
A l’occasion d’une séance de questions orales tenue lundi à la Chambre des représentants, la ministre a indiqué que ce bilan est le résultat d’investissements globaux de plus de 36 milliards de dirhams.
Défis
Les experts estiment que « si les récentes annonces de Leïla Benali témoignent de progrès remarquables, le chemin vers les objectifs 2030 est semé de défis structurels, financiers et environnementaux ».
Ainsi concernant les défis technologiques et infrastructurels, les experts soutiennent qu’«avec l’augmentation de la capacité installée en éolien, le réseau électrique national doit être adapté pour intégrer une production intermittente et dispersée géographiquement. Cette modernisation est essentielle pour garantir la stabilité, la fiabilité et l’efficacité du système électrique marocain».
Ils ajoutent que «pour maximiser l’utilisation de l’énergie éolienne et pallier son intermittence, le stockage d’énergie est une solution clé. Cependant, les technologies de stockage restent coûteuses et nécessitent des investissements conséquents».
S’agissant du développement des parcs éoliens offshores, les spécialistes considèrent que «le développement de l’éolien offshore au Maroc offre des perspectives prometteuses, compte tenu des vents marins réguliers et puissants sur les côtes atlantiques. Toutefois, ces projets sont techniquement et économiquement plus complexes que les parcs terrestres.
Les parcs éoliens en mer nécessitent des plateformes flottantes ou fixes, des câbles sous-marins pour acheminer l’électricité produite, et des systèmes de connexion au réseau terrestre. Ces infrastructures sont coûteuses et demandent une expertise technique avancée. Le Maroc ne dispose pas encore d’une industrie offshore mature, ce qui implique une dépendance aux entreprises internationales pour la conception, la construction et la maintenance des installations ».
Et d’ajouter que « les parcs offshores doivent être conçus pour résister à des conditions maritimes difficiles (courants, tempêtes, salinité) tout en minimisant leur impact sur les écosystèmes marins. Cela nécessite des études d’impact approfondies et des solutions techniques innovantes ».
Coût
En outre, nos sources soulignent que « le coût initial des projets offshores est significativement plus élevé que celui des parcs terrestres. Par exemple, les turbines offshores sont généralement plus grandes et nécessitent des technologies avancées pour leur installation et leur maintenance (navires spécialisés, grues marines) ».
La question de la dépendance technologique s’impose également. En effet, le Maroc importe encore une grande partie des équipements nécessaires au développement de l’éolien, notamment les turbines, les câbles et les technologies de stockage. « Cette dépendance expose le pays à la volatilité des prix internationaux, aux tensions sur les chaînes d’approvisionnement, et limite les retombées économiques locales », analysent les experts.
Par ailleurs, lesdits spécialistes estiment que « l’accélération des projets éoliens nécessite une stratégie plus proactive pour mobiliser des investisseurs, tant nationaux qu’étrangers ».
L’une des principales difficultés pour les investisseurs privés, selon les experts, « est la lourdeur des procédures administratives au Maroc, notamment pour l’obtention des autorisations nécessaires à la construction et l’exploitation des projets d’énergie renouvelable ».
A ce propos, nos interlocuteurs insistent sur le fait que « les investisseurs ont besoin d’une visibilité à long terme sur leurs projets pour s’engager pleinement. Cela inclut, selon eux, une tarification claire et stable de l’électricité produite, notamment dans le cadre des contrats d’achat d’électricité (PPA) ; une politique énergétique cohérente et des incitations fiscales pour encourager les investissements dans les infrastructures renouvelables et des garanties étatiques pour réduire les risques liés à la volatilité des marchés énergétiques et des devises.
Le Maroc doit également renforcer ses partenariats avec des institutions financières internationales, comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD) ou des fonds climatiques. Ces institutions offrent des prêts à taux réduit ou des subventions pour soutenir les projets durables ».
Par ailleurs, ces experts notent que « l’un des principaux défis financiers réside dans le fait de maintenir la compétitivité économique des projets éoliens et solaires face aux énergies fossiles, en particulier dans un contexte de volatilité des prix du pétrole et du gaz. En effet, les projets éoliens, en particulier les parcs offshores, nécessitent des investissements initiaux significatifs pour les infrastructures, les technologies et les opérations. Comparativement, les énergies fossiles bénéficient d’infrastructures déjà existantes et de coûts d’exploitation relativement stables à court terme ».
A noter également que lorsque les prix du pétrole et du gaz sont bas, les énergies fossiles deviennent plus compétitives, ce qui peut ralentir les investissements dans les énergies renouvelables. Cette situation peut aussi réduire la volonté des consommateurs et des entreprises d’opter pour l’énergie verte.
Impact
Les défis environnementaux et sociaux sont à prendre aussi en compte. « En fait et bien que l’éolien soit une énergie propre, son développement peut perturber les écosystèmes locaux. Par exemple, la construction de parcs éoliens dans certaines zones peut affecter la biodiversité, en particulier les oiseaux migrateurs. Sans parler du fait que les grands projets, souvent localisés dans des zones rurales, doivent s’accompagner d’une concertation avec les populations locales pour éviter des conflits d’usage (expropriations, perception d’injustice dans la répartition des bénéfices)», précisent les spécialistes.
Et de conclure que le Maroc doit également prendre en considération la question de la concurrence internationale et géopolitique. En effet, d’autres pays africains, comme l’Egypte et l’Afrique du Sud, développent également des projets renouvelables ambitieux, augmentant la compétition pour attirer des investissements étrangers.
Hassan Bentaleb
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