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Sommet académique arabe sur l’Eau : Pour une nouvelle approche de gestion hydrique

Sommet académique arabe sur l’Eau : Pour une nouvelle approche de gestion hydrique

Rabat a accueilli du 4 au 7 mars, les travaux du 1er Sommet académique arabe sur l’Eau, sous le thème « Culture et héritage », avec la participation d’éminentes personnalités politiques et scientifiques, nationales et internationales. Organisé par la Faculté des Sciences-Université Mohammed de Rabat et la Fondation MiftahEssaâd pour le Capital immatériel du Maroc, en partenariat avec l’Union pour la Méditerranée (UpM) et l’association Ambassade de l’Eau, ce conclave international a permis de décortiquer la situation hydrique mondiale. À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, les organisateurs du Sommet publient leur déclaration finale, listant une batterie de mesures pour préserver les ressources hydriques.

Nous, enseignants chercheurs, experts, représentants des organisations nationales et internationales et acteurs de la société civile agissant dans le domaine de l’eau réunis à Rabat lors du sommet académique arabe sur l’eau organisé par La Fondation Miftah Essaad pour le Capital Immatériel du Maroc, la Faculté des Sciences de l’Université Mohammed V de Rabat et l’Ambassade de l’eau le 04, 05, 06 et 07 mars 2024, Rappelant que : 
 

A l’échelle mondiale, l’eau revêt une importance cruciale en tant que ressource vitale pour la vie humaine, l’agriculture, l’industrie et l’écosystème dans son ensemble ; ce constat étant tout aussi pertinent pour les pays arabes. 

 

Cette ressource essentielle est confrontée à des défis croissants tels que la rareté, la pollution et les inégalités d’accès.   

 

De nombreux pays arabes, en particulier ceux situés dans des régions arides ou semiarides, souffrent de pénuries d’eau chroniques. Les ressources en eau renouvelables sont limitées, et la demande dépasse souvent l’offre, ce qui entraîne une pression croissante sur les réserves d’eau disponibles. 

 

La gestion des ressources en eau dans de nombreux pays arabes est déficiente, avec des problèmes tels que le gaspillage, la pollution et le manque d’infrastructures appropriées pour le stockage et la distribution de l’eau.  Certains pays arabes dépendent fortement de sources non conventionnelles d’eau, telles que le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées traitées. 

 

Ces solutions non conventionnelles sont coûteuses et énergivores. 

 

Les pays arabes sont particulièrement vulnérables aux impacts des changements climatiques, tels que l’augmentation des températures, les sécheresses plus fréquentes et les événements météorologiques extrêmes. 

 

Des inégalités significatives existent dans l’accès à cette ressource dans de nombreux pays arabes. Les populations rurales et marginalisées sont souvent les plus touchées, avec un accès limité à l’eau potable, à l’assainissement et aux services hygiéniques de base. 

 

Le phénomène impose de nouveaux défis techniques pour le développement des structures d’assainissement et l’eau potable.  

Considérant que des actions ont été entreprises pour faire face au stress hydrique réalisations dans le monde arabe, à savoir :

  Plusieurs pays arabes, notamment les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, le Koweït, le Maroc et le Qatar, ont investi dans des installations de dessalement de l’eau de mer pour répondre à la demande croissante en eau potable et d’irrigation. 

 

Certains pays arabes ont mis en place des systèmes sophistiqués de traitement des eaux usées pour les réutiliser dans l’agriculture, l’industrie et d’autres utilisations non potables.

 

Plusieurs pays arabes ont entrepris la construction de barrages et de réservoirs pour stocker l’eau de pluie et gérer les ressources en eau de manière plus efficace. Par exemple, le Maroc en plus de sa politique volontariste de construction des barrages, a réalisé l’autoroute de l’eau ; l’Égypte a construit le barrage d’Assouan sur le Nil pour contrôler les crues et fournir de l’eau pour l’irrigation. 

 

Des campagnes de sensibilisation et des programmes de conservation de l’eau ont été lancés dans de nombreux pays arabes pour encourager une utilisation plus responsable de cette ressource précieuse. Ces initiatives comprennent des mesures telles que la réparation des fuites, l’adoption de technologies d’irrigation efficaces et la promotion de comportements économes en eau. 

