l’autonomisation de la femme, en porte-à-faux avec les dispositions constitutionnelles», a souligné
le président du Groupe socialiste avant d’enchaîner : «Ce qui traduit l’absence d’une volonté politique de votre part, c’est la baisse des taux de représentativité des femmes dans les nominations aux postes supérieurs décidées par le Conseil de gouvernement».

Le gouvernement a également promis de généraliser la protection sociale, mais le bilan dans ce domaine laisse à désirer, et ce malgré l’engagement, dès le début, de l’USFP et du Groupe socialiste-Opposition ittihadie dans cet important chantier Royal pour accélérer le processus d’adoption des lois à ce propos au sein de l’institution parlementaire.

«Est-ce qu’«Amo Tadamon» a vraiment été généralisé à 22 millions de citoyens ? Nous souhaitons que la réponse soit sans surenchères et sans contre-vérités», a martelé Abderrahim Chahid, énumérant plusieurs engagements non-tenus par l’Exécutif à propos de la protection sociale.

«Dans votre programme gouvernemental, vous vous êtes engagés à sortir un million de familles de la pauvreté et de la précarité. Toutefois, les données du HCP confirment que plus de 3 millions de Marocains sont passés en dessous du seuil de pauvreté et que le taux de pauvreté est passé de 1,2% en 2022 à 6,6% en 2023 en raison de l’inflation », a-t-il rappelé.

En effet, les résultats de l’enquête de conjoncture auprès des ménages, menée par le HCP, montrent qu’au premier trimestre de cette année, 82,5% des ménages ont déclaré que leur niveau de vie s’est dégradé au cours des 12 mois précédents; 56,9% des ménages s’attendent à une détérioration de leur niveau de vie au cours des 12 prochains mois; 56,2% ont déclaré que leur situation financière s’est déteriorée au cours des 12 derniers mois; 96,9% ont affirmé une augmentation des prix des produits alimentaires au cours des 12 derniers mois; 76,3% des familles s’attendent à ce que les prix desdits produits continuent d’augmenter au cours des 12 prochains mois; et 1,8% ont pu épargner une partie de leurs revenus.

«L’objectif que vous avez atteint, c’est la perte de la confiance des familles marocaines», a tonné Abderrahim Chahid avant de mettre en garde contre «les répercussions dangereuses des conditions sociales et les tensions qui peuvent en résulter, ce qui nécessite une action urgente et sérieuse» de la
part de l’Exécutif.

Le Groupe socialiste a aussi évoqué un autre ratage du gouvernement qui a promis de renforcer et de protéger la classe moyenne. «Vous vous êtes engagés à ce que la loi de Finances 2024 contienne des mesures importantes en faveur de cette classe.

L’amère réalité est que la classe moyenne subit de plein fouet la flambée des prix des biens de consommation et du carburant, la hausse des taxes et l’épuisement de son épargne», a fait savoir Abderrahim Chahid avant d’ajouter qu’une grande partie de cette classe est hantée par le déclassement.

Et d’ajouter dans son réquisitoire contre le gouvernement : «Vous avez tenu la promesse de réduire les disparités sociales et spatiales de 46,4% à moins de 39%. La réalité tenace confirme votre échec face aux disparités territoriales persistantes, aux disparités sociales croissantes».

Le 8ème ratage énuméré par le Groupe socialiste concerne la réforme du système éducatif visant à améliorer le classement de notre pays au niveau international. Toutefois, la politique gouvernementale dans ce domaine «a conduit le système éducatif à un niveau de tension sans précédent dans l’histoire du Maroc, dont les répercussions négatives persistent jusqu’à présent».

En outre, le gouvernement n’a pas tenu son engagement d’étendre l’accès à l’éducation préscolaire à tous les enfants à partir de l’âge de quatre ans.

Il a failli à ses responsabilités dans la mise en œuvre du caractère officiel de l’amazigh en mettant en place un fonds spécial d’un milliard de dirhams au cours du mandat gouvernemental, mais l’Exécutif n’a pas tenu ses promesses dans ce domaine.

Par ailleurs, le Groupe socialiste a confirmé le bien-fondé de la motion de censure que l’USFP compte présenter pour tirer la sonnette d’alarme sur les dysfonctionnements de la gestion gouvernementale.

«Pour y remédier, nous avons voulu offrir à notre pays une opportunité politique pour un débat institutionnel serein et responsable, et nous avons pris l’initiative de proposer l’idée de présenter une motion de censure. Ce qui constitue un mécanisme constitutionnel pour renforcer le rôle de l’opposition parlementaire à même de garantir l’équilibre politique, afin de consolider la pratique démocratique au service de l’intérêt national», a précisé Abderrahim Chahid.

Il a souligné que l’objectif n’était nullement de faire tomber le gouvernement, mais plutôt
de secouer le cocotier dans la vie politique. Et le président du Groupe socialiste de conclure : «L’opposition ittihadie continue à prendre l’initiative de mettre en œuvre tous les mécanismes de contrôle dont dispose la Constitution, car notre objectif est de renforcer les fondements de l’Etat social qui ne peut être réalisé dans le cadre de la poursuite des mêmes politiques publiques qui ont montré leurs limites ».

Mourad Tabet