Grâce à un « instinct » toujours mis en avant, le tempétueux septuagénaire, dont la chute a été mille fois annoncée, a su tirer profit de chacun de ces écueils
Une condamnation au pénal, quatre inculpations et deux tentatives d’assassinat le visant. Durant sa troisième campagne présidentielle, le candidat républicain aura survécu à tout.
Grâce à un « instinct » toujours mis en avant, le tempétueux septuagénaire, dont la chute a été mille fois annoncée, a su tirer profit de chacun de ces écueils.
Lâché par son camp après l’assaut mené par ses partisans contre le Capitole, le candidat de 78 ans a regagné en quatre ans une emprise totale sur son parti.
Lors de la convention des républicains mi-juillet, le milliardaire au teint orangé a assisté avec un malin plaisir au défilé de ses anciens rivaux, tous venus chanter ses louanges sur scène.
Puis au spectacle de militants arborant un pansement blanc, en clin d’œil à celui apposé sur son oreille droite juste après les tirs qui l’ont visé en Pennsylvanie.
L’image de ce Donald Trump, se relevant, le visage ensanglanté et le poing levé, restera indiscutablement la plus marquante de la campagne.
Son « Fight!, Fight!, Fight! » (« Battez-vous! ») lancé à la foule tandis que des agents du Secret Service l’évacuent est devenu un cri de ralliement pour ses partisans, qu’ils scandent à chacun de ses meetings de campagne.
Une marée d’Américains à casquettes rouges – majoritairement blancs et plutôt âgés – affluent toujours à ces rassemblements, foncièrement convaincus que le New-Yorkais, qui a fait fortune dans l’immobilier, comprend leurs difficultés du quotidien mieux que personne.
Lors de ces événements, organisés dans les Etats les plus cruciaux de son duel avec Kamala Harris, le candidat dresse un tableau apocalyptique de l’Amérique, ravagée selon lui par une inflation galopante, des migrants qui « empoisonnent le sang du pays » et des démocrates « de m… ».
Donald Trump, qui sera le plus vieux président américain à prêter serment s’il est élu, mise aussi beaucoup sur la mobilisation des jeunes hommes, dont il cultive le soutien à travers des courtes vidéos avec des champions de MMA sur TikTok, ou des déclarations provocatrices sur des podcasts.
Dès ses premiers pas en politique, l’ancienne star de la téléréalité a joué la carte d’un candidat antisystème, volontiers outrancier, sans que cela ne lui nuise.
Comme quand, un mois avant la présidentielle de 2016, ressort une vieille vidéo où l’on entend ce père de cinq enfants, nés de trois femmes différentes, se vanter d’utiliser sa célébrité pour s’en prendre aux femmes.
On lui prédit alors de perdre le vote des femmes. Cela ne se produit pas. Donald Trump se hisse à la tête des Etats-Unis dans un fracas inimaginable.
Depuis la Maison Blanche, l’homme au physique imposant livre durant quatre ans le spectacle d’un président s’acquittant de toutes les conventions face à des Américains enthousiastes, médusés ou effrayés.
Au nom de l' »Amérique d’abord », il rudoie les alliés des Etats-Unis, engage une escalade imprévisible avec l’Iran sur le nucléaire, fait preuve d’une fascination troublante pour les dirigeants autoritaires, de Vladimir Poutine à Kim Jong Un.
Le républicain remanie la Cour suprême à sa guise, offrant une victoire retentissante aux conservateurs sur l’avortement. Il balaie d’un revers de main un mouvement contre les violences policières et échappe, par deux fois, à l’infamie d’une destitution.
Les quatre années de Donald Trump au pouvoir restent toutefois ternies par son incapacité à se faire réélire en 2020: une défaite face à Joe Biden qu’il n’a jamais explicitement reconnue.
Pas non plus de « vague géante » républicaine promise par l’ex-président aux élections législatives de 2022. Son parti a même enchaîné les revers lors de référendums sur l’avortement, y compris dans des Etats très conservateurs.
L’élection du 5 novembre sera-t-elle synonyme d’un nouvel échec et d’un retour aux tourments judiciaires, ou celle d’un incroyable come-back?
Quel que soit le résultat, les Américains écriront une nouvelle page de l’histoire, en tout point unique, de Donald Trump.
LibérationRead More