Face aux parlementaires, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a défendu son bilan qu’il juge honorable et conforme aux engagements de son programme. Le patron de l’Exécutif a centré son argumentaire sur les progrès de l’Etat social tout en faisant valoir le bien fondé de ses choix macro-économiques. Emploi, investissement, chômage, inflation, Aziz Akhannouch se montre satisfait des résultats de sa politique jugés positifs compte tenu de l’ampleur des défis conjoncturels. Détails.
Devant les parlementaires, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch , est venu à l’hémicycle défendre son bilan de mi-mandat, lors d’une séance conjointe, tenue ce mercredi. Il s’est félicité d’un bilan honorable grâce auquel l’Exécutif a pu, selon lui, avancer dans l’édifice de l’Etat social, qui constitue la priorité de son quinquennat.
Chiffres à l’appui, Aziz Akhannouch, s’est réjoui de l’achèvement de la généralisation de l’AMO, y compris le passage du Ramed vers le nouveau système, dans les délais impartis avec un coût annuel de 9,5 millions de dirhams. En parallèle, 2,4 travailleurs non-salariés ont été intégrés à la sécurité sociale, s’est-il félicité.
Le Chef de l’Exécutif a aussi souligné la célérité avec laquelle l’ensemble des textes d’applications ont été élaborés. “Nous n’avons trouvé aucun texte législatif pour mettre en œuvre la généralisation de couverture médicale bien que la loi-cadre soit votée en 2021”, a-t-il rappelé en guise de piqûre de rappel à l’opposition.
Quant aux aides directes, Aziz Akhannouch a mis en avant les progrès réalisés dans le Registre social unifié (RSU), destiné à cibler les bénéficiaires des programmes sociaux, dont les aides sociales directes. Aujourd’hui, 12 millions d’individus , issus de 3,5 millions familles, dont 5 millions d’enfants, y sont inscrits. En détail, 1,4 familles sans enfants bénéficient de l’allocation mensuelle de 500 dirhams en plus de 1,2 million de personnes de plus de 60 ans. Concernant l’aide au logement, Akhannouch a souligné que 90% des 60.976 demandes ont été acceptées.
“Nous assistons à une révolution sociale”, a-t-il déclaré, tout en louant les efforts de son “gouvernement réformateur”, qui, selon lui, a réussi à mener toutes ces réformes sociales en si peu de temps.
Comme la généralisation de la couverture médicale va de pair avec la réforme du système de Santé, le Chef du gouvernement les a citées simultanément. En plus de l’achèvement du cadre légal avec l’adoption de la loi-cadre portant réforme du système de santé, Akhannouch a insisté sur la hausse du budget de la Santé de 35% entre 2021 et 2024 pour atteindre aujourd’hui 30,7 milliards de dirhams.
Il a également fait le point sur le renforcement de l’infrastructure hospitalière avec la construction du nouveau CHU d’Ibn Sina à Rabat et de celui d’Agadir. Ce à quoi s’ajoutent les CHU d’Errachidia, de Guelmim et de Beni Mellal. En parallèle, 1400 centres sanitaires de nouvelle génération ont été réhabilités, dont 481 achevés en 2023. Aussi, Akhannouch s’est réjoui de l’installation des groupements sanitaires territoriaux dont le rôle est d’assurer la gouvernance au niveau de chaque région de façon autonome.
En outre, Akhannouch a affirmé la volonté du gouvernement de renforcer la formation des médecins et du personnel soignant afin d’atteindre une couverture digne des standards de l’OMS. Il a attaché beaucoup d’importance aux revalorisations salariales accordées au personnel de la Santé dans sa globalité, une condition jugée sine qua non pour la refonte du système hospitalier et l’amélioration des services médicaux.
A cet égard, il a cité la hausse des salaires (3800 dirhams par mois) accordées aux médecins, dont les effectifs devraient atteindre 93.000 grâce à l’augmentation de 20% du nombre des étudiants formés chaque année.
Pour ce qui est de l’éducation nationale, Aziz Akhannouch s’est félicité fièrement du fait qu’aucun gouvernement n’a réformé si profondément le système éducatif que le sien. Il s’est réjoui de l’adoption de la feuille de route 2022-2026, rappelant que 80% des enfants de 4 à 6 ans ont accédé à l’enseignement primaire et que 4700 nouvelles classes ont ouvert leurs portes avec 6000 éducateurs et éducatrices.
En évoquant la réforme éducative, Akhannouch n’a pas manqué de souligner la réforme du Statut unifié des fonctionnaires de l’Education nationale qui a été adopté après un dur bras de fer avec les syndicats qui s’est soldé par une série de concessions à la fois sur le plan des perspectives de carrière et les augmentations salariales, dont la hausse générale de 1500 dirhams.
Politique économique : la pari sur l’investissement pour renverser la courbe du chômage
Concernant la politique économique, le Chef du gouvernement a défendu son bilan, en citant parmi les acquis obtenus la réduction du déficit budgétaire à 4,4% du PIB et la hausse des recettes, notamment les entrées fiscales.
Le gouvernement, au yeux d’Aziz Akhnnouch, a réussi, malgré une conjoncture difficile marquée par la sécheresse, l’inflation et le stress hydrique, à porter la croissance à 3,2% en 2023 au lieu de 1,3% en 2022. Un niveau qui reste en deçà de l’objectif initial du gouvernement qui s’est engagé à réaliser 4% de croissance annuellement.
Le Chef de l’Exécutif s’est félicité également des mesures contracycliques telles que l’augmentation de l’investissement public à un niveau inédit (335 MMDH), ce qui a permis d’investir massivement dans l’État social. “Le gouvernement a l’intime conviction que seul l’investissement permet de renforcer la capacité à amortir les chocs conjoncturels”, a-t-il indiqué, tout en exprimant sa satisfaction des retombées de sa politique budgétaire qui, selon lui, a amélioré les recettes fiscales et soutenu la demande intérieure.
Pour ce qui est de l’emploi, une question sur laquelle le gouvernement est critiqué vu les chiffres alarmants du chômage, Aziz Akhannouch s’est montré optimiste en estimant que le gouvernement a pu contribuer à récupérer une grande partie des emplois perdus pendant la pandémie. Il a rappelé la plus-value du programme Awrach qui a généré 221.000 emplois, et Forsa sans oublier les plans exceptionnels “sans précédents” destinés à faire face aux effets de la sécheresse qui ont nécessité 20 milliards de dirhams.
Bien que la lutte contre le chômage soit ardue, le gouvernement se félicite d’avoir stimulé l’investissement privé grâce à la mise en œuvre de la Charte de l’Investissement. La Commission nationale, rappelle le Chef du gouvernement, a validé 170 projets d’une valeur de 220 milliards de dirhams avec 15.000 emplois prévus. A cela s’ajoutent la mise en œuvre du Fonds Mohammed VI pour l’investissement et le lancement des nouvelles réformes du climat des affaires.
Aziz Akhannouch a également cité le plan de sauvetage du tourisme qui a coûté 2 milliards de dirhams pour soutenir près de 800 établissements hôteliers. Une effort qui a permis de préserver les emplois du secteur menacé par les séquelles du covid-19. Un effort couronné par l’essor des entrées touristiques qui ont atteint 14,5 millions, soit 34% de plus qu’en 2022.
Par ailleurs, Akhannouch est revenu sur la réforme du système des marchés publics, en soulignant l’introduction de la préférence nationale destinée à donner la priorité aux entreprises nationales dans l’accès à la commande publique.
Aux yeux d’Aziz Akhannouch, le gouvernement est sur le bon chemin pour peu que le Royaume soit rayé de la liste grise du GAFI, ce qui prouve, selon lui, la pertinence des réformes économiques menées jusqu’à présent.
Le grand oral du Chef du gouvernement a été une occasion pour se projeter sur l’avenir. Akhannouch a cité les grands chantiers d’infrastructures à caractère stratégique, comme c’est le cas de l’élargissement de la ligne à grande vitesse à Agadir, le renforcement des infrastructures routières, le port de Dakhla atlantique, les grands chantiers de dessalement de l’eau de la mer et les infrastructures sportives destinés à accueillir la Coupe d’Afrique 2025 et la Coupe du Monde de 2030. Une enveloppe de 200 milliards de dirhams sera mobilisée dans le cadre de partenariat public-privé pour financer les chantiers programmés.