L’armée israélienne, qui prépare une offensive d’ampleur contre Rafah, a entamé lundi une « opération d’ampleur » visant à faire évacuer des dizaines de milliers de familles palestiniennes installées dans l’est de cette ville de la bande de Gaza.
Dans des tracts tombés sur les quartiers est de Rafah, l’armée israélienne a affirmé avoir “élargi la zone humanitaire dans la région d’Al-Mawasi vers l’ouest“.
L’armée israélienne a joint aux tracts une carte de la zone et de ses frontières, ainsi que des zones devant être évacuées, situées à l’est de Rafah.
La zone d’Al-Mawasi est située à l’ouest de la bande de Gaza et ses frontières s’étendent de Deir al-Balah (centre) jusqu’à l’extrême sud de Rafah (sud). Des centaines de milliers de déplacés palestiniens y ont trouvé refuge ces derniers mois. La région ne dispose d’aucune infrastructure vitale et ne peut accueillir davantage de déplacés, selon des sources locales palestiniennes.
Selon des Palestiniens de Gaza, les tracts largués sur les quartiers est de Rafah avertissent que l’armée israélienne s’apprête à agir avec force contre la résistance palestinienne et que quiconque reste « dans la zone met en danger sa vie et celles de sa famille ».
« Le processus d’évacuation a commencé sur le terrain, de façon limitée. Les habitants évacuent dans la terreur et la panique », a déclaré un responsable du Croissant-Rouge palestinien dans l’est de Rafah Ossama al-Kahlout, qui a précisé que les zones désignées à évacuer abritaient environ 250.000 personnes, dont de nombreuses personnes déjà déplacées depuis d’autres zones de la bande de Gaza.
L’armée israélienne a confirmé avoir « commencé une opération d’ampleur… pour évacuer temporairement les personnes résidant dans l’est de Rafah », a insisté un porte-parole militaire, estimant à « environ 100.000 » le nombre de personnes concernées.
Cette opération qui fait partie des plans israéliens pour démanteler la résistance palestinienne, intervient juste après la mort de trois soldats israéliens, tués par des roquettes tirées depuis l’est de Rafah autour du point de passage de Kerem Shalom, entre Israël et la bande de Gaza. Les tirs des roquettes qui ont aussi fait douze blessés parmi les soldats israéliens, ont été revendiqués par les Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas.
Un couple de Rafah a indiqué à l’AFP avoir appris la nouvelle de l’évacuation à son réveil, après une nuit d’angoisse rythmée par une dizaine de frappes israéliennes.
Ces frappes, qui ont visé deux maisons à Rafah et ses environs dans la bande de Gaza, ont décimé deux familles de seize personnes apprend-on de source hospitalière.
Les secouristes ont fait état de neuf morts dans la « famille Al Attar » et sept autres dans la « famille « Keshta ». Une source hospitalière a confirmé le bilan des deux attaques, en précisant qu’elles avaient eu lieu « dans le camp de réfugiés de Yebna à Rafah et dans les environs de Al Salam ».
« Tous ceux résidant dans les zones désignées évacuent leurs maisons », a indiqué à l’AFP un habitant souhaitant garder l’anonymat », dont la sœur vit dans un quartier concerné.
« Ma famille et moi, 13 personnes, ne savons pas où aller », a déclaré à l’AFP Abdul Rahman Abu Jazar, 36 ans, habitant d’un quartier à évacuer: les « zones humanitaires » indiquées par l’armée israéliennes sont déjà « surpeuplées », sans « place pour planter des tentes ou écoles où nous abriter ». « Il n’y aucun hôpital dans cette zone », poursuit-il, « la femme de mon oncle suit un traitement rénal » dans un hôpital de Rafah, situé dans une zone à évacuer, « comment va-t-on faire avec elle ? Attendre qu’elle meure et regarder sans pouvoir rien faire ? ».
L’armée israélienne a mis aussi en garde dans ses tracts contre le retour vers la ville de Gaza ou dans les zones situées au nord de l’enclave palestinienne. “Approcher la barrière de sécurité est et sud (frontière avec l’Égypte)“ serait pareillement interdit.
Selon l’ONU, environ 1,2 million d’habitants, en majorité poussés là par les combats, s’entassent dans Rafah, localité de la lisière sud de la bande de Gaza.
Craignant un bain de sang parmi les civils, des capitales et organisations internationales s’opposent à l’opération annoncée par Tel-Aviv, sous prétexte d’anéantir les derniers bataillons du Hamas.
Dans sa déclaration, l’UNRWA indique qu’il restera à Rafah aussi longtemps que possible et continuera à fournir une assistance à la population de la région.
En ce qui concerne les conséquences d’une éventuelle attaque terrestre d’Israël dans la région, la déclaration indique que « l’attaque d’Israël sur Rafah signifiera que davantage de civils souffriront et mourront ».
D’autre part, la Belgique a mis en garde, lundi, contre l’ordre d’évacuation de Rafah, émis par Israël, et présagé un « massacre » en cas d’offensive, indiquant que Bruxelles travaillait sur de nouvelles sanctions contre Tel Aviv.
« L’appel israélien à l’évacuation des citoyens et des réfugiés de Rafah, ainsi que l’invasion annoncée, mèneront à un massacre », a déclaré la vice-Première ministre Petra De Sutter dans post sur la plateforme X, avant de rencontrer le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riad Maliki.