Tout au long de sa campagne électorale, Donald Trump n’a pas cessé de marteler sa rhétorique violente envers les migrants qui « empoisonnent le sang » américain, ainsi que son projet de déportations massives. Même si la promesse est difficile à mettre en œuvre, elle n’en suscite pas moins une grande frayeur auprès des sans-papiers.
« J’étais terrifié », en apprenant la nouvelle, confie cet étudiant en ingénierie biomédicale, fraîchement diplômé.
« J’ai peur d’être expulsé, de perdre tout ce pour quoi j’ai travaillé si dur et, surtout, d’être séparé de ma famille », ajoute-t-il.
Ce jeune Mexicain vit aux Etats-Unis depuis qu’il a quatre ans. Il fait partie des fameux « Dreamers », ces migrants arrivés enfants qui ont été tolérés, sans jamais obtenir la nationalité américaine.
Pendant toute la campagne, il a entendu le milliardaire républicain marteler sa rhétorique violente envers les migrants qui « empoisonnent le sang » américain, tout comme son projet de déportations massives.
Une promesse que beaucoup d’experts estiment extrêmement compliquée à mettre en œuvre, coûteuse et même capable de provoquer une vaste récession économique.
Donald Trump n’a jamais détaillé comment il compte s’y prendre. Alors, Angel Palazuelos angoisse.
Le jeune homme est d’autant plus stressé que l’Arizona vient d’approuver par référendum une loi qui permet à la police de l’Etat d’arrêter les migrants clandestins, une compétence normalement réservée à la police aux frontières, gérée par le gouvernement fédéral.
Si le texte est jugé constitutionnel, Angel Palazuelos redoute une généralisation des contrôles au faciès.
« Qu’est-ce qui fait que quelqu’un est suspecté d’être ici illégalement? Sa capacité à parler l’anglais? », grogne-t-il. « Ma grand-mère est citoyenne américaine, mais elle ne parle pas très bien l’anglais. Moi, je parle anglais, mais est-ce que c’est à cause de la couleur de ma peau que je serais soupçonné? »
A 35 ans, José Patiño ressent lui de « l’effroi » et de la « tristesse ». Car il sait que sa situation est plus que jamais fragile.
Ce Mexicain, employé de l’association d’aide aux sans-papiers Aliento, vit aux Etats-Unis depuis qu’il a six ans. Grâce au programme DACA, créé sous Barack Obama, il a bénéficié de protections et a réussi à obtenir un permis de travail.
Mais cette autorisation expire en 2025, et Donald Trump souhaite mettre un terme au programme DACA. Lors de son dernier mandat, il avait d’ailleurs déjà signé un décret pour s’en débarrasser, avant que la Cour Suprême n’annule cette décision à cause d’un vice de forme.
Plongé dans l’incertitude, José Patiño envisage de déménager dans un Etat qui refuserait de le dénoncer aux autorités, comme la Californie ou le Colorado.
« Je ne veux pas retourner à ce genre de vie », soupire-t-il, les yeux embués.
Pour lui, l’élection de Donald Trump n’est pas seulement effrayante, c’est un affront.
« Nous contribuons à ce pays », rappelle-t-il. « C’est ça qui est difficile, c’est que le fait de suivre les règles, de travailler, de payer mes impôts, d’aider ce pays à se développer, ce n’est pas suffisant. (…) C’est frustrant et blessant ».
Ce grand brun comprend pourquoi de nombreux Latino-Américains, souvent en difficulté économique, ont été tentés par le milliardaire républicain, l’une des clés de son retour à la Maison Blanche.
Ceux qui sont en situation régulière préfèrent ignorer les violentes saillies du tribun, car ils « pensent qu’ils ne seront pas pris pour cible », résume-t-il. « Beaucoup de Latinos associent la richesse et le succès à la blancheur, et ils veulent faire partie de ce groupe et être inclus, plutôt que d’être marginalisés ».
Mais il est particulièrement en colère contre certains de ses oncles et cousins, qui ont voté Donald Trump, après avoir été eux-mêmes sans-papiers.
« Nous ne pouvons pas avoir une conversation ensemble, parce que cela va dégénérer en dispute et probablement en bagarre », lâche-t-il.
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