Rester définitivement en France
Selon le document en question, 4 ans après l’obtention de leur premier titre de séjour, plus de 8 primo-détenteurs sur 10 déclarent souhaiter rester définitivement en France. Ils sont 6% à vouloir rester partiellement, c’est-à-dire vivre entre la France et l’étranger en faisant des allers et retours. Seulement 3% des primo-arrivants (étrangers en situation régulière vis-à-vis du droit au séjour et signataires d’un contrat d’accueil et d’intégration (CAI) ou du nouveau contrat d’intégration républicaine (Cir)), interrogés en 2022 déclarent ne pas souhaiter rester en France (2% pour rentrer dans leur pays d’origine, et 1% pour aller dans un autre pays).
Près de 9 primo-arrivants sur 10 souhaitent acquérir la nationalité française. En 2022, 3% de ceux ayant obtenu un titre de séjour en 2018 l’ont déjà acquise, et 4% déclarent ne pas vouloir la demander. Parmi l’ensemble des primo-arrivants, 77% déclarent vouloir rester définitivement et demander la nationalité.
Le document précise que le projet migratoire varie en fonction du profil des primo-arrivants, en particulier selon le motif de leur admission au séjour et leur origine géographique.
Les primo-arrivants détenteurs d’un titre économique sont 71% à déclarer vouloir rester définitivement sur le territoire en 2022, soit 16 points de moins que ceux détenteurs d’un titre au motif familial, et 18 points de moins que ceux détenteurs d’un titre humanitaire. Toutefois, 12% des nouveaux migrants venus pour des raisons économiques déclarent souhaiter rester partiellement en France. Les détenteurs d’un titre au motif divers sont en majorité des étrangers arrivés mineurs en France, et une partie d’entre eux est toujours scolarisée au moment de l’interrogation.
Par ailleurs, les primo-arrivants originaires des pays du Maghreb, du Moyen-Orient, ou de pays d’Europe déclarent souhaiter rester définitivement plus souvent que la moyenne (respectivement 91%, 91% et 89%). A l’inverse, ceux originaires de pays du sous-continent indien (Inde, Pakistan, Sri Lanka, Bangladesh, Népal ou Bhoutan) souhaitent moins rester en France (respectivement 72% et 61%). Leurs projets ne sont toutefois pas les mêmes : ceux originaires du sous-continent indien déclarent pour 22% d’entre eux vouloir faire des allers et retours avec un autre pays, tandis que ceux originaires d’autres pays d’Asie déclarent ne pas vouloir rester (10%), ou ne savent pas (25%).
Les étudiants ne sont que 3 sur 4 à déclarer souhaiter rester définitivement en France en 2022. Par ailleurs, parmi les primo-arrivants qui étaient étudiants en 2019, ceux ayant obtenu un emploi en 2022 déclarent plus souvent vouloir rester (83%) que ceux qui sont toujours étudiants ou en situation d’inactivité en 2022 (respectivement 75% et 74%).
La situation sur le marché du travail, ainsi que son évolution entre 2019 et 2022 peuvent orienter le projet migratoire des primo-détenteurs. Parmi ceux en emploi en 2022, la volonté de rester en France est proche de la moyenne (83%), mais ils sont 91% qui passent du chômage à l’emploi entre 2019 et 2022, soit 10 points de plus que ceux qui étaient déjà en emploi en 2019.
Les primo-arrivants qui vivent dans des hébergements collectifs ou dans d’autres hébergements non autonomes ou précaires en 2022 déclarent le moins souvent souhaiter rester définitivement en France (77%), soit 11 points de moins que pour les locataires du secteur social (88%).
Les primo-arrivants dont les conditions de logement s’améliorent entre 2019 et 2022 projettent plus souvent de s’installer définitivement. C’est le cas pour ceux qui passent d’un hébergement collectif ou autre situation précaire (foyer de travailleurs, hôtel, lieu non prévu pour l’habitation…) à locataires du secteur privé ou propriétaires (95%) ou bien locataires du secteur social (91%). A l’inverse, ceux pour qui les conditions de logement se dégradent déclarent moins souvent souhaiter rester. Ils ne sont que 45% à avoir ce projet parmi ceux locataires du secteur privé ou propriétaires à loger en hébergement collectif ou dans une autre forme de logement non autonome ou précaire.
