
Dans ce contexte, l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) a réalisé des études approfondies visant à comparer les coûts de production d’électricité issus de diverses sources d’énergie, afin d’éclairer les décisions des gouvernements et des investisseurs. Cet article explore ces coûts en détail, en mettant particulièrement l’accent sur le cas du Maroc, qui a choisi une approche ambitieuse axée sur la diversification de son mix énergétique.
1. Les coûts de production de l’électricité par source énergétique
Exemple mondial :
Danemark : Le Danemark, pionnier dans l’exploitation de l’éolien, bénéficie des coûts de production les plus bas grâce à une politique de soutien robuste, des investissements massifs en R&D et une exploitation à grande échelle des parcs éoliens.
Allemagne : L’Allemagne a investi massivement dans l’éolien dans le cadre de son projet « Energiewende ». Bien que les coûts de l’éolien terrestre aient considérablement diminué, l’éolien offshore reste plus coûteux en raison des investissements d’infrastructure élevés.
Exemple mondial :
Îles du Pacifique : Dans des îles comme Fidji et Marshall, le pétrole reste une source prédominante pour la production d’électricité. Cependant, cette dépendance les rend vulnérables à la volatilité des prix, ce qui rend impératif de s’orienter vers des alternatives renouvelables.
Exemple mondial :
Chine : En raison de sa position de leader dans la production de panneaux solaires, la Chine parvient à réduire les coûts de production à des niveaux parmi les plus bas au monde.
Émirats Arabes Unis (EAU) : Le parc solaire Mohammed bin Rashid Al Maktoum, à Dubaï, produit de l’électricité à un coût estimé à 20 dollars par MWh, grâce à un ensoleillement optimal et à des innovations dans la gestion et l’optimisation des parcs solaires.
Exemple mondial :
France : Avec environ 70 % de sa production d’électricité provenant du nucléaire, la France a un coût de production relativement bas, en grande partie grâce à l’expertise accumulée. Toutefois, le pays fait face à des coûts croissants pour moderniser ses centrales vieillissantes.
États-Unis : Aux États-Unis, la construction de nouvelles centrales nucléaires est extrêmement coûteuse, notamment en raison des exigences strictes de sécurité et des délais de construction longs, ce qui limite l’expansion de cette source d’énergie.
Exemple mondial :
États-Unis : Le gaz naturel de schiste est une source majeure d’électricité aux États-Unis, permettant des coûts relativement bas de production. Toutefois, les fluctuations des prix du gaz peuvent affecter la rentabilité à long terme.
Qatar : Le Qatar, avec ses vastes réserves de gaz naturel, est capable de produire de l’électricité à faible coût. Cependant, il cherche désormais à diversifier ses sources d’énergie en investissant dans des projets de production d’hydrogène vert.
2. Le cas du Maroc : une stratégie de diversification énergétique
Le Maroc, riche en ressources naturelles pour la production d’énergie renouvelable, a mis en place une stratégie énergétique ambitieuse qui repose sur la diversification de son mix énergétique. Le pays exploite son potentiel solaire et éolien pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles importées et minimiser les fluctuations des prix mondiaux. Avec un ensoleillement parmi les plus élevés au monde et des régions côtières bénéficiant de vents constants, le Maroc se positionne comme un acteur clé de la transition énergétique en Afrique et au Moyen-Orient.
Exemples nationaux :
Centrale solaire Noor de Ouarzazate : Cette centrale solaire thermodynamique est l’une des plus grandes au monde, avec une capacité de 580 MW. Elle permet de produire de l’électricité à un coût variant entre 20 et 30 dollars par MWh, ce qui la place parmi les projets les plus compétitifs au niveau mondial.
Parc éolien de Tarfaya : D’une capacité de 301 MW, ce parc est l’un des plus grands d’Afrique et est situé dans une région bénéficiant d’un vent constant. Le coût de production d’électricité est très compétitif, ce qui renforce la position du Maroc comme leader en Afrique en matière d’énergie éolienne.
Le Maroc a également lancé des projets d’interconnexion énergétique avec l’Europe et l’Afrique, permettant d’exporter l’électricité excédentaire, notamment en vue de devenir un leader dans la production d’hydrogène vert destiné à l’exportation vers l’Europe.
3. Conclusion et recommandations
Au vu des éléments présentés dans cet article, il apparaît clairement que la production d’électricité à partir de sources renouvelables, notamment l’éolien et le solaire, devient de plus en plus compétitive par rapport aux énergies fossiles, dont les coûts demeurent souvent vulnérables à la volatilité des prix mondiaux. En revanche, bien que l’énergie nucléaire assure une production stable, ses coûts élevés, en raison des lourds investissements requis pour les infrastructures et la gestion des déchets, en font une option plus coûteuse à long terme.
Le Maroc se trouve à un tournant stratégique dans sa transition énergétique. Grâce à ses ressources abondantes en énergies renouvelables, en particulier solaire et éolien, le pays dispose d’un potentiel énorme pour garantir une autonomie énergétique durable à des coûts compétitifs. Toutefois, pour accélérer cette transition, plusieurs défis doivent être relevés :
Renforcer les infrastructures de stockage de l’énergie : Bien que le solaire et l’éolien soient très compétitifs, leur intermittence demeure un défi majeur. L’investissement dans des solutions de stockage de grande envergure, comme les batteries et les systèmes de stockage thermique, est essentiel pour assurer la stabilité et la résilience du réseau électrique.
Diversification de l’approvisionnement en énergies renouvelables : Si le solaire et l’éolien constituent les piliers de la stratégie énergétique marocaine, il est crucial d’explorer d’autres sources d’énergie renouvelable telles que la géothermie et l’hydrogène vert, afin de rendre le mix énergétique encore plus robuste et flexible.
Accélérer les projets d’interconnexion régionale : Le Maroc doit continuer à développer ses projets d’interconnexion avec l’Europe et l’Afrique, afin de mieux intégrer son réseau électrique au niveau régional. Cela faciliterait non seulement l’exportation de l’électricité verte, mais permettrait également de profiter des opportunités offertes par l’hydrogène vert dans le cadre de la transition énergétique mondiale.
Optimisation de la gouvernance et des politiques de soutien : Afin de stimuler l’investissement privé et de renforcer le secteur des énergies renouvelables, il est impératif que le Maroc mette en œuvre des politiques incitatives et des réformes réglementaires ambitieuses. Cela garantirait la transparence, la compétitivité et la prévisibilité nécessaires pour attirer les investisseurs tout en soutenant les initiatives locales et régionales.
En somme, bien que le Maroc ait déjà pris un excellent départ dans sa transition énergétique, son avenir énergétique reposera sur l’accélération de la diversification de son mix énergétique, l’innovation technologique et une coopération régionale renforcée. Ces mesures permettront non seulement de maintenir la compétitivité économique du pays, mais aussi de garantir une sécurité énergétique à long terme, tout en consolidant son rôle de leader dans la décarbonation de l’Afrique.
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