Mohammedia : Vers la renaissance du Parc des Villes Jumelées?

Nous sommes à quelques pas de l’avenue Hassan II, non loin de la grande esplanade de la préfecture. En retrait des axes les plus bruyants de la Cité des fleurs, à une perche d’arpent des bâtiments administratifs, s’étend le Parc des Villes Jumelées. Il s’agit d’un vaste rectangle de verdure que les anciens de la ville connaissent bien, mais que les plus jeunes regardent parfois sans vraiment le voir. Quelques bancs usés bordent des allées irrégulières, ponctuées d’arbres solides mais négligés, mais il n’en demeure pas que le lieu conserve un certain calme.

Créé dans les années 1990, ce parc avait été pensé comme un geste diplomatique, une vitrine locale des liens de jumelage entre Mohammedia et plusieurs villes étrangères : Saint-Nazaire (France), La Nouvelle-Orléans (USA) et Alicante (Espagne), entre bien d’autres. Les plaques de marbre posées à l’entrée témoignent encore de cette ambition, bien qu’elles soient aujourd’hui ternies par le temps. À l’époque, le lieu accueillait des animations, des promenades, parfois des cérémonies culturelles. Il faisait partie du paysage urbain vivant. Aujourd’hui, il évoque davantage un jardin en suspens.

Et pourtant, les choses sont sur le point de changer. La commune vient d’annoncer la réhabilitation complète du parc dans le cadre d’un programme de valorisation des espaces publics porté à l’échelle nationale. « Ce projet s’ajoute à une série d’interventions qui visent à redonner sens et usage à plusieurs lieux négligés du tissu urbain. Le Parc des Villes Jumelées en fait partie, non pas pour son prestige patrimonial, mais pour sa valeur de proximité, son potentiel d’utilité et de mémoire », nous apprend un responsable au sein du Conseil communal.

« Les travaux doivent débuter avant la fin de l’année et le projet prévoit la remise à niveau des allées, le renouvellement du mobilier, l’installation d’un éclairage adapté et la création d’espaces de jeux pour enfants et de zones de repos pour les familles. Les symboles du jumelage seront repensés pour mieux s’intégrer au parcours du visiteur, dans une logique d’ouverture culturelle mais aussi de lisibilité urbaine », continue notre source.

En longeant le parc ce jour-là, l’on peut croiser quelques promeneurs solitaires, des fonctionnaires en pause ou quelques personnes âgées qui méditent et prient le Ciel. L’ambiance est tranquille, presque figée. Le contraste est saisissant avec l’agitation administrative toute proche. Le site, central et facile d’accès, a pourtant tout pour devenir un vrai lieu de respiration. Encore faut-il lui en donner les moyens.

Houda BELABD

Cette opération ne relève pas seulement d’une volonté d’embellir le parc mais répond à une attente plus large : celle d’un espace public de qualité où l’on peut marcher, s’asseoir, discuter ou simplement passer du temps sans obligation de consommer. Dans une ville comme Mohammedia, qui s’étend et se densifie, ces lieux comptent. Ils contribuent à l’équilibre du quotidien, à la cohésion urbaine, à la mémoire commune.

Le Parc des Villes Jumelées, dans quelques mois, pourrait bien redevenir ce qu’il avait cessé d’être : un repère, un point de passage, un endroit où l’on revient. Et si la promesse est tenue, il marquera aussi une nouvelle étape dans la manière dont Mohammedia pense et façonne son espace public.