A l’affiche de « Fallout », adaptation du jeu vidéo éponyme dévoilée à Canneseries, l’Américain de 65 ans s’est vu remettre un prix honorifique pour l’ensemble de sa carrière, indissociable du réalisateur de « Blue Velvet » (1986), dont il tenait déjà le rôle principal.
Pour preuve, le cinéaste a félicité son ami dans une vidéo retransmise au Palais des festivals, là où les deux hommes avaient présenté en 2017 la troisième saison de « Twin Peaks », 27 ans après la précédente lors du Festival de Cannes.
« J’étais content de le voir », a réagi auprès de l’AFP celui qui foulait les planches avant que David Lynch ne lui mette le pied à l’étrier dans « Dune » (1984), première adaptation de l’oeuvre de Frank Herbert et échec cuisant en salles.
« La barre avait été mise tellement haut. (…) Je pense que retranscrire cette histoire dans un seul film était quasi impossible », analyse Kyle MacLachlan, confiant s’être senti » terriblement nostalgique » en regardant le « Dune » de Denis Villeneuve sorti en 2021.
Depuis leur première collaboration, David Lynch l’appelle « Kale » pour plaisanter, reprenant à son compte la mauvaise prononciation du prénom Kyle par le producteur Dino de Laurentiis, au fort accent italien.
Il lui a surtout confié son rôle le plus emblématique, celui de l’agent du FBI Dale Cooper, débarqué dans la bourgade fictive de Twin Peaks en 1990 pour enquêter sur la mort de Laura Palmer… et révolutionner au passage la télévision.
« On ne savait pas en y allant ce qui allait se produire », relate aujourd’hui Kyle MacLachlan, impressionné qu’une série « créée en 1989-1990 », jouant avec les codes des soap-opera et des séries policière teintés de surnaturel, soit toujours « quelque peu pertinente aujourd’hui ».
Et qu’importe si la saison 2 n’a pas pris la direction souhaitée par ses créateurs David Lynch et Mike Frost, poussés notamment à révéler l’identité du meurtrier de Laura Palmer, « sous l’énorme pression » de la chaîne américaine ABC.
« Je sais l’impact que +Twin Peaks+ a eu sur les producteurs, les réalisateurs, les scénaristes qui ont suivi parce que j’ai travaillé avec certains d’entre eux », ajoute l’acteur aux cheveux désormais argentés, citant « Sex and the city » et « Desperate Housewives ».
Deux séries qui ont également transformé à leur manière le petit écran, notamment dans leur représentation des femmes. Dans la première, il a incarné Trey, le mari (impuissant) de Charlotte; dans la seconde, Orson, le conjoint somnambule de Bree, pendant six saisons.
C’est d’ailleurs à « Orson » qu’une festivalière a demandé un selfie, en amont de la cérémonie d’ouverture de Canneseries.
« Les gens aiment vraiment ces séries (+Desperate Housewives+ et +Sex and the city+, NDLR), ils les prennent à coeur » et « aiment les revoir », explique-t-il, conscient qu’il sera souvent identifié à l’un de leurs personnages.
Il dit également se sentir « plus proche » de celui de « Twin Peaks » dans sa façon d’appréhender le monde, sa « positivité ».
« Il s’intéresse réellement aux gens » et « n’a pas peur de montrer son enthousiasme. (…) Il a un sens de l’humour bizarre mais voit le monde comme un endroit génial », poursuit-il, un « état d’esprit » également partagé selon lui par David Lynch.
« Aider à donner vie à la vision artistique de David Lynch a été un voyage de découverte pour moi », a-t-il lancé en recevant son prix à Cannes. « Un voyage dans l’art de raconter des histoires où chaque scène, chaque réplique, chaque silence est une porte qui s’ouvre sur quelque chose d’extraordinaire et de transformateur ».