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Carlos Tavares écarté de Stellantis

Carlos Tavares écarté de Stellantis

Des ventes en chute libre après des années de succès: il n’aura fallu que quelques mois aux actionnaires de Stellantis pour écarter l’intraitable patron du groupe automobile, Carlos Tavares dont la démission a été actée dimanche soir.

Carlos Tavares écarté de Stellantis
Le conseil d’administration avait déjà mis en sursis M. Tavares, 66 ans, en annonçant début octobre son départ à la retraite et lancé un processus de succession, mais des désaccords ont accéléré sa démission.

Le conseil d’administration, réuni dimanche, « a accepté la démission de Carlos Tavares », a indiqué la maison mère de Peugeot, Jeep et Fiat, dans un communiqué.

Les planètes n’étaient plus alignées, avec des « points de vue différents » entre le conseil d’administration et le dirigeant, a expliqué Henri de Castries, administrateur de Stellantis.

John Elkann avait notamment écarté tout rapprochement avec un autre groupe automobile, dans un entretien avec l’AFP en octobre, alors que le patron portugais laissait la porte ouverte.

Venu de Renault, Carlos Tavares s’était fait un nom en redressant le groupe PSA (Peugeot-Citroën) à partir de 2014, en coupant dans les coûts.

Il avait ensuite réussi, apparemment, le pari de la mégafusion entre PSA et FCA (Fiat-Chrysler): depuis la création de ce groupe aux quatorze marques en 2021 – de Peugeot à Fiat en passant par Chrysler et Maserati – Stellantis a enchaîné les records de bénéfices nets.

Alors que l’Etat français est actionnaire de Stellantis, une source gouvernementale française a souligné dimanche que « Carlos Tavares aura mené en 10 ans à la tête du groupe le rachat d’Opel puis la fusion de PSA et Fiat Chrysler Automobiles en 2021, après avoir géré les perturbations importantes liée à la crise du Covid ».

Le groupe s’est aussi tourné rapidement vers les voitures hybrides et électriques.

Mais Stellantis a toussé au premier semestre 2024, avec un bénéfice net divisé par deux, avant de voir ses marges s’effondrer face à des difficultés plus graves que prévu en Amérique du Nord – sa machine à cash – avec des véhicules à la qualité critiquée et des tarifs jugés trop hauts.

Carlos Tavares a dû abandonner fin septembre son objectif sacré de marge opérationnelle à « deux chiffres » pour l’année, qui le plaçait loin devant ses concurrents, et justifiait son salaire prévu à 36,5 millions d’euros pour l’année 2023.

Parallèlement, il avait bousculé l’organisation du groupe début octobre, en choisissant des profils plus commerciaux pour relancer les ventes.

L’année 2024 a également été marquée par des retards dans les lancements de plusieurs modèles, causés notamment par des problèmes électroniques.

La baisse de la production dans de nombreuses usines n’avait pas manqué d’inquiéter, comme en Italie, patrie de Fiat, où des milliers de manifestants lui avaient demandé des comptes mi-octobre.

En France, la direction du groupe avait assuré la semaine dernière qu’aucune fermeture d’usine n’était prévue à court terme malgré une baisse attendue de la production.

Mais au Royaume-Uni, le groupe a annoncé la fermeture de son usine Vauxhall à Luton (nord de Londres), employant plus de 1.100 personnes.

Selon la même source gouvernementale française, « Stellantis peut encore renforcer son empreinte industrielle française et européenne, dans un contexte de forte concurrence internationale dans l’automobile ».

M. Tavares assurait que la situation était en cours de redressement aux Etats-Unis, et qu’en Europe il n’était pas le seul groupe à rencontrer des difficultés en cette période « darwinienne ».

Mais il n’avait pas complètement convaincu, ni les marchés, ni les salariés.

« On ne s’y attendait pas du tout, étant donné que M. Tavares est venu sur le site de Rennes le 18 novembre », a réagi dimanche auprès de l’AFP, Christine Virassamy, secrétaire du CSE (CFDT) de l’usine rennaise de La Janais.

Au sujet du patron du groupe, qu’elle a côtoyé pendant « presque huit ans » en tant qu’ancienne déléguée syndicale centrale, elle a évoqué « quelqu’un d’assez controversé », qui s’était désigné lui-même comme un « psychopathe de la performance ».

Les dirigeants de Stellantis assuraient de leur côté que les ralentissements de 2024 étaient dus à la « transition » entre deux générations de véhicules.

Ils promettaient une relance vigoureuse début 2025 avec la montée en puissance de ses nouveaux modèles.

John Elkann, héritier du principal actionnaire du groupe, la famille italienne Agnelli, prend la tête d’un nouveau comité exécutif temporaire.

Le processus de nomination du nouveau directeur général du groupe est déjà « en bonne voie » et « aboutira au cours du premier semestre de 2025 », a souligné le groupe.

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