L’Iran a appelé dimanche Israël à ne pas réagir militairement à son attaque inédite lancée dans la nuit, qu’il a présentée comme une riposte justifiée à la frappe ayant détruit son consulat à Damas.
Mais, a-t-elle aussitôt prévenu, « si le régime israélien commettait une nouvelle erreur, la réponse de l’Iran serait considérablement plus sévère ».
Dimanche, le président iranien Ebrahim Raïssi a prévenu que la réaction de son pays serait « bien plus forte » en cas de « comportement imprudent » d’Israël ou ses partenaires après l’attaque iranienne.
« La punition de l’agresseur s’est réalisée », s’est réjoui M. Raïssi dans un communiqué, en ajoutant que « si le régime sioniste ou ses partisans » faisaient « preuve d’un comportement imprudent, ils recevraient une réponse décisive et bien plus forte ».
Le chef des forces armées iraniennes, le général Mohammad Bagheri, s’est toutefois félicité que l’attaque ait « atteint tous ses objectifs », notamment en mettant « hors service » un centre de renseignement et une base aérienne ». Il a précisé qu’aucun centre urbain ou économique n’avait été visé par les drones et missiles iraniens.
Ces deux centres ont été spécifiquement visés par les drones et missiles car ils ont servi à mener la frappe qui a détruit le 1er avril le consulat iranien en Syrie, provoquant la mort de sept Gardiens de la Révolution, dont deux généraux de la Force Qods, qui intervient hors d’Iran.
En Israël, le porte-parole de l’armée a indiqué que la base aérienne de Nevatim avait été « légèrement touchée » par des missiles balistiques iraniens.
L' »action militaire de l’Iran a été une réponse à l’agression du régime sioniste contre nos locaux diplomatiques à Damas », a justifié la mission iranienne à l’ONU. Elle a été « menée sur la base de l’article 51 de la Charte des Nations unies relatif à la légitime défense ».
Israël est depuis la révolution de 1979 l’ennemi juré de la République islamique, qui appelle à sa destruction au profit d’un Etat palestinien.
Mais, jusqu’à présent, Téhéran s’était gardé de l’attaquer frontalement, préférant soutenir les actions menées par les autres membres de l' »axe de la résistance », dont le Hezbollah libanais et les Houthis du Yémen depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas palestinien le 7 octobre.
Dimanche, le ministère iranien des Affaires étrangères a dit avoir convoqué les ambassadeurs du Royaume-Uni, de France et d’Allemagne pour protester « suite aux positions irresponsables de certains responsables de ces pays concernant la réponse de l’Iran à la série d’actions du régime sioniste contre les ressortissants et les intérêts de notre pays ».
Quelques heures avant les frappes, l’Iran a saisi samedi un porte-conteneurs accusé d’être « lié » à Israël avec 25 membres d’équipage à bord dans les eaux du Golfe. « Un acte de piraterie » pour Washington.
Dans la nuit, Téhéran a aussi mis en garde les Etats-Unis, les exhortant à « rester à l’écart » de son conflit avec Israël.
Le général Bagheri a précisé qu’un « message » avait été « envoyé aux Etats-Unis pour les avertir que s’ils coopéraient avec Israël pour leurs prochaines actions éventuelles, leurs bases ne seront pas sûres ».
Les Etats-Unis possèdent plusieurs bases militaires dans la région, notamment en Irak.
« La prochaine gifle sera plus violente », a prévenu la nouvelle fresque murale dévoilée sur la place Palestine à Téhéran, où quelques milliers de personnes se sont rassemblées dans la nuit en criant « Mort à Israël » et « Mort à l’Amérique ».
L’Iran « peut intensifier ses actions s’il le souhaite car il a le choix entre diverses options, notamment le Hezbollah, des perturbations maritimes ou des frappes sur des cibles israéliennes vulnérables à l’étranger », estime Nishank Motwani, expert à l’Australian Strategic Policy Institute à Washington.
Les autorités israéliennes n’avaient pas dévoilé dimanche matin leurs intentions. Mais elles n’avaient pas exclu, avant l’attaque, de frapper sur le territoire iranien, en visant probablement des sites militaires ou nucléaires selon des experts.
Par précaution, l’aéroport Mehrabad de Téhéran pour les vols domestiques devait rester fermé lundi jusqu’à 06H00″ (02H30 GMT), selon l’agence Isna.
Dimanche, les autorités ont annoncé l’annulation des vols de l’aéroport international Imam Khomeini de Téhéran jusqu’à lundi la même heure.