La première version incrimine un ami du poète, musulman d’origine juive, qui procéda à la vente de la maison à l’insu de son propriétaire qui lui aurait même, dit-on, établi une procuration. La deuxième version raconte que El Alami, qui était excessivement généreux et dépensier, s’est trouvé un jour à court d’argent et se résolut à vendre sa demeure.
La troisième version, celle qui parait la plus plausible, avance que « les notables de la ville l’avaient convaincu de faire don de sa maison pour permettre l’élargissement de la mosquée mitoyenne. Lorsqu’il la leur donna, ils renoncèrent à l’annexer à la mosquée mais la gardèrent.
El Alami fut alors pris des plus grands regrets et composa sa fameuse qasida ou il décrit son nouvel état d’errance ». Le poète finit par récupérer la maison familiale (on ne sait si elle fut rachetée pour lui par le roi ou par un de ses disciples) où se trouvent actuellement son tombeau et celui de sa sœur dans un vieux quartier de Meknès appelé 9oubette Essou9 », plus précisément dans le célèbre Derb Sidi Boutib ».
Le doyen du zajal marocain, Sidi Kadour El Alami, se distingue par la chasteté de ses penchants. Son idéal ne reflète que la grandeur et la perfection divine. Pour lui, la chair est un « fiel destructeur » du « merveilleux miel » que donne l’amour pur, l’amour qui satisfait la sensibilité morale et esthétique. La « sensualité flétrit toute fleur. Elle ne laisse que le douloureux souvenir des sensations amères », explique-t-il. Cette conception pure, céleste, a valu à Sidi Kadour El Alami l’auréole de la sainteté.