J’ai toujours eu cette drôle d’impression que quand on me demandait des autographes, je n’étais pas légitime (…) Mais j’ai changé cet état d’esprit. Désormais, je me respecte plus parce que je travaille très dur
« N.1… voyons combien de temps ça durera cette fois », écrivait sur X la native de Minsk le 21 octobre, jour de son retour au sommet de la hiérarchie mondiale après un premier règne express (un mois et demi) à l’automne 2023.
La phrase résume tout le talent et le doute qui caractérisent la reine du tennis mondial, surnommée « Le Tigre » en référence à un tatouage sur son bras gauche.
Talent bien sûr, puisque Sabalenka sort de la saison la plus aboutie de sa carrière avec deux victoires en Grand Chelem (Open d’Australie et US Open) et la place tant convoitée de première mondiale.
Ou comme l’a formulé l’Américaine Coco Gauff, qui l’a battue vendredi à Ryad: « Elle n’est pas numéro 1 pour rien… »
Je ne veux pas que le sport soit mêlé à la politique. Je veux juste être une joueuse de tennis
Mais doute aussi, tant la puissante droitière de 26 ans, arrivée sur le circuit WTA en 2016, a mis du temps à se rendre compte de son potentiel.
« J’ai toujours eu cette drôle d’impression que quand on me demandait des autographes, je n’étais pas légitime », racontait Sabalenka après sa première victoire en Grand Chelem, à l’Open d’Australie 2023.
Mais « j’ai changé cet état d’esprit. Désormais, je me respecte plus. Je commence à comprendre que si je suis là, c’est parce que je travaille très dur et que je suis vraiment une bonne joueuse », poursuivait cette redoutable serveuse.
Pour son entraîneur Anton Dubrov, interrogé par L’Equipe à l’aube de sa finale victorieuse à l’US Open 2024, « il fallait qu’elle réalise à quel point elle était douée ».
Fille d’un joueur de hockey sur glace, qui décide de lui faire essayer le tennis en passant en voiture devant des courts alors qu’elle a six ans, Sabalenka affirme après sa victoire à New York que depuis la mort de son père en 2019, son objectif « a toujours été de faire rentrer notre nom de famille dans l’histoire du tennis ».
Mais plus que son patronyme, c’est la nationalité de la triple lauréate en Grand Chelem que les suiveurs de Roland-Garros ont retenue en 2023.
Pressée de questions sur ses liens avec l’autoritaire président bélarusse Alexandre Loukachenko, allié de la Russie de Vladimir Poutine, et sa position sur la guerre russo-ukrainienne, Sabalenka sèche deux conférences de presse en principe obligatoires à Paris, affirmant ne pas se sentir en « sécurité ».
Elle revient finalement devant les journalistes après sa victoire en quart de finale contre l’Ukrainienne Elina Svitolina, pour dire qu’elle ne soutient ni « la guerre », ni « Loukachenko en ce moment ».
« Je ne veux pas que le sport soit mêlé à la politique. Je veux juste être une joueuse de tennis », martèle-t-elle.
Compagne de l’entrepreneur Georgios Frangulis, Sabalenka a vécu un drame en mars, quand son ex-compagnon Konstantin Koltsov est brutalement décédé à 42 ans, « vraisemblablement par suicide » selon la police américaine, à quelques jours de son entrée en lice au tournoi de Miami.
Le coeur « brisé », la Bélarusse parvient malgré tout à passer un tour en éliminant son amie Paula Badosa.
« C’est une personnalité très forte. Je la connais hors des terrains et ça ne me surprend pas », la complimente alors l’Espagnole.
Le constat vaut également sur les courts, où Sabalenka est aussi expressive que sa rivale polonaise Iga Swiatek (2e au classement WTA) est réputée discrète.
Jamais avare d’une grimace pour les caméras ou les photographes, ni d’une photo de vacances sur les réseaux sociaux, la Bélarusse sait aussi afficher une certaine légèreté.
En témoigne l’atypique menu de fête qu’elle a livré aux journalistes pour célébrer son premier titre en Grand Chelem: « Une bonne pizza et plein de bonbons! »
LibérationRead More