En visite au Maroc, le 31 janvier dernier, le Secrétaire d’État au ministère bavarois de l’Économie, du Développement régional et de l’Énergie, Tobias Gotthard, a rencontré plusieurs ministres pour échanger sur les opportunités d’investissement, l’hydrogène vert et le recrutement de talents. À cette occasion, il nous a accordé une interview pour détailler les objectifs de son déplacement dans le Royaume.

- Selon vous, quels sont les secteurs émergents au Maroc qui offrent les opportunités les plus prometteuses pour les entreprises bavaroises ?
Si l’on entre dans les détails, nous sommes ici avec une délégation pour discuter de l’hydrogène. C’est un domaine clé, car nous avons besoin d’hydrogène et le Maroc peut en produire. Mais au-delà de cela, nous voyons de nombreuses opportunités dans l’ingénierie mécanique, par exemple, ainsi que dans un large éventail d’autres secteurs comme l’agritech, la medtech, l’industrie automobile, l’aéronautique, entre autres. C’est une des leçons que nous retiendrons de cette visite.
Nous allons approfondir ces sujets avec nos collègues marocains afin d’identifier de nouveaux domaines de coopération.
- Quelles initiatives ont été mises en place pour sensibiliser les entreprises bavaroises au marché marocain ?
En parallèle de notre stratégie d’exportation, nous avons aussi une démarche spécifique pour l’Afrique. Cela signifie que nous, ainsi que notre industrie, mettons un nouvel accent sur le continent africain et cherchons à identifier des pôles de coopération. L’un de ces pôles est, sans aucun doute, le Maroc.
Nous essayons donc de sensibiliser nos entreprises aux atouts du Royaume, aux opportunités qu’il offre et aux perspectives d’investissement dans votre pays. Tout cela s’ajoute aux actions menées par le gouvernement fédéral, par la GTAI (Agence de promotion d’investissements de la République Fédérale d’Allemagne) et par de nombreuses autres institutions.
- Quelle forme pourrait prendre le partenariat bavaro-marocain dans le domaine de l’hydrogène ?
C’est précisément ce dont nous avons discuté, aujourd’hui, avec trois ministres marocains. Nous avons un besoin industriel concret en hydrogène, et nous avons des idées précises sur la manière dont nous pourrions travailler ensemble pour acheminer l’hydrogène vers la Bavière.
Nous avons aussi des partenaires solides, comme la VBW (Vereinigung der Bayerischen Wirtschaft – Association de l’Industrie Bavaroise). Laquelle a d’ailleurs réalisé sa propre étude sur un modèle d’approvisionnement en hydrogène et sur la manière dont une part importante de la chaîne de valeur pourrait être localisée au Maroc, dans le cadre d’une coopération bavaro-marocaine.
- Cela signifie-t-il des investissements et un partenariat technologique à l’avenir ?
Mais également l’apport de technologies et d’innovations allemandes au Maroc. Car nous savons que tout le secteur de la production d’hydrogène, s’il veut être mené correctement, doit répondre à des normes de haute qualité.
Or, de nombreuses entreprises en Allemagne – qu’il s’agisse de grands groupes comme Siemens, de PME ou même de startups – ont atteint un très haut niveau d’innovation en matière d’hydrogène. C’est là notre valeur ajoutée : établir un dialogue étroit pour faire en sorte que l’hydrogène devienne une réalité au Maroc.
- La Bavière cherche à attirer des talents marocains qualifiés. Comment cette initiative peut-elle être structurée pour éviter d’être perçue comme une fuite des cerveaux et, au contraire, encourager une collaboration mutuellement bénéfique pour les deux pays ?
C’est exactement la même approche avec le Maroc. Nous ne voulons pas provoquer une fuite des cerveaux, comme vous l’avez mentionné. Mais en écoutant vos ministres, j’ai appris que chaque année, environ 500.000 jeunes marocains obtiennent leur diplôme universitaire, alors que le pays crée actuellement environ 200.000 nouveaux emplois par an, même dans les périodes favorables.
Il y a donc un potentiel. Mais quoi qu’il en soit, si certains jeunes souhaitent venir en Allemagne, nous voulons que cela se fasse en coopération et en accord avec le gouvernement marocain. À en juger par les discussions et débats d’aujourd’hui, nous sommes sur la bonne voie.
Le secteur où nous avons le plus grand besoin de travailleurs qualifiés en Bavière est celui des ingénieurs – dans un large éventail de disciplines. Et je vois qu’il y a un fort potentiel au Maroc. Si le gouvernement est d’accord, nous sommes prêts à approfondir cette coopération pour permettre aux jeunes talents marocains de venir en Bavière.
Mais il ne s’agit pas uniquement de l’emploi. Nous souhaitons aussi offrir des opportunités d’études en Bavière, où nous avons de nombreuses Universités.
Accueillir des étudiants marocains en Bavière pourrait aussi permettre des échanges dans l’autre sens, en envoyant des étudiants bavarois au Maroc. C’est ainsi que nous pouvons créer un véritable échange mutuel et une situation gagnant-gagnant pour les deux parties. C’est cela l’approche bavaroise.
Le ministre a également souligné que la coopération dans le domaine des énergies vertes est “hautement” souhaitée avec la Bavière. De son côté, Tobias Gotthardt a mis en avant le potentiel de coopération Maroc-Bavière, en particulier dans l’hydrogène, mais aussi dans d’autres domaines industriels. Saluant les avancées réalisées par le Royaume durant ces dernières années, le secrétaire d’Etat au ministère bavarois de l’Économie, du Développement régional et de l’Énergie a fait part de son souhait d’avoir le Maroc comme un partenaire fort et able pour “renforcer davantage notre puissance industrielle”. Classée 2ème région européenne la plus innovante selon un index Eurostat, la Bavière dispose d’une excellente infrastructure et d’une forte présence de clusters industriels (17 plateformes de haute technologie).
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