L’Union Générale des Agriculteurs du Maroc (UGAM) a tenu, dimanche, son sixième Congrès général, qui s’est soldé par une série de recommandations pour accompagner la marche du Royaume vers la souveraineté alimentaire.
![Congrès général de l’UGAM : Engagement istiqlalien envers la souveraineté agricole [INTÉGRAL] Congrès général de l’UGAM : Engagement istiqlalien envers la souveraineté agricole [INTÉGRAL]](https://www.lopinion.ma/photo/art/default/89521501-63284687.jpg?v=1750758950)
Nizar Baraka a également évoqué le plan d’urgence pour la reconstitution du cheptel national, qui mobilise plus de 6 milliards de dirhams (MMDH), qui s’ajoute à d’autres mesures volontaristes prises par le gouvernement pour relancer le secteur agricole et réduire les inégalités sociales et territoriales. « L’Union Générale des Agriculteurs doit être au cœur de ces dynamiques, en participant activement aux réformes, par sa présence sur le terrain, son action organisationnelle, son plaidoyer responsable en faveur des intérêts légitimes des agriculteurs, et sa capacité de proposition pour améliorer les mécanismes de mise en œuvre des aides afin qu’elles atteignent effectivement les bénéficiaires visés et produisent les résultats escomptés », a insisté le leader istiqlalien.
Vision agricole istiqlalienne
Cela dit, le congrès a mis en lumière les déséquilibres structurels qui affectent le monde rural, en grande partie causés par l’insuffisance du soutien public et par l’abandon des petits agriculteurs face aux aléas climatiques et aux turbulences du marché. Ce désengagement a pour conséquence directe l’aggravation de l’exode rural, nourri par la dégradation continue des conditions de vie dans les campagnes, l’absence de justice territoriale et la concentration des investissements dans certaines zones au détriment d’autres. Face à cette situation, le congrès affirme avec force que la souveraineté alimentaire n’est pas un simple choix politique, mais une nécessité nationale. Elle engage non seulement l’avenir des générations futures, mais également la stabilité sociale, économique et territoriale du Royaume.
Dans cette perspective, l’UGAM appelle à l’adoption de mesures équitables et solidaires, fondées sur une véritable justice sociale et territoriale. Elle réclame notamment la création d’un Fonds national de soutien destiné à accompagner les agriculteurs frappés par la sécheresse et les catastrophes naturelles, ainsi qu’une réforme en profondeur du système de commercialisation des produits agricoles, en luttant contre la spéculation et l’intermédiation excessive. À cet effet, le renforcement des coopératives et des entreprises agricoles locales est jugé indispensable.
Les istiqlaliens insistent aussi sur l’intégration active des femmes rurales et des jeunes agriculteurs, non seulement comme bénéficiaires des politiques de développement, mais en tant qu’acteurs clefs du renouveau du modèle agricole national. Par ailleurs, ils demandent formellement que l’Union soit associée à l’élaboration des politiques agricoles, en sa qualité de force de proposition et d’organe représentatif légitime du monde rural.
L’UGAM réaffirme en outre son engagement total dans la lutte syndicale et de terrain pour la dignité des agriculteurs et la défense de leurs droits. Le congrès décide de renforcer ses structures régionales et locales, en s’ouvrant davantage aux nouvelles générations et aux compétences émergentes dans le domaine agricole. Elle recommande par ailleurs le lancement d’une campagne nationale de plaidoyer pour ériger la souveraineté alimentaire au rang de priorité stratégique, dans le cadre du nouveau modèle de développement du Royaume.
![Congrès général de l’UGAM : Engagement istiqlalien envers la souveraineté agricole [INTÉGRAL] Congrès général de l’UGAM : Engagement istiqlalien envers la souveraineté agricole [INTÉGRAL]](https://www.lopinion.ma/photo/art/default/89521501-63284688.jpg?v=1750759106)
- Comment évaluez-vous l’approche agricole actuellement adoptée par le Royaume, notamment à travers le plan « Génération Green » ?
Le Maroc dispose d’environ 8 millions d’hectares de terres agricoles, dont près de 70 % sont consacrés à la culture des céréales. Le reste est réparti entre les légumes, les arbres fruitiers et d’autres activités agricoles. Cette forte dépendance aux céréales rend notre agriculture particulièrement vulnérable aux aléas climatiques, en particulier aux sécheresses récurrentes. Cela se traduit par une dégradation du couvert végétal, une baisse de la productivité et une extension progressive des zones non irriguées, au détriment des terres irriguées.
Dans ce contexte, la stratégie actuelle du gouvernement, qui prévoit la mise en place de stations de dessalement d’eau de mer dans plusieurs régions, constitue une avancée significative, notamment pour l’approvisionnement en eau potable. Mais il devient aujourd’hui indispensable d’élargir cette approche au secteur agricole, qui reste le pilier de notre souveraineté alimentaire.
- Faut-il donc envisager un recours plus large à l’eau dessalée pour l’irrigation ?
Absolument. Bien que le Maroc bénéficie d’un vaste littoral sur l’Atlantique et la Méditerranée, l’exploitation de cette ressource marine à travers le dessalement reste encore limitée. Pour franchir un cap, il est crucial que l’État mette en place un plan global et intégré en matière de dessalement, qui ne se contente pas de répondre aux besoins domestiques mais intègre pleinement les besoins agricoles.
Ce plan devrait soutenir en priorité les cultures stratégiques telles que les céréales et les légumineuses, ainsi que l’élevage. Ces secteurs sont essentiels à notre sécurité alimentaire et doivent bénéficier d’un soutien renforcé. Nous avons besoin d’une vision claire, fondée sur la durabilité et l’autosuffisance, mais aussi d’un appui direct de l’État pour le développement de projets de dessalement dédiés à l’agriculture. C’est à cette condition que nous pourrons véritablement renforcer notre souveraineté alimentaire et mieux faire face aux crises à venir.
- Comment l’Union Générale des Agriculteurs perçoit-elle l’importance du soutien aux filières agricoles stratégiques comme les céréales, les légumineuses ou la viande ?
Ces filières sont vitales pour la stabilité alimentaire du pays. C’est pourquoi nous plaidons pour la mise en œuvre d’une politique de soutien ambitieuse, globale et cohérente. Cela passe par une réduction significative des coûts de production, un accès facilité aux semences et aux fourrages, ainsi qu’une amélioration des infrastructures de stockage et des circuits de commercialisation.
Nous appelons notamment à la création d’un stock national stratégique de céréales et de légumineuses. Ce soutien ne doit pas être perçu comme une réponse ponctuelle à une crise, mais bien comme un choix stratégique, structurant pour l’avenir. Il s’agit de renforcer la résilience du secteur agricole, de permettre aux agriculteurs de rester sur leurs terres, et de préserver la stabilité du marché intérieur face aux fluctuations de plus en plus marquées du marché international.
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L’Union a salué à l’occasion de son Congrès l’ensemble des agricultrices et agriculteurs du pays, tout en rendant hommage à leur résilience et à leurs sacrifices, et en affirmant que la bataille de l’agriculture n’est pas seulement une bataille pour le pain, mais une bataille pour la dignité, la souveraineté et l’indépendance nationale.
Notons que l’UGAM est une organisation historique, fondée en 1988, qui s’engage à formuler des propositions et des programmes concrets, à inscrire dans l’agenda du parti, notamment en lien avec les secteurs stratégiques de l’agriculture et du développement rural
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