Elle expose jusqu’au 23 novembre à la galerie Shart de Casablanca. Architecte de formation, l’artiste s’entiche de l’art pictural et photographique et y plonge depuis 2010. Avec « Analogies », elle explore le végétal, le sombre et la lumière. Avec classe et abnégation. Lecture.
Apparemment, elle y tient coeur et âme. Que ce « Analogies » l’assiste pour la suite de ses beaux égarements. Et si elle ne se trompe pas, Fatime Zahra Morjani se trempe dans un univers bouillonnant de non-dits mais elle saura continuellement en relever la tête. On y croit. Dans le texte du catalogue, teint de proximité avec l’artiste, l’architecte et enseignante Salima S. El Mandjra raconte en expliquant : « Depuis quelques années, elle utilise le cyanotype comme procédé photographique. Pour le réaliser, elle allie fragment de plante, émulsion chimique et temps de pause au rayonnement solaire, en se fiant à leurs intelligences respectives. Le geste des ‘’Rituels’’, un des ferments de son inspiration et objet en 2020 d’une exposition, apparait en filigrane. Chaque empreinte progressivement révélée malgré les 150 millions de kms qui séparent le végétal de l’onde immémoriale, retrace cette imperceptible application. Ce contact peau à peau ravive le souvenir de ces ‘’Taxidermies du paysage’’ présentées en 2018. La cristallisation de cette silencieuse pulsation du présent, allégorie de la nécessaire photosynthèse opérée par l’énergie solaire pour féconder la vie sur terre, ressuscite et restitue la fugacité d’une métamorphose et l’échappée du temps. Cet instantané atteste de ce qui fut et n’est plus, aussi bien dans le choix du média que dans l’objet de l’oeuvre produite. » Ce fragment du texte du catalogue intitulé « Miroitements » laisse sans voie, tellement ses ruelles s’entrechoquent.
Par ce détachement, l’artiste en dévoile une nature additionnelle qui en déploie le discernement. Ce jumelage, cette représentation d’une représentation, souligne combien chacune, aussi proche soit-elle de la réalité, restitue l’effigie d’une perception singulière sans pour autant en transmettre l’entière teneur. Prélèvement incomplet, chaque image refléterait ainsi de façon altérée une situation pourtant capturée. » Grandiose et édifiant ! Et cela n’est pas « au creux du silence ». En somme, entre feuilles et effeuillage, toute une forêt de création se dresse devant Fatime Zahra Morjani. Sans conformité aucune. De ce que lui suggèrent ses expériences cultivées entre le Maroc, la Pologne et l’Ethiopie, la palette ne risque pas de sécher. Et que pleuvent les idées… L’inondation artistique est toujours la bienvenue.
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