Etincelante sur «Al Aoula» dans « Dar Nsa », la série réalisée par Samia Akariou, l’actrice et auteure mène une respectueuse carrière sur les planches comme devant la caméra. Les rôles qu’elle se choisit avec minutie parlent pour elle. Pourtant, quelques fracassés du crâne essayent de la déstabiliser sur la toile. En vain.
Mais dans le lot, il y a quelques étincelles, des lueurs et par moments des lumières. Seulement, lorsqu’on ne voit que la moitié vide du verre… On imagine ces hordes au QI excluant l’intelligence se frotter les débris de neurones dont elles disposent avant même l’avènement d’un mois dont la durée n’excède pas les trente jours. Et vlan ! Dès le premier soir, les avis de ces experts en tout-ce quibouge fusent, anéantissant avant jugement sur pièces des créations qui valent largement l’attention.
Et nous arrivons à cette chère Nora Skalli, cible incompréhensible d’une armada de frustes, fiers de réduire en poudre du sucre sur un dos ferme et bien construit. « Elle en fait trop », « Elle pleurniche sans discontinuer », « Elle s’emporte et crie sans réelles raisons », « Elle ne peut pas cumuler plusieurs fonctions : actrice, scénariste, dialoguiste… », « Ses épaules ne supportent pas le personnage d’Amina ». C’est en ces termes et autres joyeux qualificatifs que ceux qui la dénigrent l’habillent en regardant, pourtant, assidument la série. On lui reproche également le choix d’acteurs non originaires du nord du Maroc et auxquels on impose l’accent chamali. Autres incriminations? Lisez, cultivez-vous.
La réalisatrice de « Dar Nsa », Samia Akariou, répond à cette assertion dans l’Opinion du 1er avril lors d’un entretien réalisé par Mariem Lemrajni : « Tanger a servi de décors pour notre récit fictif, qui rassemble des acteurs non natifs de la cité à adopter son accent. Il ne s’agit donc pas d’un documentaire reflétant fidèlement l’héritage de la ville. Les comédiens parlent donc un langage qui ressemble plus ou moins à la région pour compléter le décor, avec un accent chamali simple et accessible. Il est également important de prendre en compte le quota imposé, avec certains annonceurs exigeant des têtes d’affiche pour leurs programmes. Malgré cela, nous avons donné leur chance à de jeunes talents inconnus du grand public.
De plus, il ne faut pas négliger le fait que Tanger est une métropole cosmopolite où résident des personnes originaires de différentes régions du pays. Face à un défi de casting significatif au Maroc, où les acteurs ne dépassent guère la barre des trois cents, le choix s’est porté sur la substance plutôt que sur l’origine. » Ainsi voyonsnous évoluer autour de la poignante Skalli, les talentueuses Meryem Zaïmi, Ibtissam Laaroussi, Fatima Zahra Qanboua et la délicieuse Fatema Naji.
Au cinéma, elle jongle avec « Jésus » de Serge Moal, « Fabula » de Omar Chraïbi, « Amour Voilées » de Aziz Salmi… La carrière de Nora Skalli est menée au compas. Ses choix de rôles sont longuement mûris. Nous nous rappelons, entre autres, de sa prestance quasi-naturelle en 2020 dans « Yakout et Anbar », série qu’elle coécrit avec Samia Akariou et Jawad Lahlou, réalisée par Mohamed Nesrat. Elle brille également dans « Dar El Ghizlane » de Driss Roukh, dernière apparition du regretté Mohamed Bastaoui. Pour le tri dans les propositions quand ce n’est pas elle qui endosse le rôle du scénariste, elle sait s’y prendre.
« Je préfère éviter les rôles de personnages faibles. Pour moi, l’art et le théâtre offrent une plateforme de rêve pour les spectateurs, où la force et la résilience sont valorisées. En mettant en scène des personnages confrontés à des défis et faisant preuve de courage, je souhaite inspirer le public à s’identifier à des figures courageuses. Il est essentiel que mes personnages ne représentent pas la faiblesse, surtout dans un contexte qui devrait nourrir les aspirations », explique-telle récemment dans une déclaration faite au site de Femmes du Maroc. Une dame de caractère qui croit en « Sky is the limit ».