 

Certains pays arabes ont développé des initiatives de coopération régionale pour gérer efficacement les ressources en eau transfrontalières. Par exemple, des accords ont été conclus entre les pays du bassin du Nil pour réglementer l’utilisation de l’eau du fleuve.

 
Remémorant que : 
 

Les oasis et les régions arides du monde arabe ont longtemps utilisé des techniques d’irrigation traditionnelles telles que les qanats, les foggaras, les khettaras et les falajs. Ces systèmes ingénieux permettent de capter et de transporter l’eau souterraine vers les zones agricoles, permettant ainsi une utilisation efficace de l’eau pour l’irrigation des cultures. 

 

Dans de nombreuses communautés arabes, la gestion de l’eau est traditionnellement organisée de manière collective, avec des systèmes de partage et d’allocation de l’eau basés sur des règles sociales et culturelles bien établies. Ces pratiques favorisent la coopération et la solidarité entre les membres de la communauté et contribuent à une utilisation équitable et durable de l’eau. 

 

Les habitants des régions arides du monde arabe ont développé des techniques sophistiquées pour collecter et stocker l’eau de pluie pendant les saisons humides. Des systèmes de collecte d’eau de pluie, tels que les citernes et les réservoirs, sont utilisés pour stocker l’eau pour une utilisation ultérieure pendant les périodes de sécheresse. 

 

Les pratiques agricoles traditionnelles dans le monde arabe, telles que l’agroforesterie, la rotation des cultures et l’utilisation de cultures résistantes à la sécheresse, sont souvent plus durables et respectueuses de l’environnement que les méthodes modernes intensives. Ces pratiques préservent la fertilité du sol, réduisent l’érosion et minimisent l’utilisation d’intrants chimiques et d’eau.  

Appelant à : 

  Maintenir et valoriser le savoir-faire des méthodes d’irrigation traditionnelles et valoriser ces connaissances et compétences, qui se perpétuent à travers les « Khettaras », également appelés « Kanat », ou « Foggaras ». 

 

Préserver, restaurer et réhabiliter la « Khettara», tout en mettant en place des programmes de formation centrés sur le transfert des connaissances et compétences entre la génération actuelle « Chioukhs des Khettaras ou l’homme trésor selon l’appellation dans les traités internationaux», et la nouvelle génération de résidents intéressés et bénéficiaires de ce patrimoine. 

 

Encourager et investir dans la formation et la sensibilisation en faveur des « Khettaras ».  Œuvrer pour l’inscription du savoir-faire des « Khettaras » au patrimoine universel de l’UNESCO. 

 

Impliquer les jeunes dans la promotion de nos méthodes ancestrales de partage de l’eau.  Adopter des mesures tangibles en faveur des communautés vivant dans les zones oasiennes. 

 

Reconnaître et valoriser les méthodes ancestrales de gestion de l’eau dans le monde arabe comme un modèle de durabilité et de résilience. Ces pratiques traditionnelles, développées au fil des siècles par les populations locales, sont souvent adaptées aux conditions environnementales spécifiques de la région et sont basées sur une utilisation efficace et économe des ressources en eau. 

 

Intégrer ces méthodes ancestrales de gestion de l’eau dans les politiques et les programmes de gestion de l’eau modernes. Les pays arabes peuvent tirer parti de l’expérience et de la sagesse accumulées au fil des générations pour promouvoir une utilisation plus durable et équitable des ressources en eau. Ces pratiques traditionnelles offrent un modèle précieux pour une gestion de l’eau plus résiliente et respectueuse de l’environnement dans le monde arabe et au-delà. 

 

Encourager et entreprendre des recherches scientifiques intensives et des efforts de recherche universitaire visant à comprendre les défis complexes associés à la gestion de l’eau. Cet effort de recherche minutieux s’avérera essentiel pour créer des solutions adaptatives et durables répondant aux besoins en eau du pays tout en préservant cette ressource précieuse pour les générations futures. 

 

Enrichir la formation des futurs experts en eau dans les universités. En mettant en œuvre un programme de base dans diverses disciplines des sciences de l’eau telles que l’hydrologie, l’ingénierie de l’eau et la gestion de l’eau, l’université dotera les étudiants des compétences nécessaires pour gérer des projets complexes de gestion liés à l’eau. 

