« Dans mon dernier souvenir, je pose comme ça », montre Lucie, qui se cambre un peu devant la cour criminelle de Paris, place ses mains derrière la tête. La suite, raconte au procès du « violeur de Tinder » la jeune femme convaincue d’avoir été « droguée » : du flou, et des va-et-vient.
Lucie avait 18 ans depuis cinq mois ce printemps 2016. Elle posait parfois pour des photographes – « ça me permettait de me sentir bien avec moi-même », dit-elle, courbée à la barre. Quand Salim Berrada, 10 ans de plus, lui a proposé de venir se faire photographier le soir, elle a menti à ses parents: « ils ne m’auraient pas laissé sortir si tard pour aller faire des photos chez un inconnu ». Sur place, il y a déjà un verre de servi, « un shooter de vodka ».
La séance photo commence, Lucie se sent tout à coup « un peu euphorique », et n’arrive plus à décrocher le large sourire figé sur son visage – la jeune femme aux traits encore enfantins, cheveux coiffés en tresse, le mime aussi pour la cour.
Après la dernière « pose » dont elle se souvient… « ouh là, je me sens pas bien », décrit-elle. « J’ai très chaud, des acouphènes dans la tête, j’entends plus rien ».
« J’ai l’image de la tête de Salim, qui est sur moi », poursuit Lucie. « J’arrive pas à bouger, et j’ai sa tête qui fait comme ça ». Elle mime des va-et-vient. Nouveau flash de souvenir dans un taxi, le suivant quand elle se réveille chez elle, dans la chambre qu’elle partage avec son petit frère.
« Même si je suis dans le déni pendant plusieurs mois je sais qu’il m’a violée. Donc je vais à la pharmacie, je prends la pilule du lendemain ».
L’été suivant, Lucie essaie l’ecstasy en soirée, reconnaît les effets. « C’est là que j’ai compris que j’avais été droguée ».
La « soumission chimique » comme circonstance aggravante du viol n’existe dans la loi que depuis 2018, Salim Berrada n’est donc pas jugé pour cela. Mais le ministère public est persuadé qu’une grande partie des 17 femmes qui l’accusent de viol et d’agression sexuelle ont été droguées.
Lui n’admet que des relations « consenties » avec des femmes qu’il traitait de manière « abjecte », reconnaît-il tout au plus. Mais la drogue dans les verres d’alcool toujours très sucré (vodka caramel, Limoncello) qu’il leur tendait: « Jamais », jure l’accusé de 38 ans.
La semaine dernière, une experte en toxicologie était venue expliquer que les traces de drogue disparaissaient du sang et des urines au bout de quelques heures ou jours, mais qu’on pouvait les retrouver pendant plusieurs mois dans les cheveux. Et les dater, en tout cas pendant un an ou 200 shampoings: les cheveux poussent d’environ un centimètre par mois alors en fonction de la localisation d’une molécule sur le « tronçon » de cheveu, on peut avoir une estimation du moment de l’ingestion.
Chez une grande partie des plaignantes on a retrouvé des traces correspondantes de molécules utilisées dans les antidépresseurs, médicaments pour les allergies, ou de MDMA.
« A chaque fois », note le président Thierry Fusina, les effets décrits – empathie, euphorie, somnolence ou nausées – correspondent aux produits retrouvés.
Charline avait vu « la lumière de plus en plus fort », et s’était mise à vomir. « Ca ne l’arrête pas », décrit-elle à la barre.
« Je sens que je suis dans un état second, a raconté jeudi Solène, voix claire et corps tremblant à la barre. Après une fellation imposée, Salim Berrada était parti dans la salle de bain. « Je me suis dit +Sophie, tu vas te lever, tu vas prendre tes affaires…+ Je titube, je réunis mes dernières forces pour essayer de rassembler mes affaires et M. Berrada arrive, m’attrape et je me jette sur le canapé », se rappelle-t-elle. « Je comprends que je vais pas pouvoir m’échapper, que ça va réellement se passer ».
Sans force dans les jambes, Claire avait elle rampé au sol pour ramasser ses affaires après son viol. Il avait « ri », s’est-elle souvenue à la barre. Et avait ajouté: « On dirait que tu tiens pas très bien l’alcool ».
La séance photo commence, Lucie se sent tout à coup « un peu euphorique », et n’arrive plus à décrocher le large sourire figé sur son visage – la jeune femme aux traits encore enfantins, cheveux coiffés en tresse, le mime aussi pour la cour.
Après la dernière « pose » dont elle se souvient… « ouh là, je me sens pas bien », décrit-elle. « J’ai très chaud, des acouphènes dans la tête, j’entends plus rien ».
« J’ai l’image de la tête de Salim, qui est sur moi », poursuit Lucie. « J’arrive pas à bouger, et j’ai sa tête qui fait comme ça ». Elle mime des va-et-vient. Nouveau flash de souvenir dans un taxi, le suivant quand elle se réveille chez elle, dans la chambre qu’elle partage avec son petit frère.
« Même si je suis dans le déni pendant plusieurs mois je sais qu’il m’a violée. Donc je vais à la pharmacie, je prends la pilule du lendemain ».
L’été suivant, Lucie essaie l’ecstasy en soirée, reconnaît les effets. « C’est là que j’ai compris que j’avais été droguée ».
La « soumission chimique » comme circonstance aggravante du viol n’existe dans la loi que depuis 2018, Salim Berrada n’est donc pas jugé pour cela. Mais le ministère public est persuadé qu’une grande partie des 17 femmes qui l’accusent de viol et d’agression sexuelle ont été droguées.
Lui n’admet que des relations « consenties » avec des femmes qu’il traitait de manière « abjecte », reconnaît-il tout au plus. Mais la drogue dans les verres d’alcool toujours très sucré (vodka caramel, Limoncello) qu’il leur tendait: « Jamais », jure l’accusé de 38 ans.
La semaine dernière, une experte en toxicologie était venue expliquer que les traces de drogue disparaissaient du sang et des urines au bout de quelques heures ou jours, mais qu’on pouvait les retrouver pendant plusieurs mois dans les cheveux. Et les dater, en tout cas pendant un an ou 200 shampoings: les cheveux poussent d’environ un centimètre par mois alors en fonction de la localisation d’une molécule sur le « tronçon » de cheveu, on peut avoir une estimation du moment de l’ingestion.
Chez une grande partie des plaignantes on a retrouvé des traces correspondantes de molécules utilisées dans les antidépresseurs, médicaments pour les allergies, ou de MDMA.
« A chaque fois », note le président Thierry Fusina, les effets décrits – empathie, euphorie, somnolence ou nausées – correspondent aux produits retrouvés.
Charline avait vu « la lumière de plus en plus fort », et s’était mise à vomir. « Ca ne l’arrête pas », décrit-elle à la barre.
« Je sens que je suis dans un état second, a raconté jeudi Solène, voix claire et corps tremblant à la barre. Après une fellation imposée, Salim Berrada était parti dans la salle de bain. « Je me suis dit +Sophie, tu vas te lever, tu vas prendre tes affaires…+ Je titube, je réunis mes dernières forces pour essayer de rassembler mes affaires et M. Berrada arrive, m’attrape et je me jette sur le canapé », se rappelle-t-elle. « Je comprends que je vais pas pouvoir m’échapper, que ça va réellement se passer ».
Sans force dans les jambes, Claire avait elle rampé au sol pour ramasser ses affaires après son viol. Il avait « ri », s’est-elle souvenue à la barre. Et avait ajouté: « On dirait que tu tiens pas très bien l’alcool ».