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Les bonobos caïds ont plus de succès auprès des femelles

Les deux primates les plus proches de l’humain sont aussi souvent comparés à ses deux facettes: les pacifiques bonobos et les violents chimpanzés.

Mais ce n’est en réalité pas si simple, selon une étude publiée vendredi dans la revue scientifique Current Biology. Les mâles bonobos se battent en fait plus souvent que les mâles chimpanzés — et les bonobos les plus bagarreurs ont davantage de succès auprès des femelles.

L’autrice principale de l’étude, Maud Mouginot, a déclaré à l’AFP avoir décidé d’étudier cette question de l’agressivité chez les bonobos car de précédentes recherches ont révélé l’existence d’un « biais reproductif » chez les mâles: certains mâles ont bien plus de petits que d’autres.
« Donc la question était, si les bonobos ne sont pas si agressifs, comment peut-il y avoir un biais reproductif si grand? », a-t-elle expliqué.

Depuis leur désignation comme espèce distincte des chimpanzés, les bonobos ont gagné une réputation de quasi-« hippies », utilisant le sexe comme façon de résoudre les conflits. Ils sont aussi connus pour des comportements homosexuels, notamment chez les femelles, et pour leur propension à partager leur nourriture.

D’autres chercheurs ont déjà tenté de comparer le taux d’agressions entre les deux espèces, qui ont 99,6% de leur ADN en commun. Mais ces études n’utilisaient pas la même méthodologie dans leurs observations, et les résultats étaient donc limités.

Maud Mouginot et ses collègues ont étudié trois groupes de bonobos dans une réserve de République démocratique du Congo, et deux groupes de chimpanzés dans le Parc national de Gombe en Tanzanie.
Les chercheurs ont étudié le comportement des mâles en particulier, en général lié au succès reproductif.

En observant le comportement de 12 bonobos et 14 chimpanzés mâles sur deux ans, les scientifiques ont pu récolter des données sur la fréquence d’interactions violentes, les protagonistes impliqués, et s’il s’agissait d’un contact physique (morsure, coups…) ou simplement le fait de charger un rival.

De façon surprenante, les chercheurs ont découvert que les mâles bonobos avaient 2,8 fois plus d’interactions agressives que les chimpanzés, et 3 fois plus d’altercations physiques.

« C’est la principale découverte de cette étude », selon Maud Mouginot, de l’Université de Boston. « L’autre est que nous avons observé que les mâles bonobos plus agressifs que leurs congénères s’accouplent davantage » avec les femelles en période d’ovulation.

Les mâles bonobos se sont montrés quasiment exclusivement agressifs envers d’autres mâles, tandis que les mâles chimpanzés étaient davantage enclins à agresser les femelles.

Ces deux résultats étaient attendus. Les femelles bonobos sont souvent en position dominante dans leur groupe, et forment des alliances pour stopper les mâles isolés qui pourraient tenter de s’accoupler avec elles. Les mâles n’ont donc que peu d’intérêt à se confronter à elles.
Inversement, les sociétés de chimpanzés sont dominées par les mâles, et ce sont eux qui s’allient, forçant les femelles à des relations sexuelles ou punissant les adversaires s’opposant à leur autorité.

Le fait que les disputes entre bonobos ont souvent lieu entre deux individus, plutôt qu’entre un individu et un groupe, pourrait expliquer pourquoi ces altercations surviennent plus fréquemment, selon Maud Mouginot, car les enjeux sont moins élevés. Les bonobos ne sont pas connus pour s’entretuer.

En revanche, les altercations des chimpanzés impliquent plusieurs mâles, et peuvent faire des victimes. Elles peuvent avoir lieu soit dans leur propre groupe, soit lors de combats contre des groupes rivaux pour défendre leur territoire. Ces risques plus élevés pourraient limiter la fréquence de ces combats.

Quant à savoir pourquoi les mâles bonobos ont moins de succès auprès des femelles: « Il est possible que les mâles agressifs puissent passer davantage de temps avec les femelles », en éloignant les rivaux, selon Maud Mouginot. Mais confirmer cette hypothèse réclamerait des recherches supplémentaires.

La chercheuse est par ailleurs sceptique concernant une possible comparaison avec les humains et l’idée que les caïds plairaient davantage aux femmes.
Elle souligne que les femelles bonobos ne tolèrent pas les agressions de mâles dirigées contre elles — même s’il reste possible qu’elles soient attirées lorsque ces attaques sont dirigées vers d’autres.