Se sentir chez soi
4 ans après l’obtention de leur premier titre de séjour, plus de 9 nouveaux migrants sur 10 se sentent chez eux en France. 67% d’entre eux se déclarent tout à fait d’accord avec l’affirmation « je me sens chez moi en France », et 29% se déclarent plutôt d’accord.
Mais ils ne sont que 6 sur 10 à se sentir perçus comme des Français, et 18% d’entre eux déclarent n’être pas du tout d’accord avec l’affirmation « on me voit comme un Français ». Par ailleurs, seulement 3 primo-arrivants sur 10 sont tout à fait d’accord avec cette affirmation.
Diplôme, langage et marché du travail
¾ des primo-détenteurs d’un titre de séjour ont un diplôme, et plus d’un quart de l’enseignement supérieur. Les femmes sont plus diplômées que les hommes, en particulier du supérieur, quelle que soit leur tranche d’âge. Plus d’un quart des nouveaux immigrés est formé dans le domaine du commerce, de l’administration et du droit. En 2022, 41% des primo-arrivants diplômés de l’enseignement supérieur ont initié une démarche pour faire reconnaître leur diplôme obtenu à l’étranger, avec succès pour la majorité d’entre eux, et 20% ne l’ont pas fait car ils n’en ont pas eu besoin. Parallèlement, 21% ont obtenu leur diplôme en France. Ces derniers occupent plus souvent un emploi que les autres primo-migrants, tandis que ceux n’ayant aucun diplôme se trouvent plus souvent en situation d’inactivité. Enfin, les immigrés diplômés du supérieur souhaitent rester définitivement en France aussi souvent que ceux sans qualification, soit plus de huit primo-arrivants sur dix.
4 ans après leur admission en France, seulement 10% des primo-arrivants rencontrent encore d’extrêmes difficultés de compréhension du français, soit deux fois moins que lors de leur admission. En parallèle, en 2022, 40% des primo-arrivants de 2018 comprennent aisément le français à l’oral. Cette maîtrise est étroitement liée à leur origine, leur niveau de scolarisation, ou encore leur durée de présence en France. Ces facteurs contribuent autant à leur niveau initial, qu’à leur progression les années suivantes. Près de la moitié des personnes les plus en difficulté ont bénéficié de formations linguistiques dispensées dans le cadre du Contrat d’intégration républicaine (CIR), mais plus de 4 sur 10 d’entre elles restent dans l’impossibilité de réaliser les exercices de compréhension de l’oral en 2022.
Les personnes originaires du Maghreb connaissent des difficultés en 2019, mais elles enregistrent une progression plus forte que celles de l’Afrique sahélienne. La part de ceux réussissant plus de 80% des exercices progresse de 29% en 2019 à 47% en 2022 pour les personnes originaires du Maghreb, tandis qu’elle passe de 29% à 39% pour celles d’Afrique sahélienne.
Lors des premières années après l’obtention de leur premier titre de séjour, la situation sur le marché du travail des primo-arrivants s’améliore grandement : 68% occupent un emploi en 2022, soit 14 points de plus qu’en 2019. Au-delà du motif de leur admission en France, le genre, la composition familiale, le niveau de diplôme et l’ancienneté de présence en France de l’immigré jouent un rôle déterminant dans sa quête d’emploi. A l’instar de l’ensemble des actifs occupés de France, les conditions d’emploi diffèrent également selon le profil du primo-arrivant. Les hommes occupent davantage de postes dans l’industrie ou le BTP, comme ouvriers et exercent plus souvent leur activité de nuit. Les femmes travaillent plus souvent dans le tertiaire, en CDD, à temps subi et comme employées. Parmi les femmes inactives et au foyer en 2022, une sur quatre est en recherche active d’emploi.
Hassan Bentaleb