Angoisses, claustrophobie, troubles de l’équilibre, irritabilité, maux de tête, dépression, agoraphobie… Yahé a raccroché depuis bientôt dix ans, sur ordre médical, mais les séquelles des chocs reçus sur les terrains ont longtemps pourri son quotidien. Je vis avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, parce qu’on m’a dit que les maladies neurologiques pouvaient arriver après 40 ans et que j’en ai peur « Je me suis habituée à ne plus pouvoir faire certaines choses », témoigne-t-elle. « Je vis avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, parce qu’on m’a dit que les maladies neurologiques pouvaient arriver après 40 ans et que j’en ai peur ».
Antoine Burban, ancien troisième ligne international du Stade français dont la carrière a également été stoppée, en 2022, par un enchaînement de commotions, évoque lui des pertes de mémoire, des difficultés à trouver le sommeil et des sautes d’humeur permanentes.
« Mes enfants, qui ont 5 et 6 ans, ne comprennent pas comment je peux me mettre dans une colère noire dès qu’il y a un truc qui traîne à la maison », raconte-t-il, les larmes aux yeux. « On ne peut pas se préparer à avoir du jour au lendemain une autre personne dans la tête. »
Yahé et Burban ont démarré en décembre un traitement expérimental, à raison de séances hebdomadaires de 20 minutes coiffés d’un casque diffusant différentes sources de lumière, notamment infrarouge, en direction du cerveau.
« Je retrouve depuis une vie à peu près normale », affirme Burban. « Ce n’est pas fini, il me reste des symptômes. Mais je sais que je peux passer une journée entière avec mes enfants sans me mettre en colère, que je ne vais pas potentiellement leur faire peur. »
Devenue consultante sur Canal+, Yahé a de son côté arrêté les médicaments qu’elle avait l’habitude de prendre avant de commenter les matches. Elle a retrouvé de la stabilité et ses vertiges ont disparu.
« Je regrette juste qu’ils n’aient pas créé ça dix ans en arrière », dit-elle. « Au vu des résultats aujourd’hui, on m’aurait certainement redonné ma licence. C’est une énorme avancée. »
La gardienne de l’équipe de France de handball Cléopâtre Darleux en a également bénéficié et s’apprête à reprendre la compétition après plus d’un an sans jouer. « C’était un peu le protocole de la dernière chance et ça a marché », se félicite la championne olympique.
Médecin auprès du club de rugby professionnel de Montpellier, le Dr Philippe Malafosse a eu le premier l’idée d’utiliser pour les commotions une technologie développée à l’origine par la société RegenLife pour lutter contre les maladies neurodégénératives, dont Alzheimer.
Avec le neurologue Jean-François Chermann à Paris, ils ont traité une cinquantaine de sportifs et analysé l’évolution de leurs symptômes et de leurs données, notamment visuelles et posturales.
« J’étais perplexe avant de commencer cette étude, mais je dois reconnaître que les premiers résultats sont très encourageants », note le Dr Chermann, spécialiste des commotions dans le sport.
« On débloque en une séance des dossiers anciens. C’est incroyable », s’étonne le Dr Malafosse. « On a des hypothèses, mais pas d’explications, si ce n’est qu’on a remis en circuit des fonctions qui étaient inhibées. »
Directeur de RegenLife, une entreprise de technologie médicale fondée il y a huit ans dans la région montpelliéraine, le Dr Patrice Cristofini explique que la photobiomodulation (stimulation lumineuse) agit sur les mitochondries pour « régénérer les cellules malades et calmer le mécanisme neuro-inflammatoire ».
« On est sûr que ça agit. Ce n’est pas invasif, on n’implante pas d’électrodes. Ce n’est pas douloureux et c’est bien toléré, il n’y a pas d’effets secondaires », assure-t-il.
Persuadé de pouvoir « changer la donne » face à « un véritable enjeu de santé publique », RegenLife espère commercialiser d’ici deux ans son drôle de casque lumineux.