Apprécié au Maroc et partout dans le monde, le gnaoua-jazz, qui mêle jazz et rythmes gnaoua, se trouve cette année au cœur de la célébration de la Journée internationale du jazz à Tanger, désignée par l’UNESCO ville cheffe de file des festivités.
L’éclosion de ce genre musical remonte aux années soixante, période durant laquelle Randy Weston, l’une des figures emblématiques de cette musique, a découvert les rythmes gnaoua, qu’il a soigneusement étudiés avec les plus célèbres maâlems marocains de l’époque.
Dans les années 70, Randy Weston a créé le Festival de jazz africain, qui a inspiré de nombreux festivals au Maroc comme le Tanjazz et le Jazzablanca.
Outre Randy Weston, les sons gnaoua ont suscité l’intérêt des plus grands noms de la musique, tels que Jimi Hendrix, Cat Stevens et Bob Marley, qui ont tous succombé aux mélodies captivantes des tambours, gambri et « qraqeb ».
Selon Majid Bekkas, artiste marocain et directeur artistique du Festival jazz au Chellah, le jazz et la musique gnaoua sont liés par leurs racines africaines et la mémoire d’un passé en commun qui a été la principale raison de l’émergence de ces deux styles musicaux.
Dans une déclaration à la MAP à l’occasion de la Journée internationale du jazz, M. Bekkas a souligné que les points communs entre le jazz et la musique gnaoua en termes de rythmes, de mélodies ou de chants sont autant d’éléments clés pour créer une parfaite harmonie sans s’écarter de la spécificité de chaque style.
Le Maroc est un pionnier dans la fusion entre la musique gnaoua et le jazz, a-t-il affirmé, évoquant son expérience qui s’appuie sur la puissance des rythmes de la musique gnaoua, les techniques du jazz et l’utilisation du piano, du saxophone, du balafon, de la kora et de la kalimba.
Associée autrefois à la veillée appelée « Lila », avec le rituel spirituel de la « jadba », la musique gnaoua a aujourd’hui des admirateurs dans l’ensemble du Royaume et au-delà, notamment grâce à son ouverture aux grands festivals et à divers autres styles musicaux, a relevé ce natif de Salé.
Surnommé « Ali Farka Touré du Maroc », M. Bekkas a rappelé que les expériences de Randy Weston, pionnier du gnaoua-jazz, au moment où il a découvert la musique gnaoua à Tanger en 1967, avec Abdellah El Gourd et d’autres maâlems marocains, ont donné naissance au Tangier Jazz Club, aujourd’hui connu sous le nom de Cinéma Mauritania.
Créée par la Conférence générale de l’UNESCO en 2011, la Journée internationale du jazz rassemble chaque année, le 30 avril, des pays et des communautés du monde entier pour mettre en lumière le pouvoir de ce genre musical et son rôle dans la promotion de la paix, du dialogue entre les cultures, de la diversité et du respect de la dignité humaine.
La Journée internationale du jazz, reconnue par l’Assemblée générale des Nations unies, touche chaque année plus de 2 milliards de personnes sur tous les continents, grâce à des programmes pédagogiques, des spectacles et des activités de sensibilisation des communautés.
Elle permet de sensibiliser la communauté internationale aux vertus du jazz en tant que force de paix, d’unité, de dialogue et de coopération renforcée entre les peuples, ainsi qu’en tant qu’outil pédagogique.
Cette Journée est également une occasion pour de nombreux gouvernements, organisations de la société civile, établissements d’enseignement de favoriser une plus grande appréciation, non seulement pour la musique mais aussi pour la contribution qu’elle peut apporter à la construction de sociétés plus inclusives.
Par Karim Hammou (MAP)