En ces jours saints du quatrième pilier de l’Islam, les fidèles convergent vers la mosquée Mohammed VI de Benslimane, dès l’appel du muezzin pour la quatrième prière de la journée et pour les tarawihs.
En ces soirées de Ramadan empreintes de recueillement, seule la dévotion au Créateur fait loi. Les files des prieurs se succèdent dans un ordre troublant. La sérénité et la spiritualité sont les seuls mots d’ordre.
A la salle des femmes, les fidèles ne miment pas mot mais ont tout de même recours au mime en cas de force majeure, comme pour céder la place aux retardataires ou pour transmettre un chapelet ou un coran à une voisine.
Une mosquée en pleine verdure
Construite en 2014 par le célèbre architecte Mohammed Fikri Benabdellah, cette mosquée, valant le pactole de 7.504.857 dirhams, s’inscrit dans le programme gouvernemental d’équipement socio-culturel faisant, à son tour, partie d’un programme résidentiel et d’infrastructure militaire réalisé sur le site de la base aérienne de la Ville Verte.
Sise à proximité d’un grand jardin public, elle constitue un repère géographique étant donné qu’elle se situe au niveau de la nouvelle rocade qui relie Benslimane à Mohammedia.
Grande et imposante, elle s’étend sur une superficie de 1950 m². En tout et pour tout, ce temple englobe trois aires de prière, l’une située en rez-de-chaussée (800 fidèles), la deuxième destinée aux femmes à l’étage (200 fidèles). Quant à la dernière, elle se trouve sur les abords extérieurs aménagés, pour les prières de jours de forte affluence, comme les vendredis, les tarawihs, les prières rogatoires et celles des jours de fêtes.
Une école coranique, plusieurs commerces et des logements de fonction complètent les extensions de la mosquée. La composition des espaces repose sur un axe de symétrie qui associe l’entrée de la mosquée, son « sahn » principal, et enfin la nef centrale qui conduit au mihrab et à sa façade intérieure, mêlant marbre blanc et plâtre sculpté.
De manière tout à fait intentionnelle, et contrairement à la coutume en vigueur pour ce type d’édifice, l’espace est clos et comporte essentiellement de hautes ouvertures, ce qui permet de focaliser la perception des fidèles sur l’intégrité de l’espace principal de prière, ainsi que sur le mihrab. Somme toute, la conception du projet associe la sérénité de l’espace de prière principal à son étendue par le biais d’esplanades extérieures végétalisées.
Houda BELABD
Les vitraux de la Mosquée Mohammed VI laissent passer en toute transparence la lumière du jour. La prière, par sa nature même, se pratique dans les déserts, sur les flancs des montagnes et au bord des routes. Le seul aspect fondamental de cet acte de piété est la relation entre le croyant et son Créateur, quel que soit le lieu, qu’il soit construit ou non. Le maître d’ouvrage a, donc, tenu compte de cette volonté d’ouverture et de mise en transparence qui manifeste aussi le souhait d’apaiser et d’ouvrir optiquement le fidèle à l’environnement extérieur. De ce fait, les contraintes liées à la sédimentation des composantes des tissus urbains traditionnels, avec des maisons et des équipements adossés les uns aux autres, ne se posent pas dans ce cas.