Revendications
Selon un communiqué de la centrale syndicale, « cette réunion intervient dans un contexte particulier marqué par des conditions de vie difficiles des employés et des fonctionnaires, du fait de la hausse des prix et de la faiblesse et de la stagnation des salaires ». A ce propos, « les représentants de l’UMT ont appelé à l’approbation d’une augmentation générale des salaires dans les secteurs privé et public afin de minimiser l’impact de l’inflation massive que connaît notre pays sur le pouvoir d’achat des salariés et des fonctionnaires et à la réduction de la pression fiscale sur les salaires en révisant les tranches de l’impôt sur le revenu tout en réclamant une hausse du salaire minimum à 5.000 dirhams et la revalorisation des retraites en fonction de l’augmentation du coût de la vie ».
Le communiqué exige également «l’ouverture des dialogues sectoriels et le respect du droit des employés à la négociation collective, en tant que droit international et constitutionnel destiné à régler les revendications soulevées et à parvenir à des accords équitables ».
« L’ouverture des dialogues catégoriels dans la fonction publique, telles les catégories de professionnels, de techniciens et d’ingénieurs, conformément aux principes d’équité et d’égalité salariales », a également été soulevée par l’UMT.
Rejet
En ce qui concerne la réforme du système de retraite telle qu’elle a été proposée par le gouvernement, le syndicat a exprimé « son rejet de toute réforme restrictive qui mettrait en péril la compétitivité de l’économie marocaine et les acquis des salariés et des travailleurs inscrits au régime de retraite, en augmentant les cotisations et en réduisant la valeur des pensions ». L’UMT a également réitéré «son rejet de la réforme de l’assurance vieillesse et celle d’invalidité ainsi que du relèvement obligatoire de l’âge de la retraite à 65 ans en lui donnant un caractère volontaire ».
S’agissant du projet de loi organique sur la grève, l’UMT a exprimé « une fois encore sa réticence totale vis-à-vis de tout projet visant à confisquer le droit constitutionnel de grève, en tant que mécanisme de défense des revendications justes et légitimes de la classe ouvrière ou à le restreindre pour le vider de toute symbolique militante. Le syndicat dit, cependant, être prêt à étudier toutes les formules appropriées pour assurer l’exercice de ce droit dans le cadre d’une loi équilibrée ».
Prudence
Toutefois, les négociateurs de l’UMT restent prudents et estiment que « la valeur du dialogue réside dans ses résultats et dans la mise en œuvre de ces derniers », tout en rappelant à cet égard le manque d’engagement du gouvernement sur certains points.
Miloudi Moukharik, SG de l’UMT, nous a rappelé, à ce propos, que lors de la signature de l’accord du 30 avril 2022, le gouvernement s’était engagé sur plusieurs points tels que la revalorisation du Smic de 10%, l’augmentation générale des salaires, la baisse de l’IR et l’annulation du cumul de 3240 jours comme condition pour bénéficier de la pension retraite. « Ainsi, pour l’IR, le gouvernement n’a pas donné suite à notre revendication. Idem pour l’augmentation des salaires qui n’a pas été actée dans la loi des Finances de 2024.
S’agissant de l’annulation de la condition de 3240 jours, ni le ministère des Finances ni la direction de la CNSS n’ont pris les mesures nécessaires pour appliquer cet engagement. Pour nous, ce désengagement a été difficile à avaler et a été considéré comme absurde puisqu’il s’agit de l’argent des salariés et non pas du gouvernement.
Et il a fallu organiser une grève devant la CNSS pour dénoncer les 18 mois de retard dans l’application de cet engagement », a-t-il expliqué. Et de préciser : « Dans ce sens, nous avons informé le gouvernement qu’on n’entamerait aucun dialogue avant d’avoir des explications concernant l’application de cette mesure. Malheureusement, nous n’avons eu que des réponses évasives. Mais nous avons été informés dernièrement que le texte concernant cette mesure sera présenté au Parlement au mois d’avril prochain ».
Volonté
En outre, le SG de l’UMT nous a confié que sa centrale syndicale a entamé les discussions avec l’exécutif dans le but « d’arracher » une hausse des salaires, et une baisse de l’impôt sur les salaires parce que 75% des revenus de l’impôt proviennent de l’IR. « Les salariés sont les seuls à payer leurs impôts à la source sans évasion fiscale.
Le reste, à savoir les professions libérales, bénéficie d’un système déclaratif qui n’est soumis à aucun contrôle. Il s’agit bien d’injustice fiscale alors qu’il y a des recommandations des Assises de fiscalité dans ce sens. Pour nous, c’est une question de vie ou de mort. C’est inacceptable que les riches ne payent pas des impôts alors que les salariés pauvres paient à la source », nous a-t-il indiqué. Et de poursuivre : « La semaine prochaine, on aura l’occasion de débattre des questions techniques relatives à la hausse des salaires (la somme et la manière de distribution) ».
Miloudi Moukharik a indiqué, en outre, que le round de mardi a démontré une volonté de la part du chef du gouvernement à faire aboutir le dialogue social. Toutefois, il a tenu à préciser que l’exécutif ne donne rien gratuitement et qu’une autre logique guide son action. Selon lui, le gouvernement tentera, en échange, de faire passer la loi sur la grève et la réforme de la retraite. « Nous n’avons aucun problème à faire passer ses lois, mais à condition que le gouvernement lève le voile sur les Caisses de retraite déficitaires et nous dit où sont passées les parts de cotisation des salariés», a-t-il conclu.
Hassan Bentaleb