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Dites-moi les mots Madame !

Dites-moi les mots Madame !
Dites-moi les mots Madame !
Un jour, très tôt, avant que ne germe le blé, j’ai voulu me raconter des histoires pour que le soleil continue à briller. Parfois je n’en voyais plus la lumière pour que le ciel soit très bleu, parfois je ne voyais plus sa couleur pour que les oiseaux continuent à chanter, parfois je ne les entendais plus.

Dites-moi les mots Madame !

Les histoires feraient de la vie une chanson à l’air joyeux, j’ai eu besoin très tôt de raconter des histoires. J’ai rencontré, quelle chance, des êtres qui m’ont fait aimer les «hikayat» qui les racontaient aussi avec beaucoup d’amour et de simplicité. D’abord, ceux par qui passent la parole et le sens quand minuscule, je vivais à travers leur corps et leur voix. Ensuite, d’autres qui ont plongé leur regard acéré dans le mien, ont suivi mon sillage, ma sœur, mes frères. Ensuite tous ceux qui ont bien voulu partager avec moi des moments de magie, des arrêts sur le temps, des victoires sur le frêle chemin de nos vies croisées.

Dites-moi les mots Madame !

La vie peut être belle avec les autres, très belle, il suffit de peu, juste un peu de sel et du pain.
Très tôt, avant que ne germe le blé, les mots faisaient la ronde dans ma tête ; ils filaient droit en musique comme s’ils voulaient danser. Très tôt, je les alignais en cherchant un air intérieur. D’abord, je me suis cru poète à l’âge où l’on croit croire à tout, où l’on se pense éternel ; la poésie et l’éternité se rejoignent, c’était le temps du bonheur.

Dites-moi les mots Madame !

Longtemps, je n’y ai plus cru, le ciel s’est assombri, les oiseaux ont migré, le soleil ne me réchauffait plus, je me suis vu livré corps et âme dans des missions humaines ou surhumaines, avec un manque accordé, jusqu’au jour où «personne» s’est retourné sur ma poésie et m’a dit ce que j’ai toujours cru, écris, écris, je te lirai, écris, écris, je te lis déjà !
Et là, les histoires que je croyais mortes revenaient en une marche désordonnée et houleuse, j’avais de nouveau envie de les raconter, d’abord à «personne», ensuite au monde entier.

Dites-moi les maux Madame !

Je ne peux pas dire que je suis toujours heureux d’écrire car les mots font des nœuds dans le ventre et souvent ont des pointes crochues, comme un trident, qui arrachent les entrailles. Tous les inventeurs d’histoires vous le diront, mais je redeviens l’oiseau dans les airs, la fleur dans les champs, le sable caressé par la vague, l’étoile qui racole la lune et ça aussi tous les raconteurs d’histoires peuvent vous le dire, tous les inventeurs d’histoires vous le diront et moi aussi.
L’inventrice des mots, ces maux, c’est Loubaba. Telle est votre monte, votre cantique, votre poésie !
 
Ceux sont vos propres maux
 De vos mots qui me submergent.
De vos mots qui m’aspergent.
De vos propos plus vierges.
De noms invraisemblables qui jaillissent de votre voix.
Que les flammes de l’enfer me pénètrent aussi profondément que l’abîme …
Que la chaleur et le souffle me transcendent …
Que ces caresses que rien n’abîme …
Emportent mon corps en guise d’offrande !
De vers et de rimes chantés en rythme …
De mots et de pages qui chatouillent mes sens …
De toute cette littérature sublime …
Je m’offre l’ultime délivrance.
Lire le message d’un sage ou d’une Loubaba …
Partir en balade ou subir attaché à un arbre la colère d’une tornade …
 
Etre le bourreau ou l’esclave …
Vivre ou n’être que simple mirage…
De cette poésie j’en tire une satisfaction infinie…
De ces proses j’embellis mes nuits de douceur à l’eau de rose de Fès.
De ces voyages entre les lignes je m’épanouis…
Mille mercis pour ces poésies !
La littérature toute confondue, c’est une certaine ouverture d’esprit…
Le choix est bien vaste mais quand je lis, le temps s’oublie…
Peu importe la lecture choisie ici je vous l’ai dit,
L’esprit n’a pas de limite et l’humain est plutôt curieux, n’est-ce pas Bel-Ami ?
Voici le mélange d’œuvres sous une autre forme…
Quand on pense que le difforme vous a mise en forme,
Alors je dis : lisez-les Madame sans aucune pudeur.
Sans aucune honte, suivez l’odeur comme de Djalal Eddine Roumi.
Ah là ! Kalila Wa Dimna m’aurait sans doute casé dans une de vos fables.
Moi,  homme simple dans ma féminité. Oh !  Vous et votre rage de vers ! Et bien sortez donc de votre cage et voyez   de quoi moi simple «Femme» je suis  capable!
Bon et bien, c’est la fin et comme le disait «Nerval» : ma poésie perdrait de son charme à être expliquée.
Merci de découvrir mes écrits dans toute ma féminité !

Adib El Machrafi
Écrivain et journaliste.

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