Annoncé comme une rupture avec le passé, le nouveau programme de transport urbain prévoit l’acquisition de 3746 bus d’ici 2026. Un projet ambitieux, mais encore perfectible.
![Mobilité urbaine collective : Qui freine les bus électriques made in Maroc ? [INTÉGRAL] Mobilité urbaine collective : Qui freine les bus électriques made in Maroc ? [INTÉGRAL]](https://www.lopinion.ma/photo/art/default/86803570-61686557.jpg?v=1740563830)
A noter que ce 11 février,lors de la conférence Inaugurale du Green Impact Expo, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, avait annoncé que le Royaume ambitionnait d’acquérir près de 7000 bus d’ici l’année 2030, qui connaîtra l’organisation de la Coupe du Monde au Maroc, Portugal et Espagne. M. Mezzour avait par ailleurs défendu la possibilité d’une transition verte dans le domaine de la mobilité durable, en précisant que le coût des bus à moteur thermique est le même que celui des bus électriques. Le ministre a souligné que l’avenir de la mobilité verte est prometteur pour le Maroc qui est prêt à fabriquer tous les composants des batteries électriques et qu’il sera l’un des cinq pays au monde à fabriquer des véhicules électriques «de la mine à l’usine», en référence à la disponibilité au Maroc de mines de cobalt et de phosphate, qui sont principalement utilisés dans la fabrication des batteries au lithium. Seule question à ce stade : si le Maroc a autant d’atouts, pourquoi ne privilégie-t-il pas de mettre en place un écosystème industriel de fabrication locale de bus électriques ?
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- Le Maroc s’apprête à acquérir près de 7000 bus d’ici 2030, dont une part sera manifestement électrique. Quelle est votre perspective à ce sujet ?
– C’est une décision salutaire puisque notre pays a grandement besoin de renouvellement de sa flotte de bus urbains. C’est parfaitement compréhensible, d’autant plus que 2030 coïncidera avec l’organisation de la Coupe du Monde ainsi que l’arrivée à échéance d’un certain nombre de stratégies et de chantiers structurants pour le pays. Ce qui est en revanche moins compréhensible, c’est la frilosité apparente des décideurs à profiter de cette opportunité et de la dynamique de mise à niveau qui est actuellement en cours, afin de mettre en place un nouvel écosystème industriel de fabrication locale de bus électriques. Nous avons tout ce qu’il faut pour y arriver, et ce, bien avant le délai imparti.
- L’aboutissement d’un écosystème industriel de ce genre peut prendre plus de temps que prévu afin de maîtriser l’outil de production et d’augmenter suffisamment le taux d’intégration…
– Dans un autre pays que le nôtre peut-être, mais au Maroc, nous disposons de plusieurs atouts qui font qu’il serait vraiment dommage de laisser passer la présente opportunité pour mettre en œuvre notre propre écosystème industriel de fabrication locale de bus électriques. Nous avons déjà l’expérience de l’écosystème automobile, avec de la main d’œuvre qualifiée, un gisement d’énergies renouvelables significatif et des partenaires internationaux qui sont partants pour le transfert de technologie dans ce domaine. J’ai personnellement des garanties de la part de grands fabricants internationaux de bus électriques qui sont prêts à contribuer pour la réussite d’un projet de ce genre. De même, l’usine ou encore le modèle de recharge des batteries sont prêts et peuvent produire une centaine de bus électriques en quelques mois et les proposer à la vente à un prix à peine plus élevé que celui des bus thermiques…
- Qu’est-ce qui manque alors pour passer à la concrétisation ?
– Il ne sert à rien de produire s’il n y a pas une commande derrière. J’ai à diverses reprises expliqué que le projet porté par le HDD permettra de fournir le Maroc en bus électriques en moins d’une année avec un paiement différé de 2 ans. Les bus électriques que le pays compte acquérir peuvent être «Made in Morocco», pour peu que la volonté politique des décideurs soit favorable pour croire en ce projet et pour contribuer à sa concrétisation avec pas autre chose qu’une confiance que les investisseurs marocains savent et peuvent réaliser ce rêve. Malheureusement, autant notre volonté et notre vision dans ce domaine rejoignent celles de SM le Roi Mohammed VI, autant je suis incertain que la volonté politique des membres du gouvernement est à la hauteur de ce défi. J’espère me tromper, car autrement, d’ici un ou deux ans, il sera trop tard pour se rattraper. La concurrence est en train de se positionner au niveau international, la fenêtre des possibilités ne restera pas ouverte éternellement.
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En Chine, leader incontesté du secteur, plus de 99% des bus électriques mondiaux circulaient déjà dans le pays en 2017. Shenzhen, première métropole à avoir entièrement électrifié sa flotte de bus, exploite aujourd’hui plus de 16.000 véhicules électriques.
Selon plusieurs études, cette mutation a permis de réduire les émissions polluantes et de réaliser des économies sur les coûts d’exploitation liés au carburant et à la maintenance. En Europe, plusieurs grandes villes ont progressivement intégré des bus électriques dans leurs réseaux de transport public.
La France comptait environ 1.000 bus électriques en service en 2022, répartis dans 40 réseaux. Ce développement a été soutenu par des subventions publiques et des politiques locales visant à limiter l’usage des véhicules les plus polluants. L’Allemagne, quant à elle, a mis en place un programme d’incitation qui a conduit à la mise en circulation de plusieurs centaines de bus électriques. Aux États-Unis, la transition s’accélère également, avec une augmentation de 66% du nombre de bus électriques entre 2021 et 2022.
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