Quel est l’objectif de la COP29 ?
La COP29 a pour objectif de réunir les Etats afin qu’ils acceptent, développent et partagent des plans pour lutter contre le changement climatique. Cette démarche vise à freiner l’aggravation du réchauffement climatique tout en aidant les populations les plus touchées à s’adapter ou à reconstruire leur vie face à ses conséquences.
L’Accord de Paris, conclu en 2015, impose à tous les Etats de fixer des objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre afin de limiter la hausse de la température mondiale à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. Toutefois, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a depuis alerté que seuls des efforts pour maintenir le réchauffement à 1,5°C d’ici la fin du siècle pourront éviter les pires effets du changement climatique.
Lors de la COP29, l’évaluation des progrès réalisés par les pays dans la lutte contre le réchauffement climatique se fera à la lumière de cet objectif de 1,5 °C. Cependant, même ce seuil entraînera des perturbations majeures (déplacements massifs, destruction des moyens de subsistance et pertes humaines, en touchant de manière disproportionnée les pays à faible revenu). A ce jour, le monde se dirige vers un réchauffement de 2,6 à 3,1 °C d’ici la fin du siècle.
Quel est l’ordre du jour de cette année ?
La COP29 a été surnommée «la COP des finances», car elle met l’accent sur l’augmentation du financement climatique. Ce terme désigne les fonds nécessaires pour aider les pays à faible revenu à opérer une transition vers des économies neutres en carbone et adapter les communautés vulnérables aux effets du changement climatique. Un des objectifs centraux de la COP29 est d’accroître ce financement et de définir de nouvelles cibles pour l’avenir.
Selon la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et l’Accord de Paris, ce financement doit provenir des pays à revenu élevé, qui sont historiquement les plus responsables du changement climatique. En outre, le droit international des droits humains exige que tous les Etats capables de le faire contribuent à ces efforts.
En plus de déterminer des objectifs financiers, les négociations de la COP29 devront établir des calendriers précis pour la mise à disposition des pays à faible revenu de ces fonds. Ces financements devront prendre la forme de subventions et non de prêts, afin d’éviter d’aggraver les crises de la dette existantes. Les discussions devront également fixer des objectifs clairs pour l’allocation des fonds.
A noter que l’une des avancées les plus notables de la présidence azerbaïdjanaise de la COP29 est d’avoir fait de l’adaptation, souvent reléguée au second plan, une priorité des discussions climatiques.
A quoi va servir cette COP?
Les conférences des parties (COP) ont, à plusieurs reprises, permis de réaliser des avancées significatives dans la lutte contre la crise climatique. En 1997, la COP3 au Japon a débouché sur le Protocole de Kyoto, le premier traité juridiquement contraignant. Ce protocole visait à réduire d’au moins 5% les émissions de gaz à effet de serre de 55 pays industrialisés entre 2008 et 2012, par rapport aux niveaux de 1990. Bien que les Etats-Unis n’aient jamais ratifié cet accord et que la Chine, alors classée comme pays en développement, n’ait pas été concernée, le protocole a jeté les bases des futures négociations climatiques.
La COP15, tenue à Copenhague (Danemark) en 2009, est souvent perçue comme un échec. Cependant, elle a été la première à établir un objectif crucial : limiter le réchauffement à 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels (1850-1900), marquant ainsi un seuil à ne pas dépasser.
La COP21 de 2015 à Paris a marqué un tournant décisif en aboutissant au premier accord international de réduction des émissions de gaz à effet de serre engageant l’ensemble des Etats. Cet accord vise à contenir le réchauffement climatique bien en deçà de 2°C, avec pour objectif idéal de le limiter à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Il impose également d’atteindre la neutralité carbone durant la seconde moitié du siècle.
Un défi mondial à la COP29
L’ONU commerce et développement soutient que le financement mondial de la lutte contre le changement climatique doit faire un bond en avant, tant en termes de quantité que de qualité, pour répondre aux besoins des économies en développement en vue d’une transition juste vers la durabilité et la résilience.
