a
a
HomeActualités du NetSahara : Le Conseil de Sécurité face au marasme du processus politique

Sahara : Le Conseil de Sécurité face au marasme du processus politique

Sahara : Le Conseil de Sécurité face au marasme du processus politique

Le Conseil de Sécurité s’apprête à entendre Staffan De Mistura et le chef de la MINURSO sur l’évolution de la situation au Sahara au moment où le processus politique est toujours au point mort. Décryptage.

La machine redémarre. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a programmé au cours du mois d’avril une séance de briefing pendant laquelle les Etats membres prendront acte des exposés de l’Envoyé personnel du Secrétaire Général des Nations Unies pour le Sahara, Staffan De Mistura, et du Représentant spécial pour le Sahara et Chef de la MINURSO, Alexander Ivanko. 

Il s’agit d’une réunion routinière tenue à huis clos. Les États membres prennent acte de l’évolution de la situation sur le terrain tout en menant des consultations. Rien de nouveau dans le fond sauf que cette réunion se tiendra pour la première fois en présence de l’Algérie qui siège au Conseil de Sécurité en tant que membre non permanent depuis janvier 2024. Alger y siègera pendant un an sachant que son mandat échoit en janvier 2025. 

 

La MINURSO face à ses contraintes 
Le patron de la MINURSO est censé éclairer le Conseil de Sécurité sur la situation sur le terrain au moment où les casques bleus peinent toujours à accomplir convenablement leur mission et à se déplacer librement dans la zone tampon à cause des obstacles dressés par le Polisario. Dans son rapport annuel, le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres, a clairement souligné que les opérations de la MINURSO demeurent entravées, notamment en ce qui concerne la logistique et le réapprovisionnement. Les obstacles furent tellement nombreux en 2023 que les casques bleus ont failli cesser d’accomplir leur mission. Les restrictions imposées à la libre circulation furent telles que la mission onusienne était incapable de ravitailler ses bases d’opérations situées à l’Est du mur de sable. La menace était trop grande pour se hasarder à poursuivre les déplacements.  Ce qui a poussé le personnel de la MINURSO à admettre finalement que la conduite des convois terrestres demeurait très risquée dans des circonstances pareilles. En témoigne ce qui s’est passé le 22 mars 2023, lorsqu’une vingtaine de miliciens du Polisario ont barré la route aux casques bleus dans la localité de Mehaires. Résultats des courses : les réserves de carburant des bases d’opérations situées à l’Est du mur de sable étaient quasiment épuisées. 

Il a fallu un mois pour que le Polisario revienne à la raison pour cesser ses restrictions. Cette situation est jugée intolérable par le Maroc qui n’a jamais admis les agissements du Polisario. L’ambassadeur permanent du Maroc auprès des Nations Unies, Omar Hilale, a fait clairement savoir que le Royaume ne manquerait pas d’agir pour sécuriser la zone tampon si la MINURSO y était chassée par le front séparatiste. Lequel ne s’embarrasse pas de reconnaître ses torts quand il est en difficulté sur le plan politique où il n’a eu de cesse d’accumuler les camouflets. 

 

De Mistura et le syndrome syrien !
Le processus politique sera au cœur de l’exposé de Staffan De Mistura qui  devrait rendre compte de l’évolution du conflit et de la série de consultations qu’il a menées auprès de l’ensemble des acteurs concernés, y compris de son déplacement controversé en Afrique du Sud. Un déplacement réprouvé par la diplomatie marocaine qui s’est indignée de voir l’émissaire onusien aller à Pretoria sans la consulter. C’est ce qu’on apprend d’une interview accordée, le 3 février, par Omar Hilale à la MAP. 

Le Maroc a jugé que l’Afrique du Sud, qui se range partiellement derrière l’Algérie et le Polisario, n’est pas concernée par le conflit et qu’elle n’a aucune légitimité d’y fourrer son nez. Ce “faux pas” de l’émissaire de l’ONU a entaché son image aux yeux du Maroc d’autant plus que les explications de l’ONU, par l’intermédiaire du porte-parole du Secrétaire Général, Stéphane Dujarric, n’étaient pas convaincantes, n’ayant apporté aucun éclairage sur les motivations concrètes de De Mistura. 

Loin des discours officiels, on dit qu’il est déjà disqualifié puisqu’il n’a pas pu atteindre le moindre objectif de sa nomination en trois ans de travail qui n’ont finalement débouché sur aucune avancée concrète sur le plan politique. Staffan De Mistura, un des diplomates les plus respectés dans les salons onusiens, semble égaré et avoir le syndrome syrien. Tout le monde se rappelle son fiasco dans le bourbier syrien où il a été médiateur. En 2018, il est revenu les mains vides d’une série de consultations marathoniennes avec l’opposition syrienne du régime de Bachar El Assad. A moins qu’il puisse trouver une solution miraculeuse, la relance du processus des tables rondes qui demeure l’objectif suprême reste, pour l’instant, loin de portée. De Mistura a, toutefois, pu mener avec succès, du 27 au 31 mars 2023 à New York, des consultations informelles avec l’ensemble des parties concernées, à savoir le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie, ainsi qu’avec les membres du Groupe des amis du Sahara tels que la France, la Russie, l’Espagne, le Royaume-Uni et les États-Unis. C’est l’unique réalisation palpable de l’émissaire onusien qui donne, pour autant, l’impression de tourner en rond. 

Selon un communiqué des Nations Unies, les membres du Conseil de Sécurité devraient durant ces consultations examiner le processus politique et les perspectives de son relancement. “L’enjeu est de savoir comment amener toutes les parties à la table des négociations”, souligne la même source. L’émissaire onusien a, jusqu’à présent, échoué à relancer le processus des tables rondes tel que prôné par les Résolutions du Conseil de Sécurité. De Mistura se heurte au refus catégorique de l’Algérie d’y participer au moment où le Polisario est en perte de crédibilité après son retrait de l’accord de cessez-le-feu, en 2020, et son recours aux attentats terroristes.  

 

Radicalisation du Polisario
La radicalisation de plus de plus visible du front séparatiste inquiète les Nations Unies, selon lesquelles la situation au Sahara a continué à se caractériser par “des tensions et des hostilités de faible intensité”. Incapable de mener la guerre fictive qu’il ne cesse de vendre sur les médias et neutralisé face au mur de la défense, le Polisario, rappelons-le, a multiplié les attaques terroristes, dont celle du 29 octobre contre Smara qui a fait quatre victimes, dont un mort. 

Rappelons que le 30 octobre 2023, le Conseil de Sécurité a adopté la Résolution 2703, renouvelant le mandat de la MINURSO pour une année supplémentaire, jusqu’au 31 octobre, avec 13 voix pour et deux abstentions. Le Mozambique et la Russie s’étaient opposés au texte de la Résolution rédigé par les Etats-Unis. Moscou a appelé à des négociations directes tandis que la France et les Etats-Unis, qui soutiennent le plan d’autonomie, plaident pour la reprise des tables rondes. En agonie, ce processus lancé par l’ancien envoyé personnel, Horst Köhler, en 2018 et 2019, peine à ressusciter puisque l’Algérie, principale partie au conflit, refuse d’y prendre part à nouveau sous prétexte qu’il soit obsolète. Convaincre l’Algérie demeure le plus grand défi de De Mistura.