Le procès d’un homme « surnommé le violeur de Tinder » s’est ouvert lundi à Paris, accusé d’avoir violé ou agressé sexuellement de nombreuses femmes rencontrées via des applications de rencontre.
Pendant plusieurs heures lundi, le le président de la cour, Thierry Fusina, a lu les récits des 13 femmes l’accusant de viol, et des quatre l’accusant d’agression sexuelle, entre 2015 et 2016.
La « grande similitude » des faits soulignée par les enquêteurs est frappante: des jeunes femmes – la plus jeune n’avait pas 18 ans – souvent contactées sur des sites de rencontre.
Les enquêteurs ont mis en avant le « modus operandi » du photographe qui attirait les femmes chez lui sous prétexte d’un séance photo.
Une « forme d’industrialisation » d’un processus, avec un « cahier des charges précisément décrit dans plusieurs fichiers Excel », où il listait phrases d’accroche, compliments, propositions. Il envoyait « en masse » des sollicitations à de potentielles modèles, en leur proposant des séances à son studio – chez lui.
Ces femmes, à qui Salim Berrada disait qu’elles étaient « uniques », se voyaient offrir de l’alcool, que beaucoup n’osaient pas refuser.
Toutes décrivent une ivresse anormale et rapide. Vient ensuite l’état second, l’impression d’avoir pris des drogues de synthèse. Certaines vomissent, d’autres tombent. Les enquêteurs estiment qu’il y a eu soumission chimique, ce que conteste Salim Berrada.
Toutes racontent le changement de comportement du photographe. Il plaque, maintient aux poignets alors qu’elles répètent qu’elles ne veulent pas, puis les viole.
Sur les bancs du tribunal, plusieurs femmes laissent couler des larmes ou s’effondrent en sanglots quand le président aborde leur récit.
Pendant l’enquête, Salim Berrada avait soutenu que toutes ces relations étaient consenties et mis les plaintes sur le dos de « regrets » a posteriori ou de « concertations » entre plaignantes.
Il avait cependant admis une « addiction au sexe ». Mais devant la cour criminelle départementale de Paris, Salim Berrada, visage fin et juvénile entouré d’une épaisse couronne de cheveux frisés et lunettes rectangulaires, corrige: « Je n’ai pas d’addiction au sexe, mais au fait de susciter le désir ».
Arrivé du Maroc en France à 20 ans, avec « 20 euros en poche » et une place en école d’ingénieurs, il décroche son diplôme puis un contrat à durée indéterminée comme cadre informatique, avant de démissionner rapidement et de se lancer dans la photo.
Après deux ans et demi en prison, Salim Berrada avait été relâché sous contrôle judiciaire en 2019, avec interdiction d’exercer le métier de photographe.
Visé par de nouvelles plaintes pour des faits similaires, il est retourné en détention en juillet dernier.