Allié de taille
Selon un communiqué publié à cette occasion, le Comité national des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes qualifie de «regrettable» la crise qui touche les facultés de médecine et la tension qui a conduit au boycott des examens, des cours théoriques et des apprentissages dans les hôpitaux. Une situation due, selon le Comité national, «au non sérieux des ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur qui refusent de répondre favorablement aux revendications légitimes des étudiants ». Le communiqué du Comité critique, dans ce sens, « l’absence d’un dialogue serein et rationnel loin du langage de menace qui n’a fait qu’empirer davantage la situation».
A ce propos, le Comité s’interroge sur « le sort incertain » de ces médecins, pharmaciens et chirurgiens en devenir, alors que « la situation de pénurie des médecins dans notre pays ne permet pas une telle attitude ». D’autant que ce climat de tension est en contradiction avec les priorités de promotion du secteur de la santé et l’objectif d’améliorer la formation et l’encadrement des médecins, considérés « comme la base de toute amélioration des services sanitaires et de toute opérationnalisation parfaite d’un système de santé performant ».
Face à cet état des lieux, qualifié « d’impasse sociale », le Comité déclare « son solidarité inconditionnelle avec les luttes des étudiants » et remet en cause «l’entêtement du gouvernement », tirant la sonnette d’alarme sur le risque d’«une année blanche vu ses effets néfastes ». Le Comité affiche également son étonnement face à « l’indifférence de l’exécutif vis-à-vis des protestations des étudiants et au fait de nier leurs demandes justes».
A ce propos, il appelle les secteurs gouvernementaux chargés de cette question à « remettre en évaluation leur manière de traiter ce dossier afin d’éviter une année blanche » et à « l’ouverture d’un dialogue sérieux avec les représentants des étudiants en vue de trouver des solutions aux problèmes posés ».
Le Comité renouvelle également son soutien «aux luttes et aux plaidoyers des médecins internes et résidants et exige des réponses à leurs revendications légitimes».
Menace et intimidation
Cette solidarité du Comité national tombe à point nommé vu le climat de tension qui règne actuellement. En témoignent les intimidations auxquelles font face les étudiants en grève afin de les dissuader de protester. Ainsi et, selon le Bureau des étudiants en médecine d’Agadir, les étudiants de cette ville et ceux d’Oujda ont été illégalement interdis de faire le déplacement pour assister à une manifestation nationale devant le Parlement à Rabat, vendredi dernier. « Un bus a été interdit de démarrer de la faculté et deux autres ont été escortés au poste de commissariat avant de rejoindre la gare d’Inzegane où ils ont été abandonnés au milieu de la rue à minuit. Toutefois, les étudiants de ces deux villes ont quand même fait le déplacement et se sont présentés devant le Parlement à Rabat », nous a confié un étudiant en sollicitant l’anonymat. Et d’ajouter que « depuis, le ton ne fait que monter de la part des responsables des facultés ».
En outre, le Bureau des étudiants en médecine d’Agadir a indiqué que dans cette cité, « les étudiants redoublants ont été convoqués à une réunion avec le doyen pour les mettre en garde contre le risque d’exclusion de la faculté en cas d’abstention de passer les examens ». « L’arrêt de la grève des étudiants ne se fera que si une nouvelle session est programmée avec son rattrapage », fait savoir le Bureau des étudiants. Et d’ajouter qu’ « il a été communiqué, jeudi soir, à toutes les facultés que toute activité para-estudiantine ne sera permise qu’en cas d’autorisation écrite de la part du doyen. Une procédure des plus normales sauf que les étudiants gadiris ont été surpris vendredi par la fermeture complète de tout l’établissement ainsi que par l’interdiction d’accès à la bibliothèque et à un séminaire organisé l’après-midi. Pour les étudiants en grève, « il s’agit bien d’un refus de la part des dirigeants de la faculté d’Agadir de toute opportunité d’apprentissage personnel, et ce sans que ces dirigeants ne fournissent la moindre explication et sans qu’il ne se soit passé le moindre incident pour justifier une telle décision ».
« Cette interdiction s’inscrit dans une série de mesures répressives, intensifiées dernièrement, après l’échec du ministère à désinformer et à dérouter l’opinion publique. Nous avons atteint un stade où les négociations avec le ministère sont gelées. Et la communication, qui était déjà superficielle et fragile, a laissé place à une offensive de répression et de pression de la part des administrations des facultés et des autorités. Nous sommes inquiets quant à l’avenir de l’année universitaire, de la faculté et de l’hôpital public, gérés par des cadres administratifs qui réagissent ainsi à des revendications légitimes et si faciles à accorder», conclut le Bureau des étudiants d’Agadir.
Hassan Bentaleb