C’est un document inédit que vient d’éditer Aomar Ibourk, Economiste et Senior Fellow au Policy Center New South sur l’importance de l’inclusion financière dans l’entrepreneuriat sur le continent. Une mine d’informations pour les jeunes porteurs de projets car il s’agit d’un processus cognitif et émotionnel où l’attitude envers l’action, les normes subjectives et le contrôle comportemental perçu jouent un rôle crucial. Explications avec l’auteur.
La volonté d’entreprendre est influencée par des caractéristiques individuelles (tels que le genre et l’âge), économiques (comme le niveau de revenu et le taux de chômage) et sociales (religion, classe sociale et éducation). Selon la théorie du comportement planifié, l’engagement dans l’entrepreneuriat est le fruit d’un processus cognitif et émotionnel où l’attitude envers l’action, les normes subjectives et le contrôle comportemental perçu jouent un rôle crucial.
Ce dernier aspect est d’autant plus important qu’il dénote les contraintes (capacités limitées, temps restreint, environnement, etc.) impactant l’intention d’agir de l’individu. Notre article récemment publié, « Autonomiser les entrepreneurs africains : le rôle crucial de l’inclusion financière dans la médiation de la relation entre les facteurs contextuels et la volonté entrepreneuriale », vise principalement à éclairer l’importance de l’inclusion financière comme un facteur déterminant pour l’entrepreneuriat en Afrique.
Vous parlez de facteurs contextuels et de volonté entrepreneuriale. Est-ce que les jeunes entrepreneurs africains sont suffisamment outillés pour y faire face ?
Cependant, l’essence du soutien aux jeunes entrepreneurs africains repose principalement sur les politiques et les initiatives mises en place pour favoriser leur émergence et leur développement. Des programmes significatifs, tels que le Plan d’action africain pour l’autonomisation des jeunes 2019-2023 de l’Union africaine et l’initiative « Boost Africa », fruit de la collaboration entre la Banque africaine de développement et la Banque européenne d’investissement, témoignent de cet engagement à les soutenir.
Malgré ces efforts, les résultats sont mitigés. Selon l’Indice mondial de l’entrepreneuriat, à quelques exceptions près telles que le Botswana, la plupart des pays africains se classent au-delà de la 68ème position, une place occupée par le Maroc. Des pays comme le Malawi, la Mauritanie, le Burundi, Madagascar, et le Tchad figurent parmi les moins performants. Cette situation met en évidence les défis persistants auxquels les jeunes entrepreneurs doivent faire face, malgré la présence de programmes de soutien.
Dans quel cadre l’inclusion financière peut-elle médiatiser les facteurs contextuels et la relation entrepreneuriale sur le continent ?
Nous concluons que l’inclusion financière peut effectivement transformer le paysage entrepreneurial africain. Elle doit, pour cela, proposer des services financiers adaptés et accessibles, en particulier pour les populations les plus éloignées du système financier traditionnel. Ces services sur mesure sont essentiels pour libérer le potentiel entrepreneurial, surtout dans les régions les plus défavorisées et isolées, contribuant ainsi au développement économique global du continent.
Vous soulignez que la simple amélioration de l’environnement institutionnel et commercial ne suffit pas. Que faut-il entendre par-là ?
Par exemple, bien que le temps nécessaire pour démarrer une entreprise en Afrique ait été réduit de manière significative, passant à une moyenne de 21,5 jours, il reste le plus long au monde. De même, les coûts associés à la création d’entreprise sont parmi les plus élevés à l’échelle mondiale, dépassant ceux de régions développées comme l’Amérique du Nord et l’Europe.
En résumé, promouvoir efficacement l’entrepreneuriat en Afrique nécessite une stratégie intégrée qui embrasse à la fois les facteurs individuels et contextuels, créant ainsi un écosystème entrepreneurial dynamique et résilient. Cette approche globale est indispensable pour transformer les potentiels en succès tangibles et soutenir la croissance économique sur le continent. Lire l’intégralité de l’interview sur lopinion.ma