 

Établir, dans l’Université en collaboration avec la société civile, des programmes de sensibilisation et d’éducation du public aux enjeux liés à l’eau. L’Université, avec la société civile, contribuera de manière précieuse à l’information et à la mobilisation de la population sur les problématiques liées à la gestion de l’eau en mettant en place des programmes de sensibilisation, des conférences et des initiatives visant à transmettre les connaissances. Cela aura également pour effet de renforcer la participation et l’implication du public dans la mise en œuvre de résolutions durables. 

 

Adopter de nouveaux systèmes pour la génération, l’accès et l’échange de données et accroitre les capacités de suivi et d’évaluation à la fois de l’offre et de la demande en eau et recourir à des mécanismes automatisés de gestion de crises. Le recours aux technologies géospatiale et satellitaire aiderait à la collecte en temps réel des informations liées à l’offre et à la demande en eau et investir dans des plateformes de données et des outils de surveillance des risques.

 

 Favoriser la coordination et la cohérence entre les secteurs tout en renforcant les approches ascendantes dans la formulation et la mise en œuvre des politiques, en harmonisant les cadres législatifs, en rendant les politiques claires et transparentes en termes d’objectifs, de moyens octroyés, de normes de qualité et veiller à leur application. 

 

Renforcer la responsabilisation, les approches de résolution de problèmes et les mécanismes de suivi et promouvoir l’audit de la gouvernance de l’eau et prévoir des Chambres de l’eau au niveau de l’Organisation juridictionnelle des pays arabes.  Établir des politiques propices à la transition des projets pilotes vers des projets percutants à grande échelle. 

 

Encourager le partenariat public-privé et promouvoir la coopération internationale avec des pays ayant une expertise avérée dans le domaine de l’eau, en particulier, en termes de sobriété hydrique, de mobilisation des énergies renouvelables pour la mise en œuvre des projets de dessalement de l’eau de mer et de gouvernance intelligente du secteur de l’eau. 

 

Améliorer l’accès à un financement climatique et accroitre les investissements dans des projets sur la gestion de l’eau. 

 

Conduire des études d’impacts préalables à l’autorisation de projets agricoles, qui pourraient s’avérer fortement consommateurs de l’eau et non valorisant de cette ressource stratégique  Encourager la coopération régionale et mondiale dans le domaine de la gestion de l’eau. En établissant des collaborations avec des organismes nationaux et internationaux, l’université favorisera le partage de connaissances, partagera les meilleures pratiques et mènera des projets de recherche en collaboration.

 

Ces actions contribueront à renforcer les compétences et à promouvoir une approche collective afin de faire face aux défis mondiaux en matière de gestion de l’eau. 

 

Mettre en place une comptabilité de l’eau, qui associe aux biens finaux ou intermédiaires la quantité nécessaire à leur fabrication et en faisant de la rareté de l’eau un critère d’approbation des projets d’investissement. 

 

Impliquer les jeunes dans la promotion de nos méthodes ancestrales de partage de l’Eau.  Inciter les jeunes à œuvrer pour la gestion intégrée des ressources en eau, dans la recherche et les expériences de terrain. 

 

Bâtir, collectivement avec les jeunes, un réseau fédérateur d’idées, de compétences pour contribuer à la prise en charge des problèmes en relation avec l’eau. 

 

Sensibiliser à l’importance d’opérer une transformation profonde des modes de vie, des modèles nutritionnels et des pratiques individuelles et collectives en faveur de la préservation de l’eau, grâce à la mise en place de campagnes de communication de proximité, tout au long de l’année, à l’intégration de la question de l’eau dans l’éducation nationale en tant que bien commun à préserver et au développement d’un label « économe en eau » pour encourager au respect de l’eau comme ressource rare à économiser. 

 

Faire de l’adaptation au changement climatique un élément majeur de la politique de l’eau et adopter une approche intégrée de type « Nexus Eau-Alimentation- EnergieEcosystème ». 

 

Inciter à la sobriété hydrique dans l’ensemble du système productif, 

 

Créer un centre arabe de l’innovation, qui aurait pour vocation de valoriser la recherche et le développement de nouvelles solutions aux problèmes de l’eau dans la région. 

 

Créer, au Maroc, un Secrétariat Permanent entre les pays arabes, chargé d’assurer la continuité et la promotion des initiatives en faveur de l’eau, au niveau académique et de la société civile.