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​Assises nationales de l’IA au Maroc : souveraineté, inclusion et transformation systémique en marche Dr Az-Eddine Bennani

​Assises nationales de l’IA au Maroc : souveraineté, inclusion et transformation systémique en marche Dr Az-Eddine Bennani

À Rabat, les 1er et 2 juillet 2025, le Maroc a décidé de prendre la parole. Non pas pour célébrer l’intelligence artificielle comme une promesse abstraite, mais pour en faire un acte politique, stratégique et éthique. Un tournant, à condition d’agir.

​Assises nationales de l’IA au Maroc : souveraineté, inclusion et transformation systémique en marche Dr Az-Eddine Bennani
Les Assises nationales de l’intelligence artificielle, tenues à Rabat sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ont marqué un moment fondateur. Plus de 2 000 participants – décideurs publics, experts, entrepreneurs, chercheurs, enseignants, étudiants, membres de la diaspora – ont convergé pour définir une stratégie nationale de l’IA. Mais cette rencontre allait bien au-delà des discours institutionnels. Elle posait une question de fond : qui gouvernera notre futur numérique ?

Le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a posé les termes : l’IA est un enjeu de souveraineté. La ministre de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, Amal El Fallah Seghrouchni, a, quant à elle, porté une vision ambitieuse d’un écosystème local structuré, transparent et éthique, fondé sur la régulation, la montée en compétence et l’innovation contextuelle. Chakib Benmoussa a réaffirmé l’importance de l’appropriation citoyenne : « L’utilisateur ne doit plus être un bénéficiaire passif, mais un acteur de son développement. »

Depuis plusieurs années, à travers mes écrits, conférences et enseignements, je défends une approche systémique de l’intelligence artificielle, adaptée aux réalités du Maroc et de l’Afrique. Dans mon ouvrage L’intelligence artificielle au Maroc – Souveraineté, inclusion et transformation systémique, je propose une lecture globale de l’IA comme phénomène culturel, économique et politique. L’IA n’est pas un outil neutre. Elle cristallise des rapports de pouvoir, des choix de société, des dépendances invisibles.

Il est temps pour le Maroc de construire son propre modèle. Pas un modèle calqué sur ceux de la Silicon Valley ou de Shenzhen, mais une IA souveraine, ancrée dans nos territoires, nos langues, nos valeurs, nos priorités sociales. Une IA pensée par et pour les Marocains.

La ministre Amal El Fallah Seghrouchni a souligné la nécessité de renforcer nos capacités locales : cloud souverain, calcul haute performance, régulation algorithmique. Cela rejoint l’appel que je formule dans Gouverner l’IA – Savoirs, systèmes et performance : la souveraineté numérique repose sur un pilotage stratégique des infrastructures, des normes et des flux de données. L’enjeu est de ne pas dépendre des architectures étrangères pour les décisions les plus sensibles de notre avenir.

La transformation passe par l’école. J’insiste, dans mes travaux, sur la formation des enseignants à l’usage raisonné de l’IA : comprendre les biais, maîtriser les IA génératives, mais surtout, enseigner l’éthique, la vigilance, l’autonomie intellectuelle. Sans une réforme profonde de notre système éducatif, il ne peut y avoir de souveraineté réelle. L’enseignant devient médiateur de sens dans un monde surchargé d’algorithmes.

L’une des lignes de force des Assises a été l’affirmation claire de la vocation africaine et méditerranéenne du Maroc. L’intelligence artificielle, trop souvent pensée comme un produit du Nord, peut et doit aussi devenir un levier stratégique de solidarité Sud–Sud, de mutualisation des savoirs, et de création de modèles alternatifs.

Le Maroc a la légitimité, l’expertise et la position géopolitique pour initier un véritable écosystème de coopération technologique Sud–Sud, en lien avec les universités africaines, les startups locales, les centres de recherche émergents et les institutions régionales. Il ne s’agit pas seulement de transférer des technologies ou de reproduire des solutions venues d’ailleurs, mais de co-construire une intelligence artificielle enracinée dans les besoins réels des sociétés du Sud : agriculture résiliente, santé communautaire, éducation inclusive, gestion durable des ressources.

Cette dynamique suppose des mécanismes de gouvernance partagée, des plateformes de formation, et des projets pilotes pensés à l’échelle continentale. Elle appelle aussi à un dialogue régulier entre États, chercheurs, innovateurs et acteurs civils du Sud global. L’IA devient alors un langage commun, au service d’un développement durable, équitable et souverain, loin des dépendances technologiques et des modèles importés.

Ces Assises ont permis de poser les jalons d’une gouvernance nationale de l’IA. Mais le plus dur commence. Il faudra :

– Auditer les algorithmes publics.
– Évaluer l’impact sociétal des plateformes.
– Renforcer la CNDP comme organe de régulation.
– Investir dans la recherche interdisciplinaire.
– Soutenir les startups éthiques et inclusives.
– Former les jeunes aux métiers hybrides IA–humanités.

L’IA est désormais un choix de civilisation. Le choix entre l’accélération non maîtrisée ou la transformation responsable. Le Maroc peut faire ce pari audacieux d’une intelligence collective augmentée, au service de ses citoyens, de son savoir, de son modèle de société.

« L’intelligence artificielle ne doit pas nous remplacer, mais nous obliger à mieux penser ce que nous sommes et ce que nous voulons devenir. »

Cette phrase, extraite de la conclusion de mon dernier livre, résume l’enjeu. L’IA n’est pas un mirage technologique. Elle est un miroir. Ce que nous y verrons dépendra de ce que nous y projetons collectivement.
Aujourd’hui, le Maroc a pris le micro. Il faut maintenant écrire la partition. Ensemble.

 À lire :
– L’intelligence artificielle au Maroc – Souveraineté, inclusion et transformation systémique
– Gouverner l’IA – Savoirs, systèmes et performance

📩 Contact : azeddinebennani@me.com
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