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SMIAR : Comment le Maroc assure-t-il sa sécurité alimentaire ?

SMIAR : Comment le Maroc assure-t-il sa sécurité alimentaire ?

Le Royaume dépend beaucoup du marché extérieur afin d’assurer son approvisionnement en denrées vivrières en évitant ainsi les menaces sur la sécurité alimentaire lors des périodes difficiles de récolte. Depuis fin 2023, la Russie est devenue l’un des principaux fournisseurs de blé du Maroc.

Les conditions météorologiques sèches et prolongées suscitent des inquiétudes au Maroc quant à la production céréalière de 2024. C’est ce qui ressort d’une synthèse actualisée sur la situation de la sécurité alimentaire, récemment publiée par le Système mondial d’information et d’alerte rapide (SMIAR).
 
« Les semis des cultures d’hiver 2024, presque entièrement pluviales, se sont achevés en décembre dernier. Malgré quelques pluies en février, les cumuls de précipitations ont été inférieurs à la moyenne jusqu’au début du mois de mars 2024, ce qui, avec des températures supérieures à la moyenne, a entraîné des conditions de sécheresse généralisées », fait savoir l’institution relevant de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO).
 
Les déficits d’humidité du sol ont causé un stress sévère aux cultures pendant leur phase végétative, ajoute la même source, lit-on dans le document. Et de poursuivre que les niveaux d’eau des principaux barrages sont restés cependant faibles par rapport à la moyenne, limitant la disponibilité de l’eau pour l’irrigation. Compte tenu de la situation climatique actuelle, les perspectives de production des cultures d’hiver 2024 sont défavorables, estime le SMIAR.
 
La production céréalière totale en 2023 est estimée à environ 5,6 millions de tonnes, avec une reprise substantielle par rapport à la récolte de 2022 qui a été affectée par une grave sécheresse, mais qui reste environ 15% inférieure à la moyenne quinquennale en raison de conditions météorologiques sèches généralisées et prolongées, indique le SMIAR. La production de blé et d’orge en 2023 est estimée à 4,1 et 1,3 millions de tonnes, soit environ 17% et 20% respectivement, en dessous de la moyenne quinquennale, ajoute l’organe de la FAO.
 
Blé russe
 
Compte tenu de la production inférieure à la moyenne de 2023, indique la même source, les besoins d’importations céréalières pour 2023/2024 (juillet/juin) devraient s’établir à 9,9 millions de tonnes, soit environ 24% de plus que la moyenne quinquennale. Le blé représente environ 60% des importations céréalières et les importations sont estimées à 6,1 millions de tonnes, soit près de 22% de plus que la moyenne quinquennale.
 
Pour faire face à la baisse de la production céréalière et couvrir ses besoins de consommation, le Royaume s’est trouvé alors contraint de s’orienter surtout vers le marché russe. « Depuis fin 2023, la part des importations de blé en provenance de la Fédération de Russie a commencé à augmenter, parallèlement à une diminution des importations en provenance de l’Union Européenne », fait savoir le SMIAR.
 
Il fait rappeler, d’autre part, que le Royaume a suspendu, depuis novembre 2021, les droits d’importation sur le blé tendre et dur pour encourager la constitution de stocks. En décembre 2023, le gouvernement a introduit des subventions à l’importation du blé tendre utilisé pour produire du pain et ces subventions devraient être en place jusqu’en avril 2024.
 
Fin janvier 2024, l’Exécutif a également mis en place un mécanisme pour constituer des stocks de blé en mettant en place une subvention au stockage de 2,5 DH/quintal de blé stocké tous les 15 jours.
 
Inflation des prix alimentaires
 
En outre, dans cette note de recherche, le SMIAR révèle que, malgré le taux élevé de dépendance du pays aux importations, la transmission des prix internationaux élevés sur les marchés intérieurs est atténuée par les subventions gouvernementales. Dans le but de préserver le pouvoir d’achat des Marocains, le gouvernement prévoit de continuer à subventionner les prix de la farine de blé tendre, du sucre et du gaz butane en 2024.
 
Le SMIAR souligne, au passage, que le taux d’inflation annuel était estimé à 2,3% en janvier 2024 suite à une baisse progressive des niveaux de prix par rapport aux 10% environ enregistrés en février 2023. L’inflation annuelle des produits alimentaires était estimée à 4,3% en janvier 2024, en baisse constante depuis le pic de 20% en février 2023, souligne la même source.
 
Force est de préciser que cette note de recherche du SMIAR n’a pas pris en considération les fortes pluies actuelles qui se sont abattues sur la majorité des régions agricoles du pays. Des précipitations qui auront, c’est certain, un impact positif sur l’amélioration de la production agricole, notamment les cultures de printemps et le fourrage pour bétail.
Elles devraient, de même, renforcer la nappe phréatique et les réserves hydriques au niveau des barrages nationaux.
 

 

A.CHANNAJE