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Lutte contre le terrorisme au Niger : Forte mobilisation de la société civile

Lutte contre le terrorisme au Niger : Forte mobilisation de la société civile

Des instructeurs russes sont arrivés au Niger et vont y installer un système de défense anti-aérien. Parallèlement, après avoir chassé les militaires français fin 2023, le régime nigérien a dénoncé en mars avec effet immédiat l’accord de coopération militaire avec les États-Unis datant de 2012, en le jugeant illégal.

Au Niger, les militaires américains ne sont plus les bienvenus. C’est la quintessence ou du moins la synergie des organisations de la société civile nigérienne qui a organisé, ce samedi 13 avril 2024 à la place de la concertation, une marche suivie de meeting pour exiger le départ des troupes militaires américaines du sol nigérien. 

Au même moment, des instructeurs russes sont arrivés à Niamey. Les autorités de ce pays ont réceptionné leur première livraison de matériel militaire russe dans le cadre de la nouvelle coopération sécuritaire entre Niamey et Moscou, a annoncé jeudi soir la télévision publique nigérienne.

Une arrivée chaleureusement accueillie d’un l’Iliouchine-76, un gros porteur russe, transportant du matériel militaire de dernière génération avec à son bord des instructeurs militaires du ministère russe de la Défense. Simple coïncidence ou hasard du calendrier ? Toujours est-il que les Russes sont décidés à accompagner le gouvernement nigérien dans sa lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes.

Ainsi, selon le communiqué officiel, la Fédération de Russie va « doter le Niger et installer un système de défense anti-aérien capable d’assurer le contrôle total de notre espace aérien ». D’ailleurs, la télévision nigérienne a montré des images filmées de nuit du gros porteur russe à son atterrissage à l’aéroport de la capitale Niamey.

Toutefois, le nombre des instructeurs militaires russes n’a pas été précisé. Cependant, ils assureront une formation de qualité aux militaires nigériens pour une utilisation efficiente dudit système, selon le département des Affaires étrangères du Niger.  « Nous sommes ici pour développer la coopération militaire entre la Russie et le Niger », « former l’armée du Niger et l’aider à utiliser le matériel militaire qui vient d’arriver », « du matériel de différentes spécialités militaires », a-t-il ajouté.

Pour comprendre la portée de ce contingent russe, il faut dire qu’en janvier, Africa Corps avait déjà revendiqué sur Telegram l’envoi d’unités au Burkina Faso. Selon une note du service de recherche du Parlement européen, le groupe a été créé sous l’égide du ministère russe de la Défense en décembre 2023 afin de regrouper les anciens actifs du groupe Wagner sous le contrôle du gouvernement.

 

Menaces actuelles 
Par ailleurs, le 26 mars, le chef du régime militaire au Niger, le général Abdourahamane Tiani, s’était entretenu au téléphone avec le président russe Vladimir Poutine pour discuter notamment du renforcement de leur coopération sécuritaire, pour faire face aux menaces actuelles, selon un communiqué officiel nigérien. Pour rappel, en décembre dernier, une délégation russe était venue discuter avec les militaires nigériens à Niamey, et des accords renforçant la coopération militaire entre les deux pays avaient été signés.

En outre, à la mi-mars, le Niger avait dénoncé avec effet immédiat l’accord de coopération militaire avec les Etats-Unis, remettant en question la présence d’un peu plus de 1.000 soldats américains au Niger. Ce déploiement des forces russes devra augmenter la capacité de frappe de l’armée nigérienne.

Le Niger, comme le Burkina et le Mali voisins, est confronté à des violences jihadistes récurrentes et meurtrières depuis des années, perpétrées par des groupes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI). Dans ces trois pays, les gouvernements civils ont été renversés par des coups d’Etat militaires successifs depuis 2020.

Ces trois anciennes colonies françaises ont ensuite tourné le dos à Paris et se sont rapprochées économiquement et militairement de nouveaux partenaires, dont la Russie, avant de se regrouper au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) avec pour objectif de créer une fédération.
 

Un peuple en marche  
Toujours dans le même cadre, des milliers de personnes ont manifesté samedi à Niamey pour demander le départ sans délai des soldats américains basés dans le nord du Niger, après la dénonciation le mois dernier par le régime militaire d’un accord de coopération avec Washington. La manifestation était initiée par Synergie, regroupement d’une dizaine d’associations soutenant le régime arrivé au pouvoir par un coup d’Etat le 26 juillet 2023, et des organisations musulmanes locales.

D’ailleurs, plusieurs figures du régime militaire ont assisté à ce rassemblement devant le siège de l’Assemblée nationale, dans le centre de Niamey, parmi lesquelles le porte-parole, le colonel Amadou Abdramane, le colonel Ibro, chef d’état major particulier du général Abdourahamane Tiani (leader du régime), ainsi que le colonel Maman Sani Tchiaou, chef d’état-major de l’armée de terre.

De nombreux étudiants étaient présents dans la foule qui scandait « A bas l’impérialisme américain », « vive l’AES (Alliance des États du Sahel – Mali, Burkina, Niger) » ou « la libération du peuple est en marche ». Des drapeaux burkinabé, malien, nigérien et russe étaient visibles dans la manifestation. Comme quoi, le Niger entend prendre son destin en main dans sa lutte contre le terrorisme.