« Il existe un risque important que le déficit se creuse davantage, compte tenu des exigences politiques avec lesquelles doit composer le gouvernement minoritaire » du Premier ministre Shigeru Ishiba, a indiqué l’institution dans son rapport régulier (« chapitre IV ») sur l’économie nippone.
« Il convient d’éviter cela, car la marge de manoeuvre budgétaire reste limitée » pour réagir à d’éventuels chocs économiques, s’inquiète également l’organisation basée à Washington.
Après un échec cuisant aux législatives d’octobre, où il a échoué à conserver la majorité absolue au Parlement, M. Ishiba est obligé de composer avec les exigences d’autres formations politiques.
Son cabinet a fait adopter mi-décembre un plan de relance colossal équivalant à 136 milliards d’euros pour doper le pouvoir d’achat face à l’inflation, avec enveloppes aux ménages vulnérables, subventions pour le carburant, baisse des revenus imposables…
En conséquence, le FMI table sur un déficit budgétaire de 2,2% du Produit intérieur brut (PIB) en 2025 et en 2026, contre 2,1% en 2024, selon des prévisions dévoilées vendredi.
L’endettement du pays devrait s’infléchir légèrement cette année, à 232,7% du PIB.
Or, « la composition des dépenses publiques devrait être plus propice à la croissance, notamment en éliminant les subventions mal ciblées comme les subventions énergétiques, tout en préservant les investissements publics de qualité », insiste le rapport.
Pour ne pas creuser le déficit, « toute mesure expansionniste » visant à stimuler l’économie « doit être compensée par des recettes plus élevées ou par des économies sur d’autres dépenses ailleurs dans le budget » pour conserver des marges de manoeuvres financières, recommande le Fonds.
D’autant que le rapport pointe des risques persistants pour la croissance japonaise: « fragmentation géo-économique » croissante et guerres commerciales, volatilité des prix énergétiques et alimentaires, faiblesse de la consommation intérieure…
Les ménages nippons ont ainsi réduit leurs dépenses de 1,1% en 2024, découragés par l’inflation, selon des chiffres gouvernementaux publiés vendredi.
Enfin, le FMI pointe le danger d’entreprises « zombies », pas rentables depuis longtemps mais ayant survécu ces dernières années grâce à l’endettement sur fond de taux d’intérêt pratiquement nuls de la Banque du Japon (BoJ).
Or, la BoJ a commencé depuis l’an dernier à relever ses taux d’intérêt au risque de mettre en difficultés ce précaire équilibre.
« Les taux d’intérêt extrêmement bas du Japon ont peut-être permis aux entreprises à faible productivité de survivre plus longtemps qu’elles ne l’auraient fait autrement, retardant ainsi la restructuration économique nécessaire », se désole le FMI.
« Des réformes visant à améliorer la mobilité de la main-d’oeuvre entre entreprises contribueraient à améliorer l’efficacité de l’allocation des ressources et à stimuler la productivité », souligne le rapport.
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