Selon la récente note d’information du Haut-Commissariat au Plan (HCP), en 2023, la population en âge d’activité a franchi la barre impressionnante des 27,8 millions de personnes. Cependant, près de la moitié des actifs occupés ne disposent pas de qualifications formelles.
La fracture entre les zones urbaines et rurales est nette, avec une baisse plus prononcée du taux d’activité dans les campagnes, s’élevant à 1,8 point. Les femmes, déjà en situation de sous-représentation dans le marché du travail, ont été davantage touchées par cette baisse, avec un recul de 0,8 point de leur taux d’activité.
Les jeunes sont une force motrice importante sur le marché de l’emploi, représentant près de 40% des actifs, avec une présence plus marquée en milieu urbain. Cependant, la précarité de l’emploi demeure, avec près de la moitié des actifs ne disposant pas de qualifications formelles, une proportion plus élevée en zones rurales.
Parmi les 10,5 millions d’actifs occupés, près de 40% résident en milieu rural, tandis que seulement un cinquième sont des femmes. Les jeunes de 15 à 34 ans constituent plus d’un tiers de la population active occupée, soulignant l’importance cruciale de la création d’emplois pour cette tranche d’âge.
Les jeunes sont confrontés à des défis persistants sur le marché du travail, avec un taux d’emploi de seulement 14,5% pour les 15-24 ans. En revanche, la tranche d’âge 35-44 ans affiche un taux d’emploi plus élevé, atteignant 53,8%.
L’agriculture, pilier traditionnel de l’économie marocaine, demeure une force significative, employant 2.947.000 personnes, soit 27,8% de la population active occupée. En revanche, l’industrie, incluant l’artisanat, et le secteur du BTP comptent respectivement 1.296.000 (12,2%) et 1.228.000 (11,6%) travailleurs.
Une plongée plus profonde dans les statistiques révèle des nuances intéressantes. Par exemple, parmi les travailleurs du secteur des « services », près d’un tiers sont actifs dans le commerce, tandis que les services sociaux et le transport représentent chacun environ 12%.
L’examen des milieux de résidence met également en lumière des disparités. En effet, les deux tiers des actifs occupés urbains travaillent dans le secteur des services, tandis qu’en milieu rural, l’agriculture reste le principal pourvoyeur d’emplois, avec 64% des actifs occupés exerçant dans ce secteur vital.
En ce qui concerne les professions, les artisans et ouvriers qualifiés des métiers artisanaux, ainsi que les manœuvres non agricoles et les ouvriers agricoles, dominent le paysage professionnel, représentant ensemble près de 54% de l’ensemble des actifs occupés.
Les aides familiales, une réalité souvent méconnue du marché du travail, représentent une part significative, surtout chez les femmes rurales, où près de 68% de celles-ci sont répertoriées comme telles.
D’autre part, environ 10,2% des travailleurs marocains exercent un emploi de type occasionnel ou saisonnier, une réalité qui témoigne des défis inhérents à la stabilité professionnelle dans certains secteurs. « Cette précarité touche davantage les travailleurs ruraux », signale le HCP.
Plus d’un tiers des travailleurs marocains (35,3%) travaillent plus de 48 heures par semaine, une réalité qui pose des défis en matière de santé et de bien-être. Cette tendance touche particulièrement les hommes et les travailleurs des secteurs des services et du BTP.
Moins d’un tiers des travailleurs marocains bénéficient d’une couverture médicale liée à l’emploi, une réalité qui met en lumière les lacunes persistantes en matière de sécurité sociale et de protection des travailleurs. Cette situation est étroitement liée au niveau de diplôme, soulignant, selon le HCP, les inégalités sociales et économiques qui persistent dans le pays.