Dans une soirée d’automne bigarrée et chamarrée, Halloween a pu transcender ses origines celtes, pour égayer nos foyers marocains et éduquer nos enfants à la diversité culturelle.
Dans la douceur d’une soirée d’automne marocain, entre Casablanca l’effervescente et Rabat la sereine, Halloween a tissé sa toile multicolore. Une célébration qui, loin de ses origines celtes, s’est fondue dans le kaléidoscope culturel du Royaume, témoignant de cette capacité unique du Maroc à embrasser la diversité tout en restant fidèle à son identité.
« C’est une fête qui apporte de la joie, tout simplement », sourit Nabila, mère de deux enfants, attablée dans un café branché de Casablanca. Ses yeux pétillent quand elle évoque les préparatifs à l’école de ses petits. « Mes enfants apprennent que le monde est vaste, que les traditions sont multiples. Ils découvrent qu’on peut s’amuser avec les différences plutôt que les craindre. »
Le long des artères huppées de la Cité blanche, les vitrines se parent d’orange et de noir. Les citrouilles grimaçantes côtoient les lanternes traditionnelles, créant un métissage visuel surprenant mais harmonieux. Les grands magasins l’ont bien compris : l’ouverture culturelle n’est pas qu’une posture, c’est aussi un pont vers l’autre, un dialogue commercial qui enrichit tous les acteurs et qui fait bouger le schmilblick.
À Rabat, Abdelmajid incarne cette nouvelle génération de parents qui voient dans ces célébrations importées une opportunité éducative. « Ma fille adolescente participe à Halloween avec ses amies, et j’en suis ravi », confie ce cadre quinquagénaire. « Je lui ai toujours enseigné que notre force, en tant que Marocains, réside dans notre capacité à nous enrichir des traditions des autres tout en chérissant les nôtres. C’est ça, le véritable esprit marocain. »
Halloween, aubaine ou obole ?
Les enseignes de renom l’ont bien saisi, transformant cette période en moment de partage commercial mais aussi culturel. Dans les rayons des grands magasins de Casablanca et Rabat, les déguisements et accessoires d’Halloween côtoient désormais les produits traditionnels, témoignant d’une société qui avance sans complexe vers la modernité.
« Ce n’est pas tant la fête en elle-même qui compte », poursuit Nabila, « mais ce qu’elle représente : notre capacité à nous réinventer, à nous ouvrir sans nous perdre. » Elle marque une pause, observant par la fenêtre du café les premiers enfants déguisés qui commencent à défiler. « Voyez-vous, certains critiquent cette ‘occidentalisation’, mais ils oublient que notre culture a toujours été un creuset, un point de rencontre entre l’Orient et l’Occident. »
Le soir du 31 octobre, l’axe Casablanca-Rabat s’es, donc, animé d’une effervescence particulière. Les enfants ont ri et les bonbons, circulé. Dans certains quartiers, les « trick or treat » s’est mêlé aux expressions traditionnelles de bienvenue, créant une symphonie linguistique unique.
Cette soirée d’Halloween à la marocaine illustre parfaitement ce que la sociologue Fattouma Benabdenbi appelle « l’exceptionnelle plasticité culturelle du Maroc ». Une société qui sait intégrer les influences extérieures sans perdre son âme, qui transforme les occasions festives en moments d’apprentissage et de partage.
À la tombée de la nuit sur les deux villes, les derniers groupes d’enfants déguisés sont rentrés chez eux, en comprenant parfaitement que Halloween au Maroc est devenu plus qu’une simple fête importée. C’est devenu un symbole de cette capacité unique du pays à faire du métissage culturel une force, de la diversité une richesse, et de l’ouverture d’esprit une tradition.
L’Opinion Maroc – Actualité et Infos au Maroc et dans le monde.Read More