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Face à Trump, les Brics contre la « résurgence du protectionnisme »

Face à Trump, les Brics contre la « résurgence du protectionnisme »
Les Brics ont condamné mardi la « résurgence du protectionnisme commercial », face à la guerre douanière lancée par Donald Trump contre le monde et en particulier contre la Chine, poids lourd du groupe des pays émergents.

Les ministres des Affaires étrangères (ou leurs représentants) des pays du bloc se sont retrouvés durant deux jours à Rio de Janeiro pour une réunion sous l’égide du Brésil, qui en assure cette année la présidence tournante.

Cette rencontre, marquée notamment par la présence du Chinois Wang Yi et du Russe Sergueï Lavrov, s’est tenue à un moment critique pour l’économie mondiale.
Le Fonds monétaire international (FMI) s’attend à ce que la croissance mondiale soit de 2,8% cette année, une valeur révisée à la baisse face aux droits de douane imposés par le président américain et aux mesures de représailles prises par les autres pays.

« Je voudrais souligner le ferme rejet par tous de la résurgence du protectionnisme commercial et du recours à des mesures non douanières sous des prétextes environnementaux », a déclaré Mauro Vieira, chef de la diplomatie brésilienne, lors de la conférence de presse finale.

La réunion ne s’est pas conclue par un communiqué final: une déclaration de la présidence brésilienne résumant les échanges a simplement été publiée.
Mais sur les droits de douane « il y a eu un consensus absolu de tous les pays », a affirmé M. Vieira, sans faire nommément référence à la politique de l’administration Trump.

Depuis son retour en janvier, le président américain a imposé des droits de douane d’au moins 10% à la plupart des partenaires commerciaux des Etats-Unis et une surtaxe distincte de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain.
La Chine a riposté en mettant en place ses propres surtaxes de 125% sur les produits américains.
Tous les pays des Brics ne sont pas logés à la même enseigne face à l’offensive protectionniste américaine.

Le Brésil du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva s’est vu imposer le droit de douane minimal de 10%. Brasilia s’irrite par ailleurs des mesures européennes imposant des exigences environnementales à l’agriculture brésilienne (notamment pour lutter contre la déforestation), y voyant une entrave injustifiée au commerce.

D’une manière générale, le chef de la diplomatie brésilienne a appelé à « renforcer le multilatéralisme », refusant « un monde fracturé ».
Outre Brésil, Chine et Russie, le groupe des Brics réunit Inde, Afrique du Sud, Arabie saoudite, Egypte, Emirats arabes unis, Ethiopie, Indonésie et Iran.

Le bloc représente presque la moitié de la population mondiale et 39% du PIB mondial.
La question sensible des transactions en devises non américaines au sein du groupe, abordée en octobre lors de son dernier sommet à Kazan, en Russie, a été évoquée avec prudence à Rio.

Les ministres « ont souligné l’importance d’un usage élargi des monnaies locales » pour les transactions entre pays des Brics, dit le texte publié par la présidence brésilienne, sans mentionner un quelconque projet de nouvelle monnaie.
Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 100% aux pays concernés s’ils tentent de mettre fin à la domination internationale du dollar.

S’il n’y a pas eu de communiqué conjoint, c’est, au vu du document finalement publié, en raison de divisions africaines au sujet de la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU: Egypte et Ethiopie ont formulé des objections, selon une note en bas du texte, qui n’entre pas dans les détails. L’autre pays africain du bloc, l’Afrique du Sud, est candidat déclaré à un siège de membre permanent au sein du Conseil.

Dans le document final, les pays des Brics ont aussi averti que la « fragmentation » internationale « compromet l’ambition de l’action climatique », alors que le Brésil accueillera en novembre la COP30, conférence climat de l’ONU, dans la ville amazonienne de Belem.
Sur la guerre en Ukraine, les ministres des pays émergents ont appelé à « un accord de paix durable ».

Le sujet est délicat pour les Brics, dont la Russie est un membre fondateur: le bloc s’est jusque-là abstenu de toute condamnation de l’invasion russe.
Le texte publié mardi par le Brésil est beaucoup plus développé sur Gaza. Un appel y est notamment lancé au « retrait total des forces israéliennes de la bande de Gaza et à la libération de tous les otages et détenus ».

Selon le ministre Vieira, l’objectif du Brésil est désormais qu’une déclaration commune soit signée lors du sommet des chefs d’Etat des Brics, prévu à Rio les 6 et 7 juillet.

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