Le financement mondial de la lutte contre le changement climatique doit non seulement être considérablement augmenté, mais également devenir plus efficace pour répondre aux besoins des pays en développement dans leur transition vers une durabilité et une résilience accrues, nuance l’ONU commerce et développement. Et de préciser qu’il est crucial de dépasser l’actuel engagement annuel de 100 milliards de dollars et de fournir un soutien significativement renforcé. D’autant que le monde se rapproche d’un nouvel accord visant à accroître les financements climatiques à la COP29.
Ce nouvel objectif collectif quantifié (NCQG), ajoute la même source, doit aller au-delà de la simple augmentation des fonds ; il doit garantir une meilleure qualité du financement. Cela inclut une transparence accrue, une accessibilité renforcée et un respect du principe des responsabilités communes mais différenciées. Selon le rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), l’objectif du NCQG est de transformer la finance climatique en un levier de confiance, de coopération et d’action.
Les pays en développement auront besoin de financements massifs pour agir en matière de climat. D’après les projections des Nations unies, ils nécessiteront environ 1.100 milliards de dollars à partir de 2025, et jusqu’à 1.800 milliards d’ici 2030 pour couvrir les investissements dans l’atténuation, l’adaptation et la gestion des pertes. Pour atteindre cet objectif, les pays développés devraient prendre en charge la majorité des coûts, représentant 890 milliards de dollars dès 2025 et 1.460 milliards de dollars d’ici 2030, soit environ 1,4% de leur PIB.
En plus de l’augmentation des fonds, il est essentiel de garantir un financement climatique de qualité qui favorise une croissance résiliente, en accord avec l’Accord de Paris et les Objectifs de développement durable. Pour y parvenir, la CNUCED propose d’ancrer le NCQG dans une approche équitable, où les contributions des pays développés sont proportionnelles à leur PIB. Le financement doit éviter d’aggraver la dette des pays en développement, en se concentrant sur des subventions et des financements concessionnels plutôt que sur des prêts.
Si les mécanismes de financement ne sont pas améliorés, et si les pays en développement restent confrontés à des dettes croissantes ou à des obstacles administratifs, le NCQG risque de reproduire les échecs passés de l’engagement des 100 milliards de dollars. Pour maximiser l’impact des financements climatiques, il est impératif de réformer la gouvernance économique mondiale et de redéfinir l’architecture financière internationale, afin de débloquer de nouvelles ressources, d’atténuer les inégalités et d’optimiser les flux financiers futurs pour le climat.
Un réchauffement climatique inexpliqué
Les défis et mystères de 2023-2024
La planète est confrontée à une accélération fulgurante du réchauffement climatique depuis début 2023 : l’année dernière est la plus chaude depuis le commencement des relevés, avec un écart sans précédent par rapport à la moyenne. L’année 2024 continue sur la même lancée et il est désormais quasiment certain qu’elle sera l’année la plus chaude jamais enregistrée. Interrogé par une revue scientifique américaine, le directeur du Nasa Goddard Institute, Gavin Schmidt, explique que le pic de chaleur exceptionnel qui dure depuis 18 mois est en partie inexpliqué.
Le climatologue en chef de la Nasa, a admis que le réchauffement climatique extrême qui s’est accéléré depuis mars 2023 comporte une part d’inexplicable. «En tant que climatologues, 2023 a été une année qui nous a rendus plus humbles et encore plus préoccupés », confie-t-il. «Aucune autre année n’a autant défié nos prévisions climatiques. Nous avons observé un écart de 0,2°C, ce qui peut sembler minime, mais qui est en réalité considérable».
Jusqu’à présent, les causes du réchauffement intense en 2023 et 2024 semblaient être clairement identifiées : les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines, l’impact réchauffant du phénomène El Niño (juin 2023 – mai 2024), des modifications des règles sur la pollution maritime qui ont dégagé le ciel et amplifié le réchauffement océanique, l’injection de vapeur d’eau due à l’éruption du volcan Hunga Tonga, et une phase du cycle solaire peu favorable. Cependant, si le rôle majeur des émissions de gaz à effet de serre humaines demeure incontesté, Gavin Schmidt précise, dans une interview accordée à Yale Environment 360, que la réduction de la pollution des navires n’explique qu’une augmentation limitée de 0,05 à 0,08 °C, bien en deçà du pic observé.
Par ailleurs, les dernières études montrent que l’effet refroidissant du volcan Tonga aurait surpassé son pouvoir réchauffant. Quant au cycle solaire, bien que la Terre ait reçu davantage de rayonnement solaire ces dix dernières années, ses impacts demeurent limités selon les experts. Ces éléments, bien que significatifs, ne parviennent pas à expliquer l’accélération notable du réchauffement depuis le début de 2023.
Pour Gavin Schmidt, deux hypothèses se dessinent : « Soit un facteur inconnu amplifie les effets des émissions de gaz à effet de serre, soit la rapidité du réchauffement a été sous-estimée». Cela soulève des questions sur l’éventualité d’un phénomène climatique méconnu ou d’un impact plus puissant que prévu de l’actuel El Niño. « Nos systèmes de prévision sont dépassés par l’évolution climatique actuelle », déplore-t-il.
L’honnêteté de ce constat est marquante : « Les variations climatiques sont plus erratiques que nous l’imaginions, ce qui pourrait compromettre nos futures prévisions». Une étude récente, publiée dans la revue Science, suggère que le dernier El Niño a eu un effet de réchauffement bien supérieur à ce que les scientifiques anticipaient. Un précédent bond des températures, bien que moins marqué, avait déjà été observé en 1977 dans des circonstances similaires : après plusieurs années de La Niña (effet refroidissant), un El Niño fort avait déclenché une hausse marquée du réchauffement global.
Comprendre les enjeux et le vocabulaire clé
La COP29, qui a débuté lundi 11 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, mettra l’accent sur les questions financières. Les discussions utiliseront un vocabulaire spécifique et technique. Voici quelques termes clés pour mieux saisir l’importance de ces négociations cruciales pour l’avenir de la planète.
COP : Conférence des parties
Pour commencer, expliquons l’acronyme « COP », qui signifie en anglais *Conference of the parties*, soit « Conférence des parties ». Ces conférences sont les rassemblements annuels des pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), adoptée à Rio en 1992. Chaque année, elles réunissent chefs d’Etat, représentants gouvernementaux, associations et divers groupes d’influence, y compris ceux du secteur des énergies fossiles. Au total, 198 pays participent à ces rencontres, représentant ainsi la quasi-totalité du monde. Ces conférences comprennent également les 195 Etats et parties ayant ratifié l’Accord de Paris sur le climat, signé en 2015.
NCQG : Nouvel objectif collectif quantifié
Au cœur des discussions de la COP29 se trouve le NCQG, ou *New Collective Quantified Goal* (Nouvel objectif collectif quantifié). En 2009, lors de la COP15 à Copenhague, les participants ont convenu d’un engagement de 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter aux impacts du changement climatique. Cet objectif a finalement été atteint en 2022, mais il doit être réévalué avant 2025 conformément aux engagements pris dans l’Accord de Paris. Ce chiffre inclut les financements publics bilatéraux et multilatéraux, les crédits à l’exportation et les investissements privés.
La métaphore de l’oignon
Parmi les négociateurs de la COP, particulièrement ceux des pays développés, la métaphore de l’oignon est souvent utilisée pour illustrer le NCQG. L’idée est que le financement climatique est constitué de plusieurs couches : au centre, des financements publics et des contributions privées directes, tandis que les couches externes incluent d’autres formes de financements privés et des apports volontaires. Toutefois, pour les pays en attente de ces aides, cette métaphore entretient l’ambiguïté. Ils redoutent que les nations riches l’utilisent comme prétexte pour esquiver leurs engagements. Simon Stiell, responsable du climat à l’ONU, a insisté sur le fait que le nouveau plan financier devra comporter un socle solide de financements publics, avec une part significative de dons ou de prêts à taux préférentiels.
Quantum : le montant attendu
Le « quantum » désigne le montant final qui sera alloué au financement climatique à l’issue de la COP29, si un accord est trouvé, pour remplacer le seuil actuel de 100 milliards de dollars. Les projections varient entre 500 milliards et plus de 1.000 milliards de dollars par an. Si la métaphore de l’oignon est retenue, il est possible que plusieurs chiffres marquent la fin des négociations à Bakou, afin de parvenir à un compromis et d’éviter de repartir sans accord concret.
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