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Alger élargit le champ de son différend avec Rabat au domaine sportif à des desseins politiques

Alger élargit le champ de son différend avec Rabat au domaine sportif à des desseins politiques

Tout a commencé par la confiscation, à l’aéroport d’Alger, des maillots de l’équipe marocaine de football, la Renaissance de Berkane, venue disputer la première manche des demi-finales de la coupe de la CAF. La polémique qui s’en suit embrase d’autres disciplines sportives et révèle les véritables desseins du régime algérien.

L’affaire de ce qu’il convient d’appeler, désormais, le maillot de la discorde, montée de toutes pièces par le gouvernement algérien, a pris des proportions insoupçonnées jusqu’à ce qu’elle vienne englober d’autres disciplines sportives dont le handball et la gymnastique. Une manière, pour Alger, de déclencher une guerre médiatique contre le voisin de l’Ouest. Du coup, l’opinion publique algérienne se trouve matraquée matin et soir par une campagne anti-marocaine dont la finalité est d’appeler à la mobilisation générale contre « l’ennemi extérieur qui menace la souveraineté nationale ».

 Oui, le mot est lâché. La carte géographique du royaume chérifien floquée sur le maillot de l’équipe de football de la Renaissance Sportive de Berkane « touche à la souveraineté nationale ». C’est ce que ne cesse de répéter à longueurs d’émissions sportives, journalistes, chroniqueurs et dirigeants sportifs. Le maillot du team marocain est « une provocation du makhzen » clame-t-on à Alger. « Une provocation qu’on ne laissera pas passer comme ça. Il y va de notre honneur et c’est une question de principe », tonne Toufik Korichi, le directeur sportif de l’USM Alger, vainqueur de la dernière édition de la coupe de la CAF et de la super coupe d’Afrique des clubs, et adversaire du RS Berkane.

L’appel fait auprès de la CAF pour protester contre le port d’un maillot floqué de la carte géographique du Maroc est rejeté. L’instance africaine de football donne match gagné sur tapis vert au profit du club marocain qui ne s’est pourtant pas présenté sur la pelouse du stade du 5 juillet. Les Marocains ont un argument de taille : leurs maillots ont été confisqués à l’aéroport d’Alger. Ils n’avaient, donc, pas d’équipement pour jouer. Et ce n’est pas la grotesque fabrication de maillots, par leurs adversaires du jour, qui va leur faire changer d’avis. Les dirigeants de l’USMA et ceux de la FAF (la Fédération Algérienne de Football) savent bien que le fameux maillot de la discorde est homologué par la CAF et aucune équipe n’a le droit de changer de maillot en cours de compétition. 

Déboutés par la CAF, les dirigeants de l’USM Alger menés par Walid Sadi, le président de la FAF s’envolent à Lausanne, en Suisse, pour déposer un recours auprès du TAS (Tribunal Arbitral des Sports). Ils payent une caution de 50.000 euros et les honoraires de trois avocats étrangers (un italien, un français et un suisse, selon la chaîne sportive algérienne El-Heddaf TV).

 

Les arguments avancés par la partie algérienne reposent sur « la politisation manifeste d’un match de football par le club marocain en complicité avec la CAF, qui a violé ses propres règles ». Les plaignants feignent d’oublier que la politisation a commencé à l’aéroport d’Alger par la confiscation du maillot de l’équipe visiteuse par les services de la douane algérienne bien avant même qu’ils ne soient arborés par les joueurs sur le terrain. Un cas sans précédent dans les annales du sport, à travers le monde. Ils ignorent, également, que la carte géographique qu’ils contestent c’est bien celle qui figure dans le musée de la FIFA à Zurich. A quelques encablures du siège du TAS où ils sont allés plaider leur cause.

Cette dépense de temps, d’énergie et d’argent n’a été d’aucun secours pour le régime algérien qui savait pertinemment qu’il n’espérait rien du Tribunal Arbitral des Sports. Ce dernier a débouté la FAF et le club qu’elle représente, l’USMA, dans leur demande de suspendre l’exécution de la décision de la CAF de donner le match de l’aller gagné par le RS Berkane. En plus du gain du match retour que l’équipe algérienne avait refusé de jouer, alors qu’elle avait effectué le déplacement au Maroc où un accueil des plus chaleureux leur avait été réservé. Le président du conseil d’administration de l’USMA, Hacene Hassena, n’avait pas manqué de qualifier l’accueil de « fraternel ». Tout au long de son séjour dans la merveilleuse station balnéaire marocaine Saïdia, frontalière de la ville algérienne Marset Ben Mehidi, la délégation algérienne n’a pas élevé la moindre protestation sur les conditions du séjour. Le seul point noir est leur empêchement de croiser le fer, sportivement, avec leurs hôtes. Les joueurs algériens étaient bien déçus d’avoir perdu leur trophée qu’ils voulaient garder après avoir gagné l’édition précédente, par une décision politique prise par leurs gouvernants pour de sordides calculs qui ont fini par se révéler au grand jour dans la foulée de cette demi-finale de la coupe de la CAF.
 

Kaylia Nemour, la championne du monde de gymnastique, la plus grande victime des politiques de son pays
Effectivement, la double confrontation algéro-marocaine pour le compte de la coupe de la CAF n’était que le début d’une péripétie qui va toucher d’autres compétitions et disciplines sportives.  La preuve de la politisation du sport par le gouvernement algérien se matérialise par le retrait des équipe algériennes, en une seule semaine, de trois compétitions se déroulant au Maroc. La décision la plus grave est celle prise par le ministère algérien de la jeunesse et des sports qui a refusé de valider la participation algérienne aux championnats d’Afrique de gymnastique artistique qui se déroulent à Marrakech du 30 avril au 7 mai courant. Une compétition qualificative pour les olympiades de Paris 2024. Cette décision portera un coup grave à la championne du monde Kaylia Nemour, qui avait quitté les rangs de l’équipe de France pour défendre les couleurs algériennes. Cette gymnaste, un don du ciel pour l’Algérie qui n’a pas investi un centime dans sa formation et dont la moisson de médailles à chaque manifestation sportive est des plus fructueuse pour une discipline tombée en désuétude, en Algérie, depuis la retraite de la famille Lazhari dont l’aîné, Larbi Lazhari, était le premier athlète algérien à participer aux Jeux Olympiques. C’était à Tokyo 1964.

Kaylia Nemour est entrée dans l’histoire de la gymnastique, le 26 mai 2023, lors des championnats d’Afrique à Pretoria. Là-bas, la prodigieuse algérienne a inscrit un nouvel élément aux barres asymétriques dans le code de pointage qui porte aujourd’hui son nom. Décryptage de ce mouvement inédit, désormais appelé le « Nemour », qui restera gravé dans le marbre. C’est comme cette talonnade en football qui porte le nom de son compatriote Rabah Madjer. 

Le retrait, sans raison aucune, de l’équipe algérienne a anéanti à jamais le rêve que nourrissait cette gymnaste de remporter la médaille d’Or aux barres asymétriques aux JO de Paris pour narguer les responsables français qui l’ont condamnée à une retraite forcée à la suite d’une blessure dont elle a relevé avec beaucoup d’abnégation et de sacrifices. Les dirigeants politiques algériens se sont avérés plus cruels que ceux de la fédération française de gymnastique. Ils l’ont tout simplement privé de réaliser un rêve qu’elle caressait depuis longtemps. Celui de monter sur la plus haute marche du podium des Jeux Olympiques. 

Autre victime de la politisation du sport par le gouvernement algérien dans toutes confrontations avec le Maroc, les jeunes handballeurs de l’équipe nationale des moins de 17 ans. Ils ont été contraints de quitter la compétition le mardi 23 avril à la salle couverte du complexe sportif Mohammed V dans le cadre de la troisième journée du Championnat arabe des moins de 17 ans de la discipline. Ils devaient rencontrer le team marocain.
 

De graves sanctions en vue
Ces retraits des compétitions sportives coûteront très cher à l’Algérie. Outre les défaites enregistrées sur tapis vert, il faudrait s’attendre à des sanctions graves de la part des différentes fédérations internationales des disciplines concernées. 

En football, il y a risque de voir tomber une interdiction de participation à toutes les compétitions organisées par la CAF pour une durée minimum de deux années. Ce qui risque d’entraîner une exclusion des éliminatoires de la coupe du monde 2026. Et de la coupe d’Afrique des nations devant se dérouler au Maroc en 2025. Pour cette dernière, ça serait une aubaine pour les généraux algériens de voir la CAF interdire à la sélection algérienne de participer à la compétition. Ainsi, les supporters algériens ne se déplaceront pas pour découvrir le Maroc, ses réalisations économiques et le niveau de vie de ses habitants qui dépasse de loin celui de l’Algérie pétrolière.

Il est bon de rappeler que la carte du Maroc, dans son intégralité, qui a fait jaser les dirigeants algériens pour un match de football, n’a jamais fait l’objet de la moindre contestation dans les couloirs des palais qui ont eu à abriter des manifestations politiques arabes. Elle a été, bel et bien, admise par l’Algérie lors du sommet arabe qui s’était tenu les 1 et 2 novembre 2022 à… Alger. 

Evidemment, le choix du champ sportif pour attiser le feu entre l’Algérie et le Maroc a pour seul dessein la mobilisation générale contre « l’ennemi extérieur ». Rien de mieux que le sport pour appeler à la sacro-sainte union nationale autour d’un pouvoir très contesté. Il faudrait concéder à ce régime qu’il a réussi à embrigader une bonne partie de la population dans son délire anti-marocain, par un matraquage médiatique mené par une presse stipendiée inféodée au pouvoir et par des affidés qui sévissent sur les réseaux sociaux. A l’approche de la présidentielle anticipée de septembre 2024, cela compte beaucoup aux yeux d’un régime chancelant et miné par des luttes intestines et des querelles de chapelles.

 

In Atalayar