Trente-quatre ans sont passés depuis que Noureddine a quitté son Souk El Arba natal pour la Suisse, qu’il a reliée en train en passant par l’Espagne et la France.
Le fil conducteur de l’histoire de vie de Noureddine Obbad est cette identité de Marocain porteur à la fois des valeurs traditionnelles du Royaume et de son aspect moderne. M.Obbad projette de faire de Genève la capitale d’une grande exposition de produits du terroir provenant de différentes régions du Royaume Obbad a réussi son intégration au sein du pays helvétique dont il a parcouru les villes et les villages. Il s’y est marié, a eu des enfants, et a gagné des ressources, de la notoriété et un vaste réseau de contacts. Sans oublier le mérite de la Suisse, Obbad est animé aujourd’hui par cette volonté de rendre service à son pays qui l’a vu naître.
Ingénieur en télécommunications, fils d’ingénieur, Noureddine avait un penchant pour l’art, notamment la peinture. Il était tenté d’intégrer les Beaux-Arts au niveau secondaire, mais il a suivi la volonté de son père, qui était strict et déterminé lorsqu’il s’agissait d’orienter sa progéniture vers des voies scientifiques. Le baccalauréat en poche en 1985, Noureddine a fait ses études en physique entre les universités de Kénitra et de Fès, mais il était tenté par le rêve européen.
Au Maroc, ce quinquagénaire allie une activité d’entrepreneur à travers des projets d’investissement et des partenariats d’affaires avec des acteurs étrangers et marocains, et celle de militant qui s’active dans le domaine du développement et apporte des propositions visant à améliorer le tissu économique aux niveaux régional et national. Un enthousiasme illustré par l’ouverture à Rabat du siège de l’ONG “Promotion du Développement Economique et Social” (PDES) qu’il dirige et qui est accréditée auprès du Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC).
Obbad a hâte de faire découvrir des produits nationaux à un marché suisse très exigeant. Pour ce faire, il projette de faire de Genève la capitale d’une grande exposition de produits du terroir provenant de différentes régions du Royaume. Sur la base de ses lectures et de son suivi de nombreuses expériences, Obbad espère faire de ces produits un vecteur vital dans la dynamique de création de richesse, de lutte contre la pauvreté et de promotion d’une économie sociale efficace.
Cela nécessite, selon lui, un effort de transformation et un concept de marketing efficace qui apporte une forte valeur ajoutée.
L’homme semble bien placé pour faire ce genre de pari, puisqu’il a gagné un million de dollars avant ses 30 ans. Il a même obtenu ses premiers fonds dans le cadre d’un litige sur le vol d’une idée commerciale. Les proches de « Noor » le décrivent comme un homme audacieux, parfois fou. A cela, il sourit, et poursuit son chemin. C’est l’aventure et les défis qui nourrissent sa passion, et non l’argent.
Après avoir obtenu son diplôme de l’Ecole des ingénieurs de Lausanne en 1996, il occupa un poste prestigieux dans une entreprise mondiale de communication aéronautique. Mais son ambition allait au-delà d’un emploi confortable.
Sa passion pour l’entrepreneuriat l’a conduit à développer des micro-entreprises innovantes. Il a également eu une expérience sociale riche en enseignements dans des centres de soins pour personnes âgées. Noureddine s’est également prêté à la restauration avec un petit restaurant appelé « Marrakech », qui propose une authentique gastronomie marocaine dans un format fast food.
L’esprit d’entreprise accompagne Obbad depuis son plus jeune âge. A l’époque, il louait les chambres de la maison de vacances de sa famille à Moulay Bousselham à des vacanciers afin de se constituer un petit pécule pour financer son année scolaire.
C’est cette activité qui a amené Obbad en Suisse: lorsqu’un jeune Suisse a frappé à sa porte, une véritable amitié s’est nouée, préparant ainsi le terrain pour l’émigration de Noureddine. Ce dernier se souviendra toujours de Pascal, qui l’a hébergé dans les premiers temps difficiles et lui a ouvert les portes d’une terre qui lui était inconnue.
Même en Suisse, Obbad est resté proche de son environnement social et familial, animé du sens du devoir et des responsabilités.
Il veille à ce que la soif de réussite individuelle ne déracine pas le lien entre la branche et l’arbre. Son accent du Gharb est encore bien présent et son plus grand bonheur se trouve dans la campagne, entouré de ses amis et proches autour d’un thé et d’un pain qui vient de sortir du four d’argile.
Noureddine est également habité par le goût de l’aventure. Pendant deux ans, il a parcouru l’Amérique, de la Floride à New York en passant par Washington, pour apprendre la langue du pays de l’oncle Sam. Il a également interrogé des hauts fonctionnaires et des acteurs sur la question du développement à travers le monde, en caressant un rêve qu’il se refuse à qualifier d’utopie. A ses yeux, il est possible de créer un monde sans fracture Nord-Sud, avec un minimum de bien-être pour tous.
C’est cette idée qu’il a formulée dans un livre au titre éloquent : « Un dollar pour changer le monde ».
Par Nizar Lafraoui (MAP)