Le secteur de la pêche maritime au Maroc génère une production annuelle de plus d’un million de tonnes, plaçant ainsi le Maroc au premier rang des producteurs africains, selon un Policy Brief de Policy Center For The New South (PCNS).
Signé par Pierre Jacquemot, universitaire, expert à la Fondation Jean-Jaurès, cette étude intitulée « L’Afrique face à l’épuisement de ses ressources de la pêche maritime », analyse les défis critiques liés à la surpêche, à la pêche illégale et à l’exploitation non durable des ressources halieutiques en Afrique.
« Presque partout en Afrique, la pêche artisanale reste de facto en « accès libre », ce qui a entraîné une augmentation de l’effort des pêcheries artisanales et contribue à présent au problème de la surcapacité. Au Sénégal, la pêche artisanale a connu des modifications importantes dans ses conditions d’exploitation. La flotte a augmenté de manière considérable. Le nombre de pirogues est ainsi passé en 20 ans de 3 800 à 17 400 enregistrées en 2024. Certaines disposent aujourd’hui d’outils de navigations GPS et de sondeurs, évoluant sur de longues distances, au-delà des eaux territoriales, en Mauritanie et en Guinée-Bissau, avec une grande adaptabilité, passant au gré des besoins de la ligne au filet. La mise en place d’une politique de réduction des pertes post-capture avec l’embarquement de glacières a permis à ces pêcheurs d’aller plus loin et plus longtemps », souligne le Policy Brief.
Et de poursuivre : la surpêche est en partie la résultante des aides gouvernementales mises en place : absence de taxes sur les moteurs hors-bord et les engins de pêche, subventions au carburant… « Elles ont été un facteur décisif dans la modernisation de l’équipement de la pêche artisanale, favorisant l’utilisation de moteurs plus puissants et l’ouverture de nouvelles zones d’exploitation », est-il indiqué.
« Selon les estimations du centre de données FishSpektrum, une plateforme spécialisée dans l’identification des navires, la Chine disposerait à elle seule d’une flotte de six cents bateaux disséminés le long des côtes, de Gibraltar au Cap. Ils utilisent des filets doubles dotés de lourdes « portes » qui maintiennent les filets ouverts lorsqu’ils traînent le fond marin. Cette technique a suscité des critiques, car elle détruit l’habitat, endommage les fonds marins, perturbe le cycle des nutriments et réduit la productivité, la taille et la biodiversité des espèces, surtout si elle se poursuit sur de longues périodes. Cette pratique peut en outre libérer des quantités de carbone stocké dans les sédiments des fonds marins, risquant ainsi d’accélérer le processus d’acidification de l’océan », ajoute l’analyse.
« Les accords de pêche avec l’Union européenne octroient des permis d’exploitation à 138 chalutiers européens, dont 93 espagnols, avec une obligation de débarquement des prises de poissons dans les ports marocains, destinés à l’approvisionnement de l’industrie de traitement des produits de la mer, au nombre de 305 unités », fait valoir l’étude.
Et d’ajouter : « La coopération avec l’Espagne porte sur la réalisation de projets en matière de recherche scientifique, de formation de cadres marocains, de sauvetage maritime et de pêche expérimentale en eaux profondes. ».
Pour la Norvège, des campagnes concernant les ressources halieutiques sont menées conjointement entre les instituts de recherche des deux pays pour le suivi des ressources pélagiques.
Concernant l’accord de pêche avec la Russie, et pour éviter les abus du passé, le Maroc a obtenu que soient mis en place un suivi des navires par satellite, l’embarquement d’observateurs scientifiques et la tenue d’un journal de bord, accompagnée d’une transmission des déclarations.
Pour une gestion durable des ressources maritimes, le document propose l’adoption de politiques nationales, la protection des zones de pêche artisanale, et la promotion de partenariats internationaux durables, tout en appelant à une meilleure transparence et un suivi accru des activités de pêche.
Cependant, poursuit la même source, les perspectives pour l’Afrique proposées par la FAO pour 2032 sont pessimistes : « La consommation de poisson par habitant en Afrique continuera de diminuer, car les projections de production risquent de ne pas suivre la croissance de la population ».
En effet, partout, la production halieutique traverse une phase critique, signe que les ressources de la mer ne sont pas infinies. Plusieurs raisons se juxtaposent. La surpêche, la pêche illégale, non déclarée et non réglementée, et l’exploitation mal contrôlée des stocks de poissons par des industries de farine et d’huile laissent dans leur sillage de lourdes conséquences pour les populations locales.
La pêche illégale a lieu lorsque des navires ou des pêcheurs opèrent en violation des lois d’une pêcherie. Cela peut s’appliquer aux pêcheries qui relèvent de la juridiction d’un État côtier ou aux pêcheries de haute mer réglementées par des organisations régionales de gestion des pêches.
Selon la FAO, la pêche illégale cause des pertes estimées à 23 milliards de dollars US par an.
Les causes de la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) sont similaires à celles de nombreux autres types de crimes environnementaux internationaux.
Les APPD sont reconnus comme une référence en matière de bonne gouvernance dans le domaine de la pêche. Bien que les APPD permettent aux navires de l’UE d’exploiter les stocks excédentaires dans la zone économique exclusive (ZEE) de pays hors UE, ils garantissent l’égalité des règles, la gestion scientifique et l’émancipation sociale, en mettant l’accent sur la durabilité environnementale, la croissance locale, les droits de l’homme et la responsabilité partagée.
Ces accords mettent également l’accent sur la conservation des ressources et la viabilité environnementale, en garantissant que tous les navires de l’Union sont soumis aux mêmes règles de contrôle et de transparence. Parallèlement, une clause relative au respect des droits de l’homme figure dans tous les protocoles aux accords de pêche.
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