En effet, Félix Bingui, présumé chef du clan marseillais « Yoda », impliqué dans une guerre sans merci avec un autre groupe de narcotrafiquants, la DZ Mafia, a été appréhendé au Maroc. Et juste après son arrestation, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer français, Gérald Darmanin, avait réagi sur X: «Un des plus grands narcotrafiquants marseillais a été arrêté au Maroc. Bravo aux policiers qui poursuivent sans relâche le combat contre le trafic de drogue». Et le ministre français d’enchaîner : «Un grand coup est porté aujourd’hui au narcobanditisme grâce à notre coopération avec les autorités marocaines, que je remercie». Gérald Darmanin
Sans nos amis marocains et l’excellence de la police judiciaire marocaine, la France serait plus en
danger qu’elle ne l’est Depuis Rabat, l’excellence de la coopération entre les deux pays sur le plan sécuritaire a été mise en exergue lundi dernier par le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui a effectué une visite officielle à notre pays.
«Sans nos amis marocains et l’excellence de la police judiciaire marocaine, la France serait plus en danger qu’elle ne l’est », a relevé le ministre français lors d’un point de presse, à l’issue de ses entretiens avec le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, soulignant que les récentes interpellations qu’a connues le Maroc au nom des demandes formulées par la France montrent la grande efficacité de la police marocaine. «Sans les services de renseignement marocains, la France serait plus touchée», a-t-il souligné.
Il a aussi tenu à remercier le Maroc qui va pouvoir aider très fortement la France dans l’organisation des grands événements sportifs, notamment les Jeux olympiques, rappelant que les deux pays ont déjà démontré leur savoir-faire lors d’autres manifestations sportives.
«Nous pouvons compter l’un sur l’autre dans les grands événements sportifs qui s’annoncent en matière d’informations réciproques », a-t-il dit, citant dans ce sens la prochaine Coupe d’Afrique des nations de football, prévue en 2025 au Maroc.
Après avoir évoqué le nouveau défi que représente pour les deux pays la cybersécurité, le ministre français a affirmé qu’en matière de lutte antiterroriste, la France est disposée à apporter son soutien au Maroc et aux efforts du Royaume pour faire face aux menaces qui peuvent naître dans la bande sahélo-saharienne. Riccardo Fabiani
Les Marocains voient ces gestes comme une “entrée” avant le plat principal Les deux pays partagent des renseignements précieux en matière de lutte antiterroriste, a-t-il poursuivi, exprimant ses remerciements « aux services marocains pour le travail important qu’ils opèrent avec la DGSI et les services français ».
Il a, par ailleurs, salué « un dialogue franc entre deux grands pays amis dont l’objectif commun est de préserver nos démocraties, nos valeurs et lutter contre la radicalisation ».
Et de conclure :«Nous avons une parfaite convergence de vues en matière de lutte contre la criminalité et le terrorisme».
La visite du ministre de l’Intérieur français au Maroc s’inscrit dans la valse des visites des personnalités gouvernementales françaises à notre pays.
En effet, après la première visite du chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné à Rabat en février dernier durant laquelle il s’est entretenu avec son homologue marocain, Nasser Bourita, et qui avait pour but de relancer les relations entre les deux pays après une période de froid, le ministre délégué en charge du Commerce extérieur, Franck Riester, a effectué au début du mois d’avril une visite au Maroc.
Ce déplacement avait pour objectif, selon le ministère des Affaires étrangères, de «renouer le dialogue économique» et de mobiliser «la communauté d’affaires franco-marocaine» et «les Français de l’étranger ainsi que la francophonie». Pour rappel, la délégation française était composée de responsables de haut niveau. En effet, outre Franck Riester, elle comprenait Laurent Saint Martin, directeur de Business France, Arnaud Vaissié, président de CCI France International et Marie-Albane Prieur, directrice adjointe du développement export à Bpifrance.
Pour sa part, Bruno Le Maire est attendu au Royaume ce mois-ci pour prendre part au Forum d’affaires Maroc-France 2024, une rencontre qui sera organisée du 24 au 26 avril courant par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Medef International. Elle aura pour objectif de stimuler les échanges commerciaux et les investissements entre la France et le Maroc. Elle réunira des représentants des secteurs privés des deux pays, dont de grandes entreprises françaises et marocaines, pour discuter des opportunités de partenariat et de coopération.
«A-t-on déjà vu autant de ministres français se rendre au Maroc en si peu de temps ? Après Stéphane Séjourné (Affaires étrangères) fin février et Franck Riester (Commerce extérieur) début avril, se succèdent en quelques jours Gérald Darmanin (Intérieur), Marc Fesneau (Agriculture) et Bruno Le Maire (Economie). La venue de Rachida Dati (Culture) avant la fin du mois a aussi été annoncée. Leur mission : poursuivre la réconciliation avec Rabat après une crise diplomatique d’une intensité rare en 2022 et surtout en 2023 », a commenté le quotidien français, Les Ecos.
Tous ces déplacements confirment que les relations entre Rabat et Paris sont sur les bons rails, surtout au niveau économique. Pour preuve, les institutions françaises de développement et d’investissement sont maintenant autorisées à financer et investir dans des projets au Sahara marocain, notamment dans les régions de Laâyoune et Dakhla. Ce qui constitue, sans aucun doute, un pas en avant dans la reconnaissance de la souveraineté du Royaume sur son Sahara même au niveau économique.
Cependant, les observateurs considèrent que ce pas, par ailleurs important, reste insuffisant. Depuis fin 2022, le Maroc appelle la France à sortir de sa zone de confort et à suivre l’exemple des Etats-Unis et de l’Espagne ainsi que d’autres pays européens et, partant, prendre une approche plus renouvelée allant dans le sens des liens historique, politique, humain, culturel et économique.
Dans une déclaration au journal Les Ecos, Riccardo Fabiani, directeur du programme Afrique du Nord au sein de l’ONG International Crisis Group, a souligné, à juste titre, que «les Marocains voient ces gestes comme une ‘entrée’ avant le plat principal ».
Mourad